Verset à verset Double colonne
1 Dans la vingt-troisième année de Joas, fils d’Achazia, roi de Juda, Joachaz, fils de Jéhu, devint roi sur Israël à Samarie, [et régna] dix-sept ans ;Dans la vingt-troisième année. Au lieu de vingt-troisième, le verset 10 prouve qu’il faut lire vingt-deuxième ou même vingt-et-unième année.
Et la colère de l’Etemel s’enflamma. Nous avons vu 2 Rois 10.32 que l’Éternel punit Jéhu pour avoir persévéré dans la voie de Jéroboam, en mutilant Israël par la perte de tout le pays au-delà du Jourdain. Comme Joachaz persévère dans le péché de son père, la colère de Dieu s’enflamme toujours plus et les victoires des Syriens réduisent sa puissance à peu près à rien (verset 7).
Pendant tout ce temps : pendant le règne de Joachaz en Israël, celui d’Hazaël et le commencement de Ben-Hadad en Syrie.
Ben-Hadad : peut-être encore en tant que général, sous le règne de son père (voir versets 24 et 25).
Apaisa, littéralement : apaisa la face (1 Rois 13.6). Cette repentance était bien incomplète et ne fut point partagée par la majorité du peuple (verset 6) ; cependant Dieu en tint compte. Israël recouvra son indépendance et quelque sécurité. C’eût été le moment de se convertir tout à fait, mais il n’en fut rien, d’après le verset 6.
Et l’Éternel donna à Israël un libérateur : non pas immédiatement ; ces mots se rapportent jusqu’à un certain point à Joas, mais surtout à Jéroboam II, qui rétablit complètement la puissance du royaume d’Israël.
Habitèrent dans leurs tentes. Les Israélites qui, pendant l’oppression syrienne, s’étaient réfugiés dans les villes fortes, purent rentrer dans leurs demeures, et cela, dans tout le pays.
Ce verset est une parenthèse destinée à faire comprendre que même cette espèce de restauration n’amena point la conversion et le salut du peuple.
Et même l’Astarté. L’existence de cette idole, après l’extermination par Jéhu de tout ce qui tenait au culte de Baal, se comprend difficilement ; elle ne s’explique que par un acte de faiblesse ou de laisser-aller de la part du roi et du peuple.
Ce verset se rattache au verset 5. Dieu eut pitié parce que le malheur était arrivé à un point tel qu’il semblait que ce dût être la fin. Après ce coup d’œil sur l’avenir, le récit reprend où l’avait laissé le verset 4. Notre verset suppose une bataille où l’armée d’Israël avait été exterminée. Peut-être Amos 4.10 fait-il allusion à ce fait.
Si l’on voulait maintenir le chiffre 23 au verset 1, la chronologie forcerait de lire ici 38 ou 39 au lieu de 37. Mais dans ce cas toutes les autres dates devraient être aussi corrigées.
Fut en guerre. Voir 2 Rois 14.8 et suivants.
Le trait suivant est emprunté à un autre document dont le sujet était plus spécialement la vie d’Élisée. Si le règne de Joas a été raconté d’une manière aussi sommaire (versets 10 à 13), c’est que les faits essentiels de ce règne étaient renfermés dans le récit suivant, qui nous montre le commencement de l’exaucement de la prière de Joachaz, verset 4.
Dont il mourut. La fin d’Élisée n’a pas ressemblé à celle d’Élie, mais elle a reçu aussi le sceau de la bénédiction divine (versets 20 et 21).
Joas descendit : de son palais à la maison d’Élisée. Joachaz, malgré sa prière, n’avait pas fait auprès du prophète une pareille démarche.
Mon père, mon père… ! Il sent qu’Élisée, qui a tant de fois délivré Israël, est le seul appui qui reste en ce moment au peuple. La crainte de la mort du prophète rendait cette démarche plus pressante. Sa parole est la même que celle d’Élisée lui-même à Élie montant au ciel (2 Rois 2.12). La promesse par laquelle Élisée répond à ce cri du roi, lui est donnée sous la forme d’un acte symbolique dans lequel le roi doit lui-même jouer un rôle actif, afin de lui faire sentir l’énergie et le zèle qu’il devra déployer pour que la délivrance promise se réalise.
Prends un arc : Prépare-toi à la lutte !
Posa ses mains sur… Cet acte est le symbole de la communication d’une force divine au roi Joas par l’intermédiaire du serviteur de Dieu. C’est cette force qu’il devra lui-même mettre en œuvre.
Du côté de l’orient : vers la partie du domaine israélite dont les Syriens s’étaient emparés et d’où ils faisaient de constantes invasions de l’autre côté du Jourdain. Un grand nombre d’exemples, tirés des écrits des anciens, prouvent que l’acte de jeter une flèche dans un pays ennemi équivalait à une déclaration de guerre ou même à une prise de possession. Ainsi quand Alexandre-le-Grand fut sur le point d’envahir la Perse, l’historien Justin dit qu’il jeta un javelot sur le territoire ennemi. Virgile fait parler le roi Turnus en ces termes : Qui marchera le premier avec moi contre l’ennemi ? Et en disant cela, il lança un javelot dans les airs, comme un commencement de bataille. Selon les rabbins, pour prendre possession d’un pays conquis, les Cananéens y jetaient une pique… Nous omettons d’autres exemples. Cette première flèche lancée indiquait donc la reprise des hostilités contre la Syrie et en même temps le succès dont cette guerre serait couronnée.
Aphek : peut-être la même ville que 1 Rois 20.26, où Achab avait remporté déjà une grande victoire sur les Syriens. Joas devait abattre là la puissance de la Syrie.
Prends les flèches. Cette première victoire (verset 17) devait être suivie de plusieurs autres par lesquelles Israël rentrerait dans la pleine possession du pays au-delà du Jourdain ; c’est ce que doit signifier le nouvel acte symbolique qui suit. Il s’agit des flèches renfermées dans le carquois que portait Joas. Il doit les tirer de la fenêtre contre terre, comme pour achever un ennemi abattu.
Trois fois. Il y avait certainement plus de trois flèches, en tout cas cinq ou six (verset 19), dans le carquois, et, après ce qui venait de se passer, Joas aurait dû, plein d’élan, le vider tout entier, pour répondre à l’invitation d’Élisée qui était la promesse d’une série de victoires. Mais il manque d’énergie, de zèle ou de persévérance et, en se bornant à tirer trois flèches, il limite lui-même le nombre de ses victoires. De là le mécontentement du prophète verset 19.
Frapper, à coup de flèches.
Jusqu’à en finir : jusqu’à réaliser complètement la promesse faite après le tir de la première flèche. Élisée avait comme donné au roi carte blanche ; celui-ci n’avait pas su en user, ou du moins en user assez richement. Le concours de la liberté humaine dans l’accomplissement des plans divins ressort clairement de cette histoire.
Ce miracle devait-il être envisagé comme une garantie des promesses d’Élisée qui s’accompliraient après sa mort ?
Des bandes de Moabites. Ces bandes de pillards arrivaient au commencement de l’année, immédiatement avant la moisson. Au reste les mots traduits par : au commencement de l’année, sont très obscurs et ont été diversement compris.
Dans le sépulcre d’Élisée. C’était sans doute une caverne dans le voisinage de Samarie, ville où avait été la demeure ordinaire du prophète.
Accomplissement de la promesse verset 19.