Verset à verset Double colonne
1 La seconde année de Joas, fils de Joachaz, roi d’Israël, Amatsia, fils de Joas, roi de Juda, commença à régner.Comparez chapitre 25 de 2 Chroniques.
Comme avait fait Joas, son père : laissant subsister les hauts-lieux, tout en adorant lui-même l’Éternel. Voir 2 Rois 12.3.
Les hauts-lieux seuls. Cette restriction seuls porte sur les premiers mots du verset 3.
Il ne fit pas mourir les fils des meurtriers de son père, comme c’était l’usage en Orient, mais il se conforma à la loi Deutéronome 24.16. À moins qu’on ne fasse de cette citation une glose du rédacteur insérée postérieurement dans le récit, il faut en conclure qu’à cette époque le Deutéronome existait déjà et était regardé comme livre de Moïse.
Sur les préparatifs de cette campagne, comparez 2 Chroniques 25.5 et suivants.
Dans la vallée du Sel : qui s’étendait au sud de la mer Morte (2 Samuel 8.13). Les Édomites avaient recouvré leur indépendance sous Joram (2 Rois 8.20).
Séla, capitale de l’Idumée. Sur cette ville voir Ésaïe 16.1, note.
Jokthéel : soumise par Dieu.
C’était là un défi ; car se voir en face signifie ici : se rencontrer sur le champ de bataille. Amatsia paraît avoir tiré vanité de sa victoire sur les Édomites. Peut-être avait-il contre Joas un sujet de mécontentement, celui qui est indiqué 2 Chroniques 25.13. Joas repousse avec dédain cette provocation ; il en fait sentir l’imprudence à Amatsia par un apologue comme les aiment les Orientaux et qui a quelque analogie avec celui de Jotham (Juges 9.7 et suivants) : un simple buisson d’épines prétend traiter d’égal à égal avec un grand cèdre du Liban ; mais il suffit d’une bête sauvage qui passe sous le cèdre pour écraser le buisson.
Amatsia déclare la guerre ; Joas le prévient ; il envahit Juda et taille en pièces l’armée d’Amatsia dans le voisinage de Jérusalem.
Sur Beth-Sémès, voir Josué 15.10, note. Cette défaite fut d’après les Chroniques la punition, non seulement de l’orgueil d’Amatsia, mais encore du fait qu’ayant rapporté d’Édom les images des divinités de ce peuple, il se mit à les adorer.
Joas ne fait pas mourir Amatsia et ne prend pas possession de Jérusalem, nous ignorons par quelle raison ; il traîne le roi captif jusque dans sa capitale et, pour ôter à celle-ci toute possibilité de résistance, en abat la muraille là où elle était le plus nécessaire, du côté du nord.
La porte d’Éphraïm : celle que nous appelons aujourd’hui la porte de Damas.
La porte de l’angle : à l’angle nord-ouest de la ville. Voir Jérémie 31.38, note.
Cette conclusion du règne de Joas avait déjà été donnée mot pour mot 2 Rois 13.12-13. Elle est répétée ici, sans doute parce que l’auteur, ainsi que le montre la manière différente dont il écrit le nom de Joas, a tiré tout ce passage d’un autre document.
Nous ignorons la raison pour laquelle ce résumé est placé avant la mort d’Amatsia, contre l’usage de l’auteur. Peut-être cette forme différente provient-elle de l’emploi d’une autre source.
Il se peut que le commencement du mécontentement date de son idolâtrie et qu’aggravé par la honteuse défaite du roi par le roi d’Israël, ce sentiment longtemps contenu ait éclaté enfin à l’occasion d’une circonstance inconnue.
Lakis : ville cananéenne qui avait été conquise par Josué, puis incorporée à Juda et fortifiée par Roboam. Amatsia s’y réfugie avec l’espoir de pouvoir s’enfuir chez les Philistins, s’il est poursuivi.
Des chevaux, littéralement : les chevaux, c’est-à-dire l’attelage même avec lequel il était arrivé à Lakis.
Tout le peuple. Il est remarquable que les meurtriers ne firent pas roi l’un d’entre eux. On voit combien le peuple de Juda était, malgré tout, attaché à la dynastie de David.
