Verset à verset Double colonne
Supplice de Jacques et emprisonnement de Pierre
Vers la même époque, Hérode s’attaque aux chefs de l’Église : il fait décapiter Jacques, frère de Jean, et, encouragé par les Juifs, il ordonne l’arrestation de Pierre. C’était pendant la Pâque ; aussi le fait-il garder avec soin pour le juger et l’exécuter en public après la fête. Tandis que Pierre est en prison, l’Église prie (1-5).
Un ange délivre Pierre
La nuit qui précède sa comparution, Pierre dort profondément entre deux soldats, lié de deux chaînes ; des sentinelles sont à la porte de la prison. Un ange apparaît soudain, inondant de lumière le cachot. Il réveille Pierre, en le frappant au côté et lui ordonne de se lever, de s’habiller et de le suivre. Pierre obéit, sans savoir s’il agit en rêve ou si le fait est réel. Ils passent la première, puis la seconde garde ; la porte de fer s’ouvre d’elle-même ; ils s’avancent dans la rue et soudain l’ange disparaît. Pierre, revenu à lui, reconnaît la délivrance dont il a été l’objet de la part de Dieu (6-11).
Pierre se montre aux disciples réunis et quitte Jérusalem
Après avoir examiné ce qu’il avait à faire, Pierre se rend à la maison de Marie, mère de Jean-Marc, où de nombreux disciples étaient en prière. Il frappe à la porte. La servante, Rhode, sans lui ouvrir, va annoncer que Pierre est là. Les uns la traitent de folle, d’autres pensent que c’est l’ange de l’apôtre. Quand enfin ils l’ont introduit, leur étonnement est grand. Pierre leur raconte sa délivrance, les charge d’en faire part à Jacques et à l’Église et s’en va en un autre lieu (12-17).
Les gardes punis
Au matin, grand émoi parmi les soldats qui constatent la disparition de Pierre. Hérode les fait mettre en jugement et exécuter. Puis, il se rend à Césarée, sa résidence (18, 19).
Vers ce temps-là, c’est-à-dire dans le temps où Barnabas et Saul portaient à Jérusalem les secours recueillis à Antioche (Actes 11.30). Ils furent probablement témoins de cette nouvelle persécution qui eut lieu, en tout cas, avant leur départ de Jérusalem, mentionné au verset 25 de notre chapitre.
Hérode Agrippa, né l’an 10 avant Jésus-Christ, élevé à la cour de Rome, était petit-fils d’Hérode le grand (Matthieu 2.1), fils d’Aristobule et de Bérénice et neveu d’Hérode Antipas, dont le nom paraît souvent dans les évangiles. Il avait reçu de Caligula les provinces du nord et du nord-est de la Palestine, avec le titre de roi. Claude y avait ajouté la Samarie et la Judée, de sorte qu’il réunissait alors sous son sceptre tout le royaume d’Hérode le grand (Josèphe, Antiquités Juives, XIX, 5, 1). Il résidait à Césarée (verset 19), d’où il était venu à Jérusalem pour la fête de Pâque (verset 4).
Prince rusé, léger, prodigue, quoique moins mauvais encore que son grand-père.
Au lieu de se mit à maltraiter, il y a littéralement : mit les mains à maltraiter, expression qui indique une action hostile et violente.
Quelques-uns de l’Église ; ce n’était pas une persécution générale. Hérode, avec une ruse satanique, voulait priver l’Église de ses conducteurs, afin de l’affaiblir. Il commence donc par Jacques et Pierre.
Il fit mourir par l’épée, c’est-à-dire il fit décapiter, Jacques, fils de Zébédée (Matthieu 10.2) et frère de Jean.
Jacques fut ainsi le premier des apôtres qui souffrit le martyre (Marc 10.38-39).
Il paraît avoir été l’un des principaux fondateurs et conducteurs de l’Église de Jérusalem. C’est ce qui le désignait aux coups d’Hérode.
Clément d’Alexandrie avait reçu des anciens une belle tradition que nous a conservée Eusèbe (Histoire Ecclésiastique II, 9) : « L’un de ceux qui avaient dénoncé Jacques, touché de la fermeté avec laquelle il confessait sa foi, se déclara chrétien. Tous deux furent donc emmenés au supplice. En chemin il pria Jacques de lui pardonner. Celui ci après un instant de réflexion, dit : Que la paix soit avec toi ! Et il lui donna le baiser fraternel. Ainsi tous deux moururent ensemble »
Grec : Il ajouta à ce premier acte de persécution celui d’arrêter Pierre.
