Verset à verset Double colonne
Ce cantique est une hymne d’actions de grâces composée par David à une époque marquante de sa vie. De ce point élevé, il regarde en arrière aux grandes délivrances dont il a été l’objet et en avant aux bénédictions nouvelles dont lui et sa maison sont assurés à jamais. Le moment où il composa ce cantique est indiqué d’une manière générale dans la suscription, verset 1. Il nous paraît probable qu’il faut entendre plus précisément par là l’époque où David, délivré de la persécution de Saül, victorieux de plusieurs peuples d’alentour et, maître de Jérusalem, se vit roi incontesté du peuple de Dieu et souverain respecté par les peuples voisins, ses tributaires. C’est la situation décrite au chapitre 8 de notre livre. Il serait difficile d’assigner à cette composition une date antérieure, puisque ce fut alors seulement que la position de David répondit à la description qui en est faite dans ce psaume et d’autre part on ne comprendrait pas facilement comment, après les grandes fautes qui suivirent, David aurait pu parler de lui-même comme il le fait dans les versets 21 et suivants. Quelques critiques ont contesté la composition de ce psaume par David ; mais les raisons alléguées sont très faibles. D’après le psaume lui-même, l’auteur est un roi d’Israël (versets 41 et 51), l’objet des plus magnifiques délivrances de la part de l’Éternel ; il a remporté de grandes victoires et rendu plusieurs peuples d’alentour ses tributaires ; ce dernier trait apparaît comme un fait nouveau dans l’histoire du peuple. Tous ces caractères ne s’appliquent à aucun autre souverain d’Israël qu’à David. L’ardente piété, l’amour et la reconnaissance pour Jéhova, la confiance en lui qui respirent dans ce cantique, confirment cette conclusion.
L’auteur de notre livre, arrivant à la fin du règne de David, a tenu à conserver cette hymne qui caractérise si vivement les sentiments de ce roi parvenu au faite de sa carrière, tout en joignant à ce cantique la dernière poésie du grand chantre d’Israël. Nous le retrouvons dans le recueil des Psaumes (18). Il se présente là avec bien des différences de détail qui peuvent être dues en partie à des fautes de copiste, mais dont la plupart proviennent certainement de changements destinés à l’approprier à l’usage du culte. Nous pensons dès lors que la forme du livre de Samuel est celle sous laquelle ce poème est sorti des mains de David.
Si l’on sépare d’un côté le préambule (versets 2 à 4), de l’autre la conclusion (versets 47 à 51), ce cantique se divise en trois parties :
De la main de tous ses ennemis et de la main de Saül. Dans la première partie de sa carrière, David fut entouré d’ennemis au dedans et au dehors ; mais le plus dangereux de tous fut Saül. Dans la forme de ce titre on reconnaît le souvenir encore récent de la délivrance que Dieu lui avait accordée à l’égard de cet ennemi auquel il fait plusieurs fois allusion dans ce cantique.
Ces deux versets sont un cri de reconnaissance pour tout ce que Dieu a été et sera encore pour lui.
Mon rocher… le roc où je me retire… Toutes ces expressions rappellent ces cavernes profondes, ces cimes ardues qui avaient plus d’une fois servi de retraite à David poursuivi par Saül. Le terme de roc caractérise l’immuable fidélité de Dieu.
Après le bouclier, la corne ; l’arme si redoutable du taureau ajoute à l’idée de force défensive celle d’arme agressive.
Ce verset résume l’expérience d’où est procédé le psaume tout entier.
David réunit toutes les délivrances dont il a été l’objet jusqu’ici, en un seul tableau. Et d’abord le péril : versets 5 à 7.
Les vagues de la mort… La mort, le sépulcre et la méchanceté des hommes apparaissent comme des ennemis coalisés contre lui.
De son palais : du ciel (Psaumes 29.9).
La délivrance est décrite sous l’image d’un orage dans lequel l’Éternel vient exaucer lui-même la prière de son serviteur.
La majesté effrayante de l’orage est le symbole le plus frappant que présente la nature de la colère divine éclatant sur les ennemis de Dieu et des siens.
L’ouragan qui précède l’orage.
Les nuées et les éclairs lointains qui s’avancent.
Il abaissa les cieux : les nuages épais semblent toucher le sol.
L’approche de l’Éternel, monté sur le chérubin, littéralement : monté sur chérubin. Ce terme peut donc être pris ici dans un sens collectif. Les chérubins, comme nous l’avons vu au chapitre 1 d’Ézéchiel, sont le symbole des forces de la nature qui obéissent à Dieu et dont il se sert pour accomplir les œuvres de sa puissance. Tandis que dans les religions idolâtres ces forces sont elles-mêmes divinisées, elles apparaissent dans la religion israélite comme portant le trône divin.
