Verset à verset Double colonne
Barnabas et Saul sont désignés pour la mission
L’église d’Antioche comptait cinq prophètes et docteurs. Pendant que l’Église est réunie pour célébrer le culte et jeûner, elle reçoit du Saint-Esprit l’ordre de mettre à part pour la mission Barnabas et Saul. Après avoir encore prié et jeûné et après avoir imposé les mains aux missionnaires, les disciples les laissent aller (1-3).
L’Ile de Chypre
L’église d’Antioche, dont Luc a raconté la fondation (Actes 11.19-30), était toute préparée, soit par son état spirituel, soit par sa position géographique, à porter l’Évangile aux païens en Asie Mineure et en Grèce.
Jusqu’ici Luc a raconté l’établissement et les progrès de l’Église chrétienne au sein du peuple juif. Maintenant commence la seconde partie de son livre, consacrée tout entière à l’apostolat de Paul parmi les nations païennes.
Il nous montre d’abord dans l’église d’Antioche déjà nombreuse (Actes 11.26) les dons de l’Esprit qui la rendaient éminemment propre à l’œuvre missionnaire qu’elle allait entreprendre.
Il y avait dans son sein des prophètes (voir 1 Corinthiens 14.2, 1re note) et des docteurs. Ces derniers étaient par leurs lumières et par l’assistance de l’Esprit capables d’enseigner leurs frères dans la vérité divine.
Les prophètes avaient plutôt pour mission d’adresser aux âmes des exhortations propres à les réveiller les consoler et les fortifier. Ils recevaient des révélations spéciales, dont ils faisaient part à l’Église (Actes 11.28 ; comparez 1 Corinthiens 12.28 ; Éphésiens 4.11).
Luc nomme cinq de ces hommes ainsi doués soit comme prophètes soit comme docteurs. On a cru pouvoir conclure des particules diverses qui, en grec, unissent ces cinq noms qu’il les divise en deux groupes, désignant les trois premiers comme prophètes et les deux derniers comme docteurs.
Mais cette distinction n’est point certaine. Ces cinq hommes étaient : Barnabas bien connu des lecteurs de notre livre (Actes 4.36-37, note) ; Siméon, dont le surnom latin de Niger (Noir) montre qu’il était originaire d’Italie ; Lucius de Cyrène, en Afrique, probablement un des fondateurs de l’église d’Antioche (Actes 11.20), peut être celui que Paul fait saluer (Romains 16.21). Manahen, qu’on est surpris et réjoui de trouver ici parmi les principaux membres de l’église, puisqu’il avait été élevé et en tout cas avait vécu au sein d’une cour corrompue ; le terme qui lui est appliqué signifie proprement : celui qui est nourri avec, frère de lait (Stapfer), mais il avait perdu ce sens premier et désignait le familier d’un prince.
Hérode le tétrarque est le meurtrier de Jean-Baptiste (Matthieu 14.1-12).
Enfin Saul, nommé ici après tous, tellement il avait pris jusqu’alors une position humble dans l’église, bien qu’il eût depuis longtemps reçu sa vocation à l’apostolat.
L’expression : célébrer le culte du Seigneur est appliquée par les Septante, aux fonctions des sacrificateurs. Ici elle désigne le culte chrétien.
Ce jour-là le culte était accompagné de jeûne.
C’est donc au sein d’une assemblée solennelle que l’Église reçut de l’Esprit, peut-être par l’intermédiaire d’un des prophètes l’ordre de mettre à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle ce même Esprit les avait déjà appelés intérieurement.
La vocation vient de Dieu et c’est l’Église qui reçoit l’ordre de conférer la charge.
Il y a, avec l’impératif mettre à part (Romains 1.1 ; Galates 1.15), une particule qui accentue l’ordre et indique qu’il doit être exécuté immédiatement (Luc 2.15).
Les mots alors et ayant jeûné et prié montrent que l’imposition des mains aux missionnaires et leur envoi ne se firent pas dans l’assemblée mentionnée au verset 2, mais dans une autre, solennellement convoquée pour cela.
Trois actes religieux préparèrent cette première mission.
Le jeûne qui assurait à l’Esprit toute sa liberté et sa domination sur le corps ; la prière, par laquelle l’Église implorait le secours du Saint-Esprit sur les deux missionnaires ; enfin l’imposition des mains.
Par ce dernier acte (Actes 6.6 note), Barnabas et Saul étaient consacrés pour leur œuvre, au nom de Dieu qui l’avait ordonnée et par l’Église qui les envoyait. Ce devait être là une double force pour ces serviteurs de Dieu, au sein des difficultés et des dangers de leur vocation.
Notre récit montre que c’est l’Église elle-même qui doit faire l’œuvre de la mission, laquelle n’a été entreprise par des sociétés que parce que l’Église, devenue indifférente, a failli à son devoir le plus sacré.
Ils les laissèrent partir, les congédièrent (Actes 15.33) avec tout le religieux intérêt qui s’attache encore aujourd’hui aux missionnaires qui partent.
L’Esprit qui les avait envoyés les accompagne dans les lieux où ils porteront l’Évangile.
Ils se décidèrent d’abord pour la grande île de Chypre, située à peu de distance de la Syrie, à l’ouest et au sud de la Cilicie.
Ils avaient pour cela plus d’une bonne raison.
D’abord, c’était la patrie de Barnabas (Actes 4.36), qui devait désirer de porter l’Évangile à ses concitoyens.
Ensuite, il y avait parmi les premiers fondateurs de l’église d’Antioche des Cypriens qui devaient partager le même désir (Actes 11.20).