La faveur dont les chrétiens avaient joui auprès du peuple (Actes 2.47) avait fait place à la haine.
Mais, en tout ceci, il n’y a pas de doute qu’Hérode ne fût poussé par les membres du sanhédrin, qui voyaient avec une amère jalousie les progrès de l’Église chrétienne.
Hérode, quoique Juif, ne se souciait nullement de sa religion, mais il s’en faisait le champion par politique, afin de se rendre populaire, à la fois à Jérusalem et à Rome (Josèphe, Antiquités Juives, XIX, 7, 3).
C’est-à-dire la fête de Pâque, qui durait huit jours. Hérode ne fit pas mourir Pierre tout de suite, voulant offrir son jugement et son supplice en spectacle au peuple après la fête (verset 4 ; comparez Jean 19.13).
Ordinairement un prisonnier était gardé par quatre soldats qui se relevaient à chacune des quatre veilles de la nuit.
Ici, la garde fut quadruplée : deux soldats veillaient dans la prison et deux à la porte (verset 6). Les douze autres devaient les relever de veille en veille.
Grec : Mais une prière était faite instamment par l’Église à Dieu à son sujet.
L’adverbe que nous traduisons par instamment signifie aussi continuellement, mais le premier sens convient mieux, car c’est le même terme qui caractérise la prière de Jésus en Gethsémané (Luc 22.44, comparez 1 Pierre 1.22).
Les chrétiens priaient ainsi dans toutes leurs petites assemblées (verset 12).
Admirable contraste ! Deux pouvoirs sont ici en présence : d’une part, Hérode, sa prison et ses soldats, de l’autre, l’Église en prière. Qui l’emportera ? Notre récit va répondre.
Cette nuit même : le danger suprême est imminent ; le lendemain, Pierre sera conduit à la mort.
Il est lié de deux chaînes, selon l’usage romain, une chaîne à chaque bras, attaché au bras d’un soldat, à droite et à gauche, tandis que, devant la porte, des sentinelles gardent la prison.
Et Pierre dort paisiblement.
Réveillé de son sommeil durant la nuit, ébloui par la lumière qui resplendissait dans le cachot (grec l’appartement ou le bâtiment), Pierre ne savait si ce qui lui arrivait était réel ou s’il avait une vision.
Il resta quelques moments dans cet état et ne revint à lui que dans la rue, lorsque l’ange l’eut quitté (verset 11).
Luc a raconté cette délivrance jusque dans les moindres détails.
Le teste occidental ajoute même : étant sortis, ils descendirent les sept degrés et s’avancèrent.
Un tel récit ne peut provenir que d’un témoin oculaire et ce témoin, c’est Pierre lui-même, qui va tout raconter dans une assemblée de fidèles en prière pour sa délivrance (verset 17).
Cette assemblée se tenait dans la maison d’une femme chrétienne dont le fils, Marc, deviendra l’auteur de notre second Évangile et le compagnon d’œuvre de Pierre et de Paul (verset 12, note).
Marc fournit très probablement à Luc les informations sur lesquelles repose notre récit.
Pierre sait maintenant que c’est Dieu qui l’a sauvé de la mort par le moyen d’un ange.
Hérode et le peuple seront déçus dans leur attente.
Il m’a délivré, dit Pierre (grec) de toute l’attente avide du peuple des Juifs.
On pourrait aussi donner à ce mot le sens de crainte, qu’il a dans Luc 21.26 et traduire : Il m’a délivré de toute la crainte que je pouvais avoir du peuple juif, de tout ce que j’avais à craindre de lui. La première interprétation est pourtant plus naturelle.
Il n’y a pas à expliquer cette délivrance ; un miracle ne s’explique pas (comparer Actes 5.19 ; Actes 16.25 et suivants, Actes 27.23).
Mais combien cette intervention de Dieu doit paraître nécessaire aux yeux des croyants, puisqu’il s’agissait d’arracher à la mort le principal des apôtres.
Pierre, ayant compris, vu, constaté (Actes 14.6), ce mot résume le verset précédent : Maintenant je sais…
Pierre se rendit dans une maison amie, où il savait qu’il trouverait des frères.
Cette maison appartenait à Marie, dont le fils, appelé Jean Marc, ou simplement Marc, aura une belle mission à remplir dans l’Église, ne fût ce qu’en écrivant l’Évangile qui porte son nom (voir sur ce jeune disciple Actes 12.25 ; Actes 13.13 ; Actes 15.37 ; Colossiens 4.10 ; 2 Timothée 4.11 ; Philémon 1.24 ; 1 Pierre 5.13).