Les nuées épaisses qui envahissent tout le ciel et les torrents de pluie qui se déversent.
Les éclairs jaillissant du feu caché dans les nuées.
Sa voix : le roulement du tonnerre (Psaume 29).
Des flèches : les éclairs qui frappent de toutes parts.
Un tremblement de terre accompagne l’orage et met pour un moment à découvert le lit des fleuves et le fond des mers.
Les ennemis acharnés de David, surpris par cette catastrophe, lâchent leur proie ; l’Éternel recueille son serviteur auprès de lui en sûreté.
La raison pour laquelle Dieu est ainsi intervenu en sa faveur et l’a arraché à ses ennemis.
Le témoignage que David se rend ici porte sur la pureté générale de ses intentions, dont l’Éternel est le témoin. Contrairement aux accusations de ses ennemis, il s’est efforcé (on l’a vu surtout dans sa conduite avec Saül) de marcher conformément à la volonté de Dieu. David ne songe point à s’attribuer ici une justice irréprochable devant Dieu ; il se justifie seulement des crimes que les hommes lui attribuaient. Saint Paul, qui connaissait si bien le néant de sa propre justice, affirme aussi de lui-même quelque chose de semblable (Actes 23.1 ; Actes 24.16). Il est difficile de croire que David eût pu écrire de pareilles paroles à la suite des crimes qui motivèrent les confessions du Psaume 51.
La manière dont Dieu a agi envers David est conforme au principe général de sa conduite envers les hommes. Dieu traite l’homme conformément à la manière dont l’homme agit envers lui.
Avec celui qui est bon… Sans doute Dieu offre aussi sa grâce à l’homme plongé dans le péché ; mais pour que cette grâce se réalise, il faut que l’homme la reçoive avec repentance et droiture.
Dieu ne trompe pas l’espérance de celui qui agit sincèrement sous son regard ; mais le pervers se trouve avoir affaire à quelqu’un qui est plus fin que lui (tu agis perfidement) et qui se sert de sa perversité même pour le perdre (1 Corinthiens 3.19 ; Job 5.13). Le mode des verbes choisi par le psalmiste dans les quatre propositions des versets 26 et 27 (l’hithpaël) sert à peindre la satisfaction et la plénitude de la revanche.
De ce que Dieu a été pour lui, David conclut à ce qu’il est et sera toujours pour lui et pour tous les fidèles : verset 29, une lumière qui indique le chemin à suivre.
Une force qui aide à surmonter les plus grands obstacles.
Un bouclier qui protège ceux qui suivent ses voies et prennent pour guide sa parole parfaitement pure de tout alliage de péché et de mensonge.
Caractère unique du Dieu qui opère de si grandes délivrances.
Sur sa voie : soit celle que le juste choisit comme la meilleure, soit plutôt celle que Dieu a d’avance tracée pour lui.
Semblables à ceux des biches : lorsqu’il s’agit d’escalader les hauteurs ennemies.
Sur mes hauteurs : lorsqu’il s’agit de défendre mes propres positions.
Après l’agilité, l’habileté à se servir des armes et la force capable de tendre l’arc le plus dur ; ce sont là aussi des dons de l’Éternel.
Ta condescendance, proprement : ton humilité, ton abaissement. C’est en se baissant vers l’homme et en lui tendant la main, que Dieu l’élève.
Relevé par la bonté divine. David a pu marcher librement et sans chanceler.
Allusion aux rivalités en face desquelles David s’était trouvé au soin même de son peuple.
Chef des nations : extension de sa souveraineté sur plusieurs peuples d’alentour.
Me flattent, littéralement : me mentent ; ils viennent me faire leur cour, me présenter des hommages dictés par la crainte.
Ils se ceignent, non comme d’ordinaire pour défendre leurs remparts, mais pour les abandonner et se hâter de fuir.
Récapitulation des bienfaits de Dieu célébrés dans le psaume et particulièrement louange du Dieu qui a élevé David et sa maison à toujours. C’est l’élément messianique de ce chant : nous avons ici comme l’écho de la promesse 2 Samuel 7.16.
Qui m’arrache rappelle les versets 5 à 20 ; qui m’élève rappelle les versets 24 à 46.
Parmi les nations. Ce verset est au nombre de ceux que saint Paul cite pour prouver que l’Évangile doit être prêché aux non-israélites (Romains 15.9). On rencontre ici pour la première fois depuis les promesses faites à Abraham (Genèse 12.3 ; Genèse 22.18) l’espoir que les païens apprendront à servir l’Éternel.