Enfin, comme nos deux missionnaires avaient surtout en vue l’Asie Mineure, l’île de Chypre se trouvait sur leur chemin.
Pour s’y rendre ils n’eurent qu’à descendre le cours de l’Oronte jusqu’à Séleucie, ville maritime qui servait de port à Antioche, dont elle était distante de cent vingt stades, environ 22 kilomètres.
Salamine est située à l’extrémité orientale de l’île.
Nous voyons ici, comme partout dans la suite, Paul annoncer la parole de Dieu d’abord dans les synagogues (Ce mot au pluriel montre combien les Juifs étaient nombreux dans cette ville).
En effet selon le dessein de Dieu envers son peuple (Romains 1.16), l’Évangile de la grâce devait lui être transmis en premier lieu.
De plus Paul trouvait dans les synagogues beaucoup de prosélytes, mieux disposés que les Juifs de naissance, à recevoir la vérité, étant moins aveuglés par les préjugés.
Enfin cette conduite était dictée à Paul par son ardent amour pour son peuple (Romains 9.1-5).
Jean, surnommé Marc (Actes 12.12 note, verset 25), accompagnait Paul et Barnabas, en qualité d’aide (grec serviteur). Étant très jeune encore, il leur rendait divers services qui les laissaient plus libres pour leur ministère. On connaît, aujourd’hui encore, la grande utilité des aides missionnaires.
Il fallait traverser toute l’île (mot omis par le texte reçu) pour se rendre de Salamine à Paphos, ville située à l’extrémité occidentale de cette île.
C’est là que les deux missionnaires voulaient se rendre, peut-être parce que c’était la résidence du proconsul, auprès duquel ils furent providentiellement conduits.
Ils ne se laissèrent pas retenir par la triste célébrité de l’ancienne Paphos, où le culte de Vénus avait amené une grande dissolution des mœurs. La prédication du Sauveur n’y était que plus nécessaire.
Luc ne nous fait connaître, du ministère de Paul dans cette ville, que son action si différente sur deux personnages, le proconsul Serge Paul et le magicien Barjésus (fils de Jésus ou Josué). Ce dernier avait réussi à captiver l’attention du magistrat romain par des moyens qui ont été décrits à l’occasion des exploits de son émule Simon (Actes 8.9, note).
Le gouverneur de Chypre portait le titre de proconsul, parce que cette île était une province sénatoriale. Elle avait été d’abord province impériale, mais Auguste l’avait cédée au Sénat.
Sergius Paulus est probablement le même personnage que Pline l’Ancien mentionne dans deux livres de son Histoire naturelle (I 2 et 18) où se trouvent des notices relatives à Chypre.
C’est à lui que se rapporte aussi vraisemblablement une inscription trouvée à Chypre, qui commence par ces mots : « Paul étant proconsul ». Il était, comme beaucoup d’hommes éclairés de son temps dégoûté de la religion païenne, mais ne trouvait de repos ni dans le scepticisme qui s’était emparé des esprits, ni dans les pratiques de la magie. En cela déjà il se montrait intelligent.
Ayant appris que les missionnaires d’une doctrine nouvelle (dont peut être il avait déjà entendu parler, Actes 11.19) étaient venus à Paphos, il les fit appeler et demanda à entendre la parole de Dieu.
Naturellement ce dernier mot est dit au point de vue de l’historien ; mais en cherchant la vérité, Serge Paul cherchait réellement sans en avoir conscience, la parole de Dieu, qui seule est la vérité.
Le magicien était juif (verset 6) mais, soit qu’il fût né en Arabie, ou qu’il y eut vécu, il avait adopté le titre arabe d’Elymas qui signifie mage, sage, savant (De la même racine vient le nom des ulémas docteurs de la loi chez les musulmans).
Cet homme qui avait renié la religion d’Israël, s’était établi à demeure auprès du proconsul.
Il résistait aux messagers de la bonne nouvelle (2 Timothée 3.8 ; Exode 7.11-22), cherchant à détourner de la foi le proconsul, sur lequel il craignait de perdre son influence intéressée.
Le texte occidental indique expressément ce motif, en ajoutant (D, Peschito, etc.) parce qu’il les écoutait très volontiers.
Elymas constatait que le proconsul subissait l’influence de la parole divine.
Jusqu’ici, Luc n’a donné à l’apôtre que le nom de Saul, pour la première fois il l’appelle Paul, ce qu’il fera toujours dans la suite.
Les mots : appelé aussi Paul sont donc bien de l’auteur des Actes et ne sauraient être considérés comme une interpolation.
Depuis Jérôme jusqu’à nos jours, plusieurs interprètes ont pensé que ce nom fut donné à Paul par ses compagnons de voyage, ou adopté par lui-même, en souvenir de Serge Paul, qu’il avait conquis à l’Évangile, et cela, peut-être à la demande du proconsul lui-même.
Mais est-il probable que l’apôtre eût accepté ce titre de gloire ? Bien plutôt pourrait-on penser, avec Augustin, que Paul lui-même avait voulu, depuis sa conversion et par humilité, changer son nom de Saul (en hébreux : Schaoul, le Désiré, demandé par la prière) en celui de Paulus (en latin le Petit).
Mais la supposition la plus vraisemblable est que, selon un usage très répandu parmi les Juifs (comparez verset 1), Paul avait reçu dès son enfance deux noms l’un rappelant sa nationalité juive et qu’il avait porté tant qu’il avait vécu en Palestine, l’autre, son nom latin, qu’il devait avoir comme citoyen romain (Actes 16.37-38 ; Actes 22.25-28) et qu’il prit dans sa mission au sein du monde grec.