Si Marc était le jeune homme qui suivait la troupe par laquelle Jésus fut arrêté (Marc 14.52, note), la maison de sa mère pouvait se trouver dans le voisinage de Gethsémané.
Pour écouter et ainsi pour reconnaître qui était là.
Pierre heurtait à la porte d’entrée (grec) à la porte du pylône.
Ce dernier terme désigne la porte d’entrée d’une maison (Actes 10.17), le porche d’un temple (Actes 14.13), le vestibule ou l’espace compris sous le portique (Matthieu 26.71 ; Luc 16.20).
On a supposé que, dans notre passage, la porte du pylône était une petite porte pratiquée dans la porte cochère. Dans le verset suivant le mot pylône est employé seul, les deux fois.
Combien est naturel et pris sur le fait le mouvement de cette servante qui, dans sa joie, au lieu d’ouvrir, rentre en courant annoncer la grande nouvelle !
Non moins naturelle est la conduite de ces chrétiens qui viennent de prier pour la délivrance de Pierre et qui quand on la leur annonce, refusent d’y croire, si profonde est leur joie (comparer Luc 24.41).
Au lieu de dire simplement avec la servante : c’est lui, ils font une supposition qui nous paraît étrange : c’est son ange.
D’après une idée populaire très répandue chez les Juifs, chaque homme a son ange tutélaire qui le garde dans le danger (Psaumes 34.8). Cette opinion n’est pas expressément confirmée dans le Nouveau testament, mais il est une parole de Jésus qui y paraît favorable (Matthieu 18.10, voir la note).
On comprend que ces fidèles assemblés, en écoutant le récit de Pierre, aient été dans l’étonnement (grec), ravis hors d’eux-mêmes. Ils voyaient leurs prières exaucées, l’angoisse faisait place à la joie.
Pierre veut faire partager à ses frères la joie de sa délivrance.
Quel est ce Jacques, à qui il envoie personnellement son message ?
D’après la tradition catholique, il s’agirait de l’un des deux apôtres de ce nom, de Jacques, fils d’Alphée.
Les interprètes protestants s’accordent aujourd’hui généralement à reconnaître en lui, Jacques, « frère du Seigneur. » (Galates 1.19), il parvint à la foi au moment de la mort de Jésus (Jean 7.5, comparez 1 Corinthiens 15.7), il s’était joint aux disciples avant la Pentecôte (Actes 1.14) et prit de bonne heure une place prépondérante dans l’Église de Jérusalem (Actes 15.13 ; Actes 21.18 ; Galates 1.19 ; Galates 2.9).
S’il est seul nommément désigné par Pierre, c’est que les apôtres étaient absents de Jérusalem (Actes 11.30, 2e note ; voir l’Introduction à l’épître de Jacques).
Étant sorti, de la maison de Marie (verset 12). D’autres entendent : sorti de la ville. Le texte ne décide pas. Peu importe ; ce que Luc veut faire comprendre c’est que Pierre, se sentant peu en sûreté dans une maison chrétienne bien connue, s’en éloigne pour s’en aller dans un autre lieu, qui n’est pas désigné.
Que n’a-t-on pas imaginé à l’occasion de ce fait si simple ? Des interprètes font aller Pierre dès ce moment à Antioche (Galates 2.11) ce qui est très improbable ; une très ancienne tradition catholique nous le montre se rendant à Rome et devenant dès lors évêque de la capitale du monde !
Ce (grec) pas petit trouble parmi les soldats ne se comprend que trop, si l’on se souvient que selon la loi romaine, ils répondaient sur leur vie des prisonniers confiés à leur garde. Aussi Hérode après des recherches inutiles pour retrouver Pierre, fit-il interroger et mettre à mort les soldats.
Il y a dans le grec : les fit emmener, mais c’est là le terme judiciaire pour dire : conduire au supplice.
Peut-être Hérode ne fit-il ainsi périr que les quatre soldats qui étaient de garde au moment fatal (verset 6), mais ceux-là même étaient bien innocents. Plût à Dieu que ce meurtre juridique eût été le dernier !
Hérode puni de Dieu
Il y avait conflit entre Hérode et les habitants de Tyr et de Sidon. Ceux-ci gagnent le chambellan du roi, afin de rétablir de bonnes relations avec le roi, dont le pays leur fournit leur subsistance. Au jour fixé pour l’entrevue solennelle, Hérode, vêtu d’habits splendides, est assis sur son trône. Le peuple lui rend des honneurs divins. Aussitôt il est frappé par un ange pour n’avoir pas donné gloire à Dieu et il meurt rongé des vers (20-23).
