Verset à verset Double colonne
Le tumulte apaisé, Paul convoque les disciples, leur fait ses adieux et part pour la Macédoine. Après avoir visité les Églises de cette région, il vient en Grèce. Il y séjourne trois mois, puis, comme les Juifs ourdissent un complot contre lui au moment où il va s’embarquer pour la Syrie, il se décide à repasser par la Macédoine (1-3).
Le moment précis du départ de Paul est marqué par ces mots : Après que le tumulte eut cessé (Actes 19.23 et suivants).
On peut même admettre que ce tumulte fut la cause de son départ ; la circonstance que Paul fait appeler les disciples, les convoque tout exprès sans attendre une réunion ordinaire de l’Église, semble indiquer un départ précipité, sous le coup de l’émeute qui venait de se produire.
Paul ne voulait pas donner lieu à de nouveaux troubles. Son séjour d’Éphèse était d’ailleurs arrivé à son terme. Depuis quelque temps déjà il formait le projet de quitter cette ville.
En effet, dans la première épître aux Corinthiens, écrite d’Éphèse, il disait (Actes 16.8) qu’il espérait faire un séjour prolongé à Corinthe, mais devait rester à Éphèse jusqu’à la Pentecôte.
C’est aussi d’Éphèse qu’il avait écrit l’épître aux Galates (voir les introductions à ces deux épîtres).
Mais, avant de partir, Paul, après avoir fait appeler les disciples, prit congé d’eux, et, selon le texte de Codex Sinaiticus, B, A, D, il les exhorta ou consola.
On peut se représenter ce que fut cette séparation, par celle qui eut lieu plus tard et qui fut définitive (versets 36-38).
D’Éphèse, Paul se rendit en Macédoine (verset 2) ; il visitait cette contrée pour la seconde fois (Actes 16.9-17.14).
Cette contrée (grec ces parties-là), la province de Macédoine, avec les villes de Philippes, de Thessalonique, de Bérée où l’apôtre avait fondé des Églises pendant son premier séjour.
Il avait à cœur de les affermir dans la vie chrétienne, ce qu’il fit en leur adressant beaucoup de discours.
Puis, poursuivant son voyage vers le sud il arriva en Grèce. C’est le même pays que Luc a jusqu’ici nommé l’Achaïe et dont la principale ville était Corinthe (Actes 18.1 et suivants).
L’intention de l’apôtre, après ces trois mois passés en Grèce, surtout sans doute à Corinthe, était de s’embarquer pour la Syrie ; car, on le verra bientôt son but était Jérusalem.
Mais les Juifs lui ayant dressé un guet-apens, dans le dessein de le faire périr, soit au port de Cenchrée, soit en mer, il fut d’avis (Codex Sinaiticus, B, A ; texte reçu : on fut d’avis, c’est-à-dire Paul et ses amis. Texte occidental, d’après D, versions syriaques : l’Esprit lui dit), de s’en retourner en Asie (verset 1) par la Macédoine.
Il reprend donc la voie par laquelle il était venu d’Éphèse à Corinthe.
Dans toute cette partie de son récit, Luc se borne, de nouveau, à de brèves indications, qui ne nous renseignent guère sur cette année de la vie de l’apôtre.
La seconde épître aux Corinthiens, écrite de Macédoine, nous laisse entrevoir les luttes douloureuses qu’il dut soutenir alors.
Ce fut pendant les trois mois passés à Corinthe qu’il écrivit l’épître aux Romains.
De Corinthe à Troas, les compagnons de voyage de Paul
L’auteur nomme sept frères qui accompagnent l’apôtre jusqu’en Asie. Ils prennent les devants. Paul, dans la société de l’auteur, part de Philippes, après les fêtes de Pâques et rejoint ses compagnons à Troas, où il reste sept jours (4-6).
La réunion du dimanche soir
Le voyage jusqu’à Milet
Les compagnons de Paul le précèdent par mer à Assos, où l’apôtre, après avoir fait la route à pied, les rejoint. Ils se rendent à Mitylène, passent en vue de Chios, touchent Samos, et, après s’être arrêtés encore à Trogylle, arrivent à Milet. Paul, en effet, avait résolu de ne pas aller à Ephèse pour ne point s’attarder en Asie et être à la Pentecôte à Jérusalem (13-16).
On a fait diverses conjectures sur les raisons pour lesquelles un si grand nombre de disciples accompagnèrent l’apôtre. On pourrait, avant tout, chercher ces raisons dans leur affection pour lui ; mais, en outre, les embûches que venaient de lui tendre les Juifs font supposer que ses frères tenaient à pourvoir à sa sûreté.