Ce changement de nom était conforme à la grande vérité que l’apôtre enseignait : « En Christ, il n’y a plus ni Juif ni Grec » (Galates 3.28).
Il est remarquable aussi que, depuis ce moment, Paul prend le pas sur Barnabas, exerce la plus grande influence, porte la parole et que Luc le nomme toujours, sauf Actes 14.14 ; Actes 15.12-25, le premier des deux, contrairement à ce qu’il avait fait jusqu’ici (Actes 11.30 ; Actes 12.25 ; Actes 13.4).
Étant rempli d’Esprit Saint, dans ce moment même (comparez Actes 4.8 ; Actes 7.55), en sorte que les paroles qu’il va prononcer seront inspirées par cet Esprit et non par un zèle amer. Cette influence divine devint évidente pour tous ; elle contribua à la conversion du proconsul (verset 12).
Ces paroles sévères n’étaient que trop justifiées.
Il y avait de la ruse et de la fraude dans les motifs et les moyens par lesquels cet homme cherchait à détourner le proconsul de la foi, c’est-à-dire à retenir dans la perdition son âme que Dieu voulait sauver.
Par là il se montrait fils du diable, agissant sous l’influence du prince des ténèbres (Jean 8.44). Cette épithète forme un amer contraste avec le nom de fils de Jésus (verset 6).
Enfin le magicien pervertissait, autant qu’il était en lui, les voies de Dieu, qui toutes sont droites c’est-à-dire conformes à la justice et à la bonté (Deutéronome 32.4 ; Osée 14.9).
Cette déclaration est vraie dans son sens le plus général, aussi bien que dans son application au proconsul : les voies de la miséricorde divine allaient au salut éternel de ce dernier, l’influence du magicien l’aurait conduit à sa perte. C’est ce qui explique la sévérité de ce discours et le juste châtiment qui suivit.
La main du Seigneur, c’est-à-dire sa puissance, peut être sur quelqu’un pour bénir (Luc 1.66 ; Actes 11.21), comme ici pour châtier (Hébreux 10.31).
L’Esprit dont Paul était rempli lui révéla le jugement que Dieu allait exercer, car Paul ne fait que l’annoncer : tu seras aveugle. Mais pourtant ce ne sera que jusqu’à un certain temps, car Dieu châtie avec mesure. Ce mot laisse quelque espoir pour le salut d’Elymas.
De l’obscurité (grec brouillard) aux ténèbres, il y a progression, soit que l’action divine se fît par degrés, soit plutôt que les deux mots doivent exprimer la cécité absolue qui tomba sur ce malheureux.
C’est encore ce que Luc peint d’une manière dramatique en nous le montrant qui (grec) marche tout autour cherchant (grec) des conducteurs par la main.
Le proconsul fut frappé de la doctrine du Seigneur, c’est-à-dire du rapport profond qu’il voyait entre cette doctrine et l’action divine annoncée par l’apôtre et exécutée sur le magicien par la puissance de Dieu.
Il ne crut pas seulement à cause du miracle, mais il éprouva en lui la force de la vérité, ainsi confirmée sous ses yeux.
M. Blass traduit : « Étant frappé du miracle, il crut la doctrine du Seigneur » ; il cite Luc 24.25, comme une preuve qu’on peut ainsi rattacher le complément : la doctrine du Seigneur au verbe : il crut. Mais l’ordre des mots en grec est plus favorable à la version ordinaire, qui a pour elle les expressions analogues Luc 4.32 ; Marc 1.22.
La conversion du proconsul romain fut la première victoire que la vérité remporta par le ministère de Paul dans ce premier voyage de mission. Il est probable que d’autres âmes encore se convertirent dans l’île de Chypre, bien que Luc n’en fasse pas mention. On sait par l’histoire que l’île entière fut de bonne heure gagnée à l’Évangile.
De Paphos à Antioche
Embarqués à Paphos, Paul et ses compagnons se rendent en Pamphylie, à Perge. Là Jean les quitte pour retourner à Jérusalem. Paul et Barnabas remontent jusqu’à Antioche de Pisidie. Ils entrent, le jour du sabbat, dans la synagogue, dont les chefs les invitent à parler (13-15).
Discours de Paul, première partie : la promesse de grâce sous l’ancienne Alliance
Seconde partie : la prédication du salut
Résultats da discours de Paul
De Paphos, en naviguant vers le continent, les missionnaires atteignirent la Pamphylie, province de l’Asie Mineure située à l’ouest de la Cilicie et peu distante de l’île de Chypre.
Ils débarquèrent au port d’Attalie (Actes 14.25) et poursuivant leur route vers le nord, ils arrivèrent à Perge, capitale de la province. Il ne paraît pas qu’ils s’y soient arrêtés alors, mais, à leur retour, ils y annoncèrent l’Évangile (Actes 14.24-25).
Il s’agit de Jean, surnommé Marc (Actes 12.12), qui accompagnait Paul et Barnabas dans ce voyage (verset 5). On ignore les motifs de sa séparation d’avec eux, mais nous savons que Paul les désapprouva et que cette désapprobation eut dans la suite un résultat fâcheux (Actes 15.37-39).
S’avançant encore vers le nord, Paul et Barnabas traversèrent toute la Pamphylie et entrèrent dans la Pisidie.
Dans ce voyage à travers une contrée montagneuse et peu sûre, ils endurèrent quelques-unes des épreuves que Paul énumère 2 Corinthiens 11.26.