Progrès de l’Église. Départ de Barnabas et Saul
La parole de Dieu se répand. Barnabas et Saul quittent Jérusalem, emmenant Jean Marc (24, 25).
Il est dit littéralement qu’Hérode combattait avec colère les Tyriens et les Sidoniens.
Cette expression ne signifie point qu’il fût en guerre avec les villes de Tyr et de Sidon ni qu’il eût « le dessein de leur faire la guerre », selon la traduction d’Ostervald, car ces villes de la Phénicie étaient sous la domination romaine et Hérode, qui lui-même devait tout aux empereurs, se serait bien gardé de cette folie.
Le mot grec signifie qu’il était irrité, animé de dispositions hostiles contre ces villes commerçantes, il cherchait à nuire à leurs intérêts matériels, comme le montre ce verset même.
Les Phéniciens tiraient, par leur négoce, des états d’Hérode, du blé, des fruits et d’autres denrées nécessaires à leur subsistance. Aussi s’empressèrent-ils de s’assurer la paix avec lui.
Leurs délégués ayant gagné un chambellan du roi, obtinrent une audience publique, que Luc va décrire.
Hérode était juif, il devait donc savoir combien était coupable cet orgueil dont il s’enivrait. Et quand le peuple aveuglé lui rendit publiquement des honneurs divins il aurait dû les repousser comme une idolâtrie et un sacrilège. Il ne le fit pas et un châtiment terrible manifesta la Justice de Dieu sur celui qui, en outre, avait sur sa conscience le meurtre d’un apôtre du Seigneur.
La maladie mortelle dont il fut atteint est attribuée à l’action d’un ange qui le frappa (comparez 2 Samuel 24.17 ; 2 Rois 19.35), mais cette expression n’implique pas nécessairement que l’ange apparut aux spectateurs.
Luc indique lui-même la cause de la mort d’Hérode dans l’affreuse maladie dont il fut atteint : rongé des vers. Il mourut comme Antiochus Épiphane (Revised Apocrypha, 2 Maccabées 9.5-9).
Josèphe (Antiquités Juives, XIX 8, 2) raconte longuement la mort d’Hérode. Son récit diffère, en quelques détails, d’avec celui de Luc mais, dans le fond, les deux écrivains sont d’accord.
L’historien juif place la scène en plein théâtre, où l’on célébrait des jeux en l’honneur de l’empereur en présence d’une foule immense. Hérode parut, couvert d’un manteau royal dont les broderies d’argent étincelaient aux rayons du soleil.
Lorsque le peuple lui rend les honneurs divins Josèphe, indigné, fait lui-même cette réflexion : « Le roi ne les reprit point et il ne repoussa pas loin de lui cette impie adulation ».
Selon cet historien, Hérode, à l’instant même, se sentit atteint d’une maladie mystérieuse qui lui déchirait les entrailles et il fut emporté dans son palais, où il mourut quelques jours après.
Josèphe (Antiquités Juives, XIX 8, 2) raconte longuement la mort d’Hérode. Son récit diffère, en quelques détails, d’avec celui de Luc mais, dans le fond, les deux écrivains sont d’accord.
L’historien juif place la scène en plein théâtre, où l’on célébrait des jeux en l’honneur de l’empereur en présence d’une foule immense. Hérode parut, couvert d’un manteau royal dont les broderies d’argent étincelaient aux rayons du soleil.
Lorsque le peuple lui rend les honneurs divins Josèphe, indigné, fait lui-même cette réflexion : « Le roi ne les reprit point et il ne repoussa pas loin de lui cette impie adulation »
Selon cet historien, Hérode, à l’instant même, se sentit atteint d’une maladie mystérieuse qui lui déchirait les entrailles et il fut emporté dans son palais, où il mourut quelques jours après.
Mais ; il faut remarquer cette particule qui fait ressortir un contraste frappant : tandis que le puissant persécuteur périssait misérablement, la parole de Dieu (B porte : du Seigneur) marchait de conquête en conquête.
Grec : Elle croissait et se multipliait, c’est-à-dire que le nombre des disciples augmentait (Actes 6.7).
Grec : après avoir rempli le service, la diaconie, c’est-à-dire avoir remis la collecte dont ils étaient chargés (Actes 11.29-30).
Luc achève ainsi sa relation du voyage de Barnabas et de Saul à Jérusalem (Actes 11.30).
On peut donc conclure que tous les faits rapportés dans notre chapitre se passèrent pendant ce voyage (verset 1, note).
Quant à Jean, surnommé Marc, voir verset 12, note.