Azaria, appelé tantôt de ce nom, tantôt de celui d’Ozias, soit dans les livres des Rois, soit dans les Chroniques. Les prophètes (Ésaïe, Amos, Michée, Zacharie) emploient plutôt le second de ces noms. Ils ont à peu près le même sens ; Azaria signifie : Celui dont Dieu est le secours ; Ozias : Celui dont Dieu est la force.
Il rebâtit Elath. Ozias acheva ce que son père avait commencé. Ce fait est mentionné comme le plus important de son règne plutôt que comme ayant suivi immédiatement son avènement ; car il n’avait que seize ans quand il monta sur le trône.
La possession de ce port sur la mer Rouge était pour Juda de la plus haute importance.
Cette restauration si prompte et si complète de la puissance israélite étonne. L’auteur montre au verset 24 qu’il ne faut point l’attribuer à la piété de Jéroboam II, qui continua le péché de ses devanciers ; et au verset 26 que la véritable cause en a été la compassion de Dieu envers Israël sur lequel la sentence de destruction finale n’avait pas encore été prononcée.
De l’entrée du chemin de Hamath jusqu’à la mer de la Plaine : les extrêmes limites septentrionale et méridionale qu’avait atteintes la puissance israélite à son point culminant sous David et Salomon ; comparez 1 Rois 8.65 (Nombres 34.3 ; Nombres 34.8).
Hamath : dans la partie septentrionale de la Célésyrie (1 Rois 8.65).
Mer de la Plaine : la mer Morte, limite méridionale de la Terre Sainte, en descendant du côté oriental du Jourdain jusqu’à l’Arnon.
Jonas. Cette parole ne se trouve pas dans le livre de ce prophète. On a voulu retrouver cette prophétie dans les chapitres 15 et 16 d’Ésaïe ; mais rien n’indique dans ces chapitres que ce soit Israël qui ait fait en Moab l’invasion qui y est décrite. Nous ignorons quelle est la source à laquelle l’auteur a puisé cette prophétie de Jonas.
Fils d’Amitthaï. Voir au livre de Jonas.
N’avait pas parlé, par la bouche d’un prophète.
Jéroboam est ce libérateur par lequel Dieu avait promis de relever son peuple (2 Rois 13.5).
Fit revenir à Israël Damas et Hamath de Juda. L’expression fit revenir suppose que ces contrées avaient autrefois appartenu à Juda. On peut dire que cela avait eu lieu momentanément sous David et Salomon. Comparez pour Damas 2 Samuel 8.5-6 et pour Hamath 2 Chroniques 8.3-4. S’il n’est pas dit précisément dans le premier de ces passages que David conquit Damas, il s’empara au moins d’une partie de son territoire. Dans le second, l’expression relative à Hamath est plus positive.
De Juda : qui avaient appartenu à Juda. Ce nom est employé ici pour désigner le vrai peuple théocratique dans son ensemble, qui renfermait autrefois Israël et Juda.
Le relèvement si étonnant du royaume d’Israël, qui reconquiert tous ces anciens domaines, depuis la Célésyrie, à l’extrémité nord, jusqu’à la mer Morte, avec tout le pays au-delà du Jourdain, soulève une question difficile. Nous avons vu que Jéhu avait succombé devant le roi d’Assyrie, Salmanasar II et était devenu son tributaire, ce qu’étaient sans doute restés Joachaz et Joas d’Israël, ses fils et petit-fils. Comment Jéroboam II a-t-il pu relever la puissance d’Israël d’une manière aussi extraordinaire, sans se heurter à l’influence de l’Assyrie ? L’histoire de ce dernier royaume, qu’on peut reconstruire depuis que les découvertes récentes l’ont mise au jour, permet de répondre à cette question. Après Salmanasar II, contemporain de Jéhu (858-824) et de ses successeurs, commença pour l’empire d’Assyrie un temps de défaillance qui dura jusqu’au règne de Tiglath-Piléser I, c’est-à-dire une soixantaine d’années ; et ce fut pendant ce temps que les petits États occidentaux jouirent d’une sécurité momentanée et que Jéroboam II put déployer son énergie contre les Syriens et recouvrer les anciennes propriétés de son peuple.