La perspective de ces dangers amena peut-être la défection de Marc.
Quoiqu’il en soit, ils vinrent a Antioche, capitale de la Pisidie et colonie romaine, qu’il ne faut pas confondre avec Antioche de Syrie d’où nos missionnaires étaient partis (Actes 13.1-3).
Le jour du sabbat, ils entrèrent, selon leur habitude, dans la synagogue (verset 5, note) et y prirent place.
Dans les assemblées de la synagogue, on avait coutume de lire une section de la loi, c’est-à-dire des livres de Moïse et une autre des prophètes (Luc 4.15, note).
Cette lecture achevée, les anciens les chefs de la synagogue, voyant les deux étrangers, en qui ils reconnurent des Juifs lettrés, leur firent proposer d’adresser au peuple une parole d’exhortation.
Telle fut l’occasion du discours de Paul, le premier qui nous soit rapporté de lui.
On venait de lire une section du Pentateuque et une des prophètes, probablement Deutéronome 1 et Ésaïe 1.
Paul rattache à ces péricopes sa prédication de l’Évangile ; Deutéronome 1 inspire la première partie de son discours (verset 18, note), dans laquelle il jette un coup d’œil rapide sur l’histoire de son peuple ; ainsi l’avait fait Étienne (Actes 7).
Paul arrive ensuite, d’une manière toute naturelle, à annoncer Jésus sa mort, sa résurrection et la rémission des péchés, offerte en ce Sauveur et qui avait été promise dans Ésaïe 1.18.
Paul s’adresse d’une manière solennelle et affectueuse aux Israélites de naissance et aux prosélytes désignés par ces mots : vous qui craignez Dieu.
Et comme son but est de dérouler les trésors de la miséricorde de Dieu envers son peuple, il remonte jusqu’à l’élection des pères de ce peuple, qui était un acte souverain de la grâce divine.
On a expliqué, de diverses manières, ce mot : Il éleva bien haut ce peuple en Égypte ; mais ces interprétations reviennent à l’idée que Dieu multiplia alors les Israélites. Puis il les tira de la servitude de l’Égypte à bras élevé, c’est-à-dire avec une puissance qui se manifesta par des miracles éclatants (comparer Exode 6.1 ; Deutéronome 4.37).
Au lieu de ce mot : il les supporta, une variante qui provient du changement d’une seule lettre donne le sens : il les nourrit, comme une nourrice allaite son enfant. Cette variante est admise par Tischendorf sur la foi de A, C, versions.
Dans la version des Septante, au passage Deutéronome 1.31, qui avait été probablement lu comme section de la loi (verset 15, note) et auquel Paul emprunte son expression, les deux leçons se retrouvent.
La leçon : il supporta paraît y être la plus ancienne.
Dans l’original hébreu, on lit : « l’Éternel ton Dieu t’a porté comme un homme porte son fils ».
Le souvenir de ces sept nations détruites (hébreux : chassées) est tiré de (Deutéronome 7.1).
En nommant l’époque des Juges immédiatement après la prise de possession du pays, Paul y comprend aussi le gouvernement de Josué.
Puis, en comptant environ quatre cent cinquante ans depuis l’établissement du peuple en Canaan jusqu’à Samuel inclusivement, il suit une chronologie généralement admise de son temps, car il est d’accord avec l’historien Josèphe (Antiquités Juives, VIII, 3, 1).
Selon l’auteur du livre des Rois (1 Rois 6.1), quatre cent quatre-vingts ans s’étaient écoulés depuis la sortie d’Égypte jusqu’à la construction du temple par Salomon.
Il y a dans ces évaluations un écart d’à peu près un siècle. Inutile de rapporter les divers calculs qui ont été faits pour rétablir l’harmonie.
C’est probablement aussi le désir d’obvier à cette difficulté qui a donné lieu à une variante selon laquelle il faudrait construire ainsi versets 19 et 20 « Il leur donna le pays en héritage, environ quatre cent cinquante ans. Après cela, il leur donna des Juges ».
De cette manière, les quatre cent cinquante ans ne désigneraient pas la période des Juges, mais au contraire toute la période antérieure, pendant laquelle Dieu prépara l’établissement d’Israël en Canaan, période qui comprend les quatre cents ans de servitude en Égypte (Actes 7.6), les quarante ans de séjour dans le désert et une dizaine d’années qui furent employées à la conquête de Canaan.
Bien que cette leçon se trouve dans Codex Sinaiticus, B, A, C, versions, son authenticité est douteuse.
Bien qu’en demandant un roi, les Israélites n’eussent pas agi selon la volonté de Dieu, qui seul devait régner sur eux (1 Samuel 8.5 et suivants) Dieu les supporta encore en ceci et répondit à leur vœu.
Il n’y a dans l’Ancien testament aucune indication précise sur la durée du règne de Saül.
Quelques interprètes comprennent dans ces quarante ans le gouvernement de Samuel.
Paul aime à rapporter ce magnifique témoignage rendu à David, parce que la gloire en rejaillit sur son descendant, le Libérateur que l’apôtre va annoncer. Aussi, il ne poursuit pas plus loin cette revue de l’histoire de son peuple son but est atteint.
Il cite de mémoire, d’après les Septante et combine divers passages de l’Écriture (Psaumes 89.21 ; 1 Samuel 13.14), auxquels il ajoute d’après 1 Rois 14.8 (comparez Ésaïe 14.28), ces mots : il fera toutes mes volontés.
Après avoir parlé de David avec tant de vénération, Paul arrive de la manière la plus naturelle, au grand sujet de son discours qui était d’annoncer le Sauveur.
De la semence de David, Dieu a suscité (C, D), ce Sauveur, ou, selon une variante généralement admise, l’a amené à Israël, dans la personne de Jésus dont le nom même signifie Sauveur.
Et l’apôtre a soin d’ajouter que cette grande manifestation de la miséricorde divine a eu lieu selon la promesse de Dieu, promesse bien connue de ses auditeurs et qui devait leur inspirer de la confiance en ce Jésus en qui Dieu l’a accomplie.
Cette promesse se trouve dans les prédictions messianiques de tous les prophètes (comparer Luc 1.69-70).
Les auditeurs de Paul ne pouvaient pas ignorer le ministère du grand prophète qui avait paru en Israël, Jean.
Le leur rappeler, affirmer le témoignage qu’il avait rendu à Jésus, c’était leur présenter ce dernier comme l’objet de leur foi (comparer Matthieu 3.2-11 ; Luc 3.3-15 notes).
Les mots : avant sa venue signifient avant que Jésus entrât dans son ministère et non avant son incarnation, comme l’ont pensé quelques interprètes malgré le contexte.
Les paroles de Jean-Baptiste que Paul cite, paroles si humbles, par lesquelles il glorifiait le Sauveur, ne furent pas prononcées à la fin de sa course ; mais l’apôtre considère son témoignage comme accomplissant cette course qui n’avait pas d’autre but.
Ebrard fait observer, avec raison, que cette expression : accomplir sa course appartient au style de Paul (Actes 20.24 ; Galates 2.2 ; 1 Corinthiens 9.26 ; Philippiens 2.16 ; 2 Timothée 4.7) ;
Luc lui-même ne s’en sert jamais. Elle prouve la vérité historique de ce discours.
On peut traduire aussi, en adoptant une autre construction : Je ne suis pas, moi, ce que vous me supposez être.
Avec les deux traductions, il faut sous-entendre : le Messie.
Parvenu à ce point de son discours où il a la joie de parler du Sauveur à ceux qui l’écoutent, l’apôtre s’adresse directement à eux avec un redoublement d’affection (frères), faisant sentir aux uns le privilège d’appartenir à la race d’Abraham, aux autres celui d’être parvenu à la connaissance du vrai Dieu (grec ceux qui parmi vous sont craignant Dieu, terme qui désigne les prosélytes).
Puis il ajoute : c’est à nous (Codex Sinaiticus, B, A, D) que Dieu envoie ce grand salut, à nous, ses serviteurs, qui le proclamons et à vous qui entendez notre parole.
Quelle puissance de persuasion il y avait dans ce langage !
La transition entre verset 26 et vers 27 est marquée par la particule car.
Selon Meyer, il indiquerait le motif pour lequel le salut est annoncé à ces Juifs dispersés. C’est que ceux de Jérusalem l’ayant repoussé, ils en ont été privés par un juste jugement de Dieu et qu’il a été envoyé à d’autres Israélites, non coupables de cette criminelle ingratitude.
Mais, comme l’observe de Wette, ce n’est pas la raison pour laquelle le salut est annoncé aux Juifs d’Antioche, auxquels il serait parvenu en tout cas.
Calvin pense que l’apôtre excite ainsi en ses auditeurs le désir de recevoir l’Évangile, afin de ne pas se rendre complice du crime commis à Jérusalem.
Mais ces explications supposent au verset 26 la leçon du texte reçu : c’est à vous que la parole de ce salut est envoyée.
D’après la leçon beaucoup plus autorisée : c’est à nous, Paul n’oppose pas les habitants de Jérusalem à ses auditeurs actuels. Ce qu’il dit de leur conduite à l’égard de Jésus, de la mort qu’ils lui ont fait subir, de sa résurrection accomplie par Dieu et attestée par des témoins dignes de foi (versets 27-31), est destiné à justifier (car) la grande affirmation qu’il venait d’émettre (verset 26), à démontrer que c’est bien la parole du salut qui nous est envoyée, à prévenir dans l’esprit de ses auditeurs, comme le dit Calvin, une objection qui pouvait les scandaliser : « Quoi ! Tu nous annonces le salut au nom d’un homme que les chefs de notre nation ont mis à mort avec la dernière ignominie ! » Oui, répond Paul ils l’ont méconnu, rejeté, crucifié mais ils n’ont fait en le jugeant qu’accomplir les paroles des prophètes, paroles qu’ils connaissaient bien, car elles se lisent, dans leurs synagogues, chaque jour de sabbat !
On peut traduire aussi et cette traduction est peut-être plus exacte : Ayant méconnu celui-ci (Jésus) et les paroles des prophètes qui se lisent chaque jour de sabbat, ils ont, en le jugeant, accompli ces paroles.
Tous ces détails relatifs au jugement de Jésus, à son innocence, à sa mort, furent sans doute exposés plus au long par l’apôtre, qui fit ressortir, d’une part, la perversité des chefs du peuple et d’autre part, l’immense amour du Sauveur.
Luc, dans son résumé du discours de Paul, ne distingue pas entre les ennemis de Jésus qui le firent mourir et ses amis qui le descendirent de la croix et le mirent dans un sépulcre. Ces faits étaient bien connus de celui à qui il adressait son livre.
La résurrection de Jésus-Christ est proclamée en maint passage du livre des Actes (Actes 2.32 ; Actes 3.15, etc.) ; elle est toujours attribuée à Dieu. C’est par elle que Dieu a justifié Jésus injustement condamné, l’a déclaré son Fils avec puissance (Romains 1.4) et l’a élevé pour être le Prince de la vie.
Dans le présent discours Paul établit la certitude de cette résurrection, en invoquant le témoignage le plus sûr, celui des disciples, qui avaient suivi Jésus dans tout son ministère, qui étaient montés avec lui de la Galilée à Jérusalem et qui l’ont vu pendant plusieurs jours (comparer Actes 10.41 et surtout Actes 1.3).
Ces hommes, ajoute l’apôtre, sont témoins de ce fait maintenant (Codex Sinaiticus, A, C, omis dans B, Majuscules) devant le peuple, à Jérusalem, dans le même temps où nous en rendons témoignage aux Juifs de la dispersion (verset 32).
Paul et Barnabas aussi pouvaient maintenant, après avoir prouvé que Jésus était, malgré les apparences contraires, le porteur du salut (versets 27-31), annoncer à leurs auditeurs la bonne nouvelle que la promesse faite aux pères, Dieu l’avait pleinement accomplie pour nous leurs enfants, en ressuscitant Jésus.
En effet, cette résurrection est l’accomplissement de toutes les promesses relatives à la rédemption du monde.
Paul en cite trois qu’il voit réalisées dans ce grand fait ; et d’abord Psaumes 2.7.
L’épître aux Hébreux applique aussi ce passage à la résurrection du Fils de Dieu (Hébreux 1.5 voir la note) et cette application est en pleine harmonie avec la pensée de notre apôtre dans Romains 1.4.
Pierre emploie le même terme, quand il parle de la résurrection dans Actes 2.24-32.
Cependant plusieurs interprètes (Calvin, les versions de Pau-Vevey et de Weizsäcker) traduisent : ayant suscité Jésus.
L’apôtre penserait, non à la résurrection de Jésus, mais à son entrée dans son œuvre messianique.
M. Wendt allègue en faveur de cette interprétation les motifs suivants :
Les principaux majuscules (Codex Sinaiticus, B, A, C, D) présentent cette leçon qui n’offre guère de sens acceptable : pour nos enfants.
On ne comprend pas pourquoi la promesse ne serait accomplie que pour les enfants de la présente génération. C’est à celle-ci du reste que s’applique ce terme d’enfants opposé à celui de pères.
M. Weiss conserve le texte reçu : à nous leurs enfants.
M. Blass lit : à leurs enfants ;
M. Wendt : aux enfants, nous ayant suscité.
Une variante admise par Lachmann et Tischendorf sur l’autorité de D et d’Origène, porte Psaume premier au lieu de second. Elle provient de ce qu’on réunissait parfois les deux premiers Psaumes en un seul ou que l’on considérait le Psaume premier comme une introduction de tout le recueil.
Jésus ressuscité vit éternellement, il ne meurt plus (Romains 6.9).
Telle est la pensée que l’apôtre exprime par les mots : ne plus retourner a la corruption.
En prononçant ces paroles, Paul avait sans doute déjà en vue sa citation Psaumes 16.10, qui va suivre (verset 35), mais il lui vient à l’esprit une parole d’Ésaïe (Ésaïe 55.3) qui lui paraît assurer au descendant de David les choses saintes (les biens messianiques la vie future) promises à son ancêtre.
La citation est empruntée à la version des Septante, où on lit : « Je traiterai avec vous une alliance éternelle (vous assurant) les choses saintes de David, qui sont fidèles », c’est-à-dire les saintes promesses qui lui ont été faites et qui ne le tromperont point.
Il y a dans l’hébreu : « les grâces de David qui sont véritables ou fidèles, ou assurées ».
On pourrait entendre l’expression des Septante dans le même sens. M. Wendt entend par les choses saintes de David la sainteté même du Messie, qui est certaine, assurée contre la destruction.
Les deux citations, versets 34 et 35, exprimeraient la même pensée sous forme positive d’abord, puis sous forme négative : Je vous donnerai un Messie saint et par là même permanent et ce saint, je ne permettrai pas (grec tu ne donneras pas) qu’il voie la corruption.
De Wette et Meyer traduisent : après avoir servi à sa génération au dessein de Dieu.
Calvin et quelques exégètes, construisant autrement verset 36, traduisent : David, après avoir servi à son temps, s’est endormi selon le dessein de Dieu et a été mis avec ses pères.
Notre traduction est celle de la Vulgate de Luther et de la plupart des versions modernes. Ce n’est donc point en David personnellement que s’est accomplie la parole du Psaume, c’est en Celui dont il était l’ancêtre et le type dans l’histoire du royaume de Dieu.
Paul fonde sur cette citation de Psaumes 16 à peu prés la même argumentation que Pierre dans Actes 2.29 et suivants (voir les notes.)
Pour la seconde fois (verset 26), l’apôtre se tourne avec amour vers ses auditeurs (hommes frères) et, après leur avoir prouvé que Jésus est vraiment le Sauveur, par sa mort, par sa résurrection annoncée dans les Écritures (versets 26-37), il leur expose les immenses bienfaits qui sont le fruit de son œuvre (versets 38 et 39).
C’est d’abord ce don de la grâce de Dieu qui rend la paix à toute âme repentante (verset 16, note), la rémission (ou le pardon) des péchés.
C’est par lui qu’elle vous est annoncée : ces mots désignent Jésus non comme l’auteur de la proclamation du pardon, qu’il publierait par la bouche de ses apôtres, mais comme celui qui procure le pardon lui-même par sa mort rédemptrice.
Puis, comme l’apôtre parle à des Juifs, dont les plus sérieux s’efforçaient de trouver la justice dans l’observation de la loi de Moïse, il leur déclare nettement qu’ils n’ont pu être justifiés par ce moyen, mais qu’ils le seront pleinement par le Sauveur qu’il leur prêche, et cela, sans autre condition que de croire en lui.
Ainsi, la justification par la foi, ce couronnement de l’Évangile, cette glorieuse vérité qu’il était réservé à l’apôtre Paul de faire triompher dans l’Église est ici formulée pour la première fois. Elle le sera plus nettement encore dans les épîtres de Paul (comparer en particulier Romains 3.21-26, voir les notes).
On peut conclure de ce fait que le discours résumé par Luc a bien été prononcé par cet apôtre.
Ce discours en effet, n’enseigne pas, comme on l’a prétendu, que la foi vaut aux croyants une justification partielle seulement, destinée à compléter celle qu’ils pouvaient acquérir en pratiquant la loi de Moïse, à leur assurer la rémission de toutes les choses dont ils n’avaient pu être justifiés par la loi de Moïse.
On a cru retrouver cette doctrine atténuée dans notre discours et on l’a refusé pour cette raison à l’apôtre Paul.
Mais cette interprétation presse trop les termes employés. Ceux-ci ne marquent pas la limite entre les choses dont on pouvait être justifié par la loi et celles pour lesquelles il fallait un autre moyen de justification.
Et du reste Paul n’a jamais enseigné que les œuvres de la loi fussent en elles-mêmes sans valeur morale, il s’est borné à constater qu’elles ne pouvaient procurer au pécheur la justification nécessaire à son salut.
On ne saurait non plus objecter à l’authenticité de ce discours les analogies qu’il présente dans sa première partie, avec celui d’Étienne. Si les mêmes exemples bibliques sont invoqués, ils le sont dans des intentions différentes ; Étienne veut prouver la rébellion constante d’Israël contre les conducteurs que Dieu lui envoie ; Paul fait ressortir le développement de la promesse.
Quant à la citation du Psaume 16, qui avait été faite par Pierre dans son discours de la Pentecôte, ce passage devait revenir fréquemment dans l’argumentation par laquelle les premiers chrétiens cherchaient à établir que Jésus ressuscité était le Messie annoncé par les prophètes.
Paul termine son discours par un sérieux avertissement, dont il emprunte les termes au prophète Habakuk (Habakuk 1.5).
Il cite d’après les Septante, qui s’écartent à quelques égards de l’hébreu.
Ainsi, ces mots : Voyez, contempteurs, supposent un texte différent de l’hébreu qui porte : Regardez parmi les nations.
Ainsi encore, la version grecque ajoute au texte le verbe que nous rendons par : disparaissez et qui signifie proprement : devenez invisibles.
Le prophète annonçait au peuple le jugement que Dieu allait exercer sur lui par les Chaldéens.
Telle était l’œuvre qui devait le remplir d’étonnement et qu’il ne pourrait croire si on la lui racontait.
En citant ce passage, Paul annonçait à ses auditeurs, s’ils rejetaient la grâce divine, un jugement pareil. Cette menace s’est accomplie pour le peuple juif dans la ruine de Jérusalem, qui mit fin à son existence comme nation elle pourra s’accomplir, dans la rétribution du dernier jour, pour tous ceux à qui la grâce aura été offerte en vain.
Comme Paul et Barnabas sortaient de la synagogue, leurs auditeurs ou plus probablement les chefs de la synagogue (verset 15), les priaient (grec) que ces choses (ou paroles) leur fussent dites le sabbat suivant.
Ce fait montre quelle impression profonde le discours de Paul avait produite.
Mais en outre, beaucoup de Juifs et de prosélytes suivirent les évangélistes dans leur demeure.
Ceux-ci saisirent avec empressement cette occasion de les exhorter à persévérer dans la grâce de Dieu.
C’est dans ce dernier terme, si riche et si beau, que Luc résume tout l’Évangile ; et, en effet, il le renferme tout entier.
Le texte reçu, aux mots : après qu’ils furent sortis, ajoute : de la synagogue des Juifs, addition qui manque dans presque tous les majuscules
Puis ce même texte dit (verset 42) que ce furent les païens qui demandèrent à Paul de leur annoncer encore la Parole. C’est là une correction destinée à mettre verset 42 en harmonie avec versets 45 et 48.
À la place du verbe ils priaient, B porte un verbe qui marque moins d’empressement dans leur requête et peut se traduire : ils demandaient.
Enfin, au verset 43, le texte occidental (Blass, d’après Peschito) porte : suivirent Paul et Barnabas, demandant à être baptisés.
Presque toute la ville ; quel puissant mouvement religieux ce mot suppose !
C’est que, outre l’impression faite par le discours de Paul, les deux missionnaires ne restèrent pas oisifs durant cette semaine, entre les deux sabbats.
Calvin et Théodore de Bèze, prenant le mot de sabbat dans le sens de semaine ce qui est grammaticalement possible, pensent même que la demande du verset 42 s’appliquait à la semaine suivante.
C’est là une erreur d’interprétation mais qui devint une vérité dans le fait.
Il faut remarquer ce mot de parole de Dieu (Codex Sinaiticus, A), ou parole du Seigneur (B, C), qui revient si souvent dans ce livre (Actes 13.46 ; Actes 13.48-49 ; Actes 4.29-31 ; Actes 6.2 ; Actes 15.35 ; Actes 19.10).
La prédication des apôtres n’était pas leur parole, mais en tant qu’ils étaient pénétrés de l’Esprit de Dieu, leur parole devenait une Parole de Dieu. Et l’on peut désigner ainsi toute prédication fidèle de l’Évangile.
Cette pensée ne ressort pas de la leçon de D (texte occidental), qui porte simplement : pour entendre Paul.
C’est la vue de ces foules, parmi lesquelles il y avait sans doute beaucoup de païens, qui blessa l’orgueil théocratique de ces Juifs et excita leur jalousie.
Alors, à leurs contradictions passionnées de la parole de Paul, ils ajoutaient des blasphèmes, sans doute contre Jésus.
Ce fait ne contredit point verset 42, car les persécuteurs pouvaient être d’autres Juifs ou de ceux qui n’avaient reçu qu’une impression passagère du discours de Paul.
Le participe contredisant, qui est en grec du même verbe, que nous traduisons par : s’opposaient, manque dans Codex Sinaiticus, B, A, C.
À vous, Juifs, premièrement, il fallait ; tel était le conseil de Dieu envers son peuple (Matthieu 10.6 ; Romains 1.16 ; comparez ci-dessus verset 5, note).
Mais en rejetant la parole de Dieu, ces Juifs se jugeaient eux-mêmes indignes de la vie éternelle.
Il y a quelque chose de tragique dans cette destinée volontairement choisie.
Maintenant les apôtres se tournent vers les païens. C’était l’accomplissement de la parole de Jésus (Matthieu 21.43).
Où est-ce que le Seigneur nous a ainsi commandée ?
Dans les paroles mêmes que Paul cite, en les empruntant à Ésaïe 49.6.
En effet, puisque le Serviteur de l’Éternel, le Messie, auquel la parole est ici adressée, est établi (hébreux : donné) de Dieu pour être la lumière des nations et en salut à tous les peuples, il en résulte pour ses disciples le devoir sacré de l’annoncer à toutes les nations.
On voit, par cette parole, que l’universalité du salut était révélée dès l’époque des prophètes.
Les païens comprenant, par la dernière parole de l’apôtre, qu’ils pouvaient être sauvés par la foi seule, malgré l’opposition des Juifs, étaient dans la joie.
Et ils témoignaient cette joie en glorifiant la parole du Seigneur. Ils la glorifiaient, soit en la recevant dans leur cœur avec toujours plus de décision, soit en exprimant tout haut leur reconnaissance.
Les païens ne crurent pas tous, mais (grec) autant (d’entre eux) qui étaient destinés (littéralement ordonnés) à la vie éternelle.
Celui qui les avait ordonnés (placés dans cet ordre), c’est Dieu, par sa grâce souveraine et en leur donnant l’Esprit d’adoption (Romains 8.15).
Telle est la cause pour laquelle ils crurent, se confièrent en Jésus, le Sauveur que Paul annonçait. Ils auraient pu résister comme d’autres, car l’action de Dieu n’anéantit nullement la liberté de l’homme, « Il ne force personne, mais il fait qu’on veut ».
Ce récit de Luc est en parfaite harmonie avec la pensée de Paul, exprimée souvent ailleurs par un autre terme plus précis encore (Romains 8.29 ; Éphésiens 1.5).
Les commentateurs ont souvent torturé ce texte dans un intérêt dogmatique.
Tandis que Calvin y voit la doctrine d’un décret absolu, d’autres s’efforcent de diminuer l’action de Dieu pour élever celle de l’homme, qui, en dernier résultat, se destinerait lui-même à la vie éternelle.
Oltramare traduit : « Ceux qui étaient disposés pour la vie éternelle, crurent »
Pour cela, il faut faire taire la conscience exégétique.
La plupart des traducteurs et des interprètes récents, même parmi les luthériens, préfèrent laisser le texte dire ce qu’il dit.
Tandis que la parole du Seigneur, l’Évangile de sa grâce, se répandait (grec était portée çà et là), non seulement dans la ville d’Antioche, mais dans toute la contrée, les Juifs, désignés au verset 45, provoquèrent une persécution en excitant le fanatisme de femmes dévotes ; le mot employé dénote des prosélytes ardentes à défendre leur nouvelle foi judaïque.
Puis, de proche en proche, le mouvement entraîna les principaux de la ville, les magistrats, qui étaient païens.
Ils bannirent Paul et Barnabas de leur territoire.
Cette haine des Juifs, que nous retrouverons dès le chapitre suivant et partout dans ce livre, achevait la destinée tragique de ce peuple qui courait à sa ruine en rejetant le Sauveur.
Les disciples ne faisaient en cela que suivre l’ordre de leur Maître (Matthieu 10.14 ; Luc 9.5) ; ils déclaraient par cet acte aux Juifs rebelles que toute a responsabilité de leur conduite pèserait sur eux.
Au lieu de poursuivre leur course vers le nord, les deux évangélistes se dirigèrent vers le sud est, entreront dans la province de Lycaonie et s’arrêtèrent à Iconium, capitale de cette province où nous les retrouverons au chapitre suivant.
Cette ville d’Iconium subsiste encore aujourd’hui sous le nom de Konieh.
Les disciples, tous ceux qui avaient été convertis pendant le séjour de Paul et Barnabas à Antioche, loin d’être découragés par leur départ, étaient remplis de joie, la joie de leur salut éternel, suscitée et entretenue en eux par l’Esprit Saint qui en est la source.
Magnifique fruit de cette première mission en Pisidie !