Comme Paul se rendait à Jérusalem pour y porter le produit de la collecte qu’il avait faite dans les Églises de la Macédoine et de l’Achaïe en faveur des chrétiens pauvres de la Judée (Actes 19.21, note ; Romains 15.25-27) et comme, dans 1 Corinthiens 16.3-4, Paul émettait l’idée d’envoyer cette collecte à Jérusalem par des personnes approuvées de l’Église de Corinthe on a pensé que les sept frères nommés dans notre passage étaient précisément les délégués des Églises donatrices ; et l’on ajoute que Paul devait tenir à les emmener avec lui à Jérusalem, non seulement pour qu’ils lui servissent de garants auprès des Églises de Grèce, mais aussi pour qu’il pût les présenter aux Églises de la Judée comme prémices de la gentilité.
L’expression de Luc : il était accompagné jusqu’en Asie, n’exclut pas (voir la note suivante) la supposition que nous aurions ici des délégués charges de transmettre la collecte à Jérusalem, mais elle ne lui est pas favorable.
De plus, des personnages nommés, trois sont originaires de Macédoine et quatre d’Asie Mineure. Les premiers pourraient être des délégués des Églises de leur pays, mais on ne voit pas à quel titre les seconds figureraient sur la liste, car il n’y a pas indice que les Églises de l’Asie Mineure aient elles aussi contribué à la collecte. Et par contre, les Églises de l’Achaïe ne compteraient aucun représentant dans la députation.
Il n’est cas certain que Paul ait pu s’adjoindre les délégués dont il parlait 1 Corinthiens 16.3 ; et il est plus probable que nous avons ici les noms des principaux collaborateurs de l’apôtre qui l’accompagnèrent, les uns jusqu’en Asie Mineure, les autres jusqu’à Jérusalem.
Sopater, fils de Pyrrhus (Codex Sinaiticus, B, A, D), n’est pas connu d’ailleurs, à moins que ce ne soit le même nom que Sosipater (Romains 16.21).
Des deux Thessaloniciens qui suivent, le premier seul Aristarque, est connu (Actes 19.29 ; Actes 27.2). Gaïus, de Derbe, en Asie, n’est pas le même qui est mentionné Actes 19.29, car celui-ci était Macédonien. Timothée était trop connu pour que Luc dût indiquer son lieu d’origine.
C’était Lystre, comme Luc l’avait dit (Actes 16.1) et non Derbe, comme quelques-uns l’ont conclu de notre passage. Ils doivent pour cela ponctuer le texte de manière à rattacher Gaïus aux Thessaloniciens Aristarque et Second et conjecturer (Blass) un changement de conjonction pour rattacher l’épithète Derbéen à Timothée.
Mais le nom de Gaïus était très commun et la mention d’un Macédonien de ce nom parmi les compagnons de voyage de Paul (Actes 19.29) n’est pas une raison suffisante pour faire dans notre texte ces changements, qui mettraient d’ailleurs Luc en contradiction avec ses précédentes indications dans Actes 16.1.
Des deux derniers, originaires d’Asie (D : Éphésiens), l’un, Tychique, est souvent nommé dans les épîtres (Éphésiens 6.21 ; Colossiens 4.7 ; 2 Timothée 4.12 ; 2 Timothée 3.12), l’autre, Trophime, n’est pas non plus inconnu (2 Timothée 4.20) ; dans le présent voyage, il suivit Paul Jusqu’à Jérusalem (Actes 21.29).
Le récit de Luc présente, dans verset 4, B, quelque obscurité, résultant de son extrême concision et des variantes du texte.
Au verset 4, les mots : jusqu’en Asie, manquent dans Codex Sinaiticus, B. On les aura retranchés parce que cette indication paraissait contredite par 21.29, où nous voyons que Trophime vint avec Paul à Jérusalem et par 27.2, qui nous apprend qu’Aristarque se trouvait encore auprès de lui à Césarée.
Mais s’il est dit que les sept frères, nommés au verset 4, escortèrent Paul jusqu’en Asie, cela n’exclut pas l’idée que l’un ou l’autre d’entre eux l’aient suivi jusqu’au bout de son voyage.
Aussi beaucoup d’exégètes considèrent-ils comme authentiques les mots jusqu’en Asie, qui sont certifiés par d’importants témoignages.
Une autre variante, qui a plus d’importance encore pour le sens du récit, se trouve au verset 5, où Codex Sinaiticus, B, A, majuscules et minuscules portent : étant arrivés, au lieu de : ayant pris les devants, qui ne se lit que dans un correcteur de B, dans D, les versions syriaques, d’autres versions orientales, la Vulgate.
Mais le témoignage de ces versions a d’autant plus de valeur que dans le texte grec la variante résulte de l’adjonction d’une seule lettre et qu’une faute de copiste a pu se produire dans beaucoup de manuscrits.
Si l’on adopte, avec Tischendorf, Weiss, Nestle, la leçon : ayant pris les devants, on peut se représenter ainsi la suite des faits : en un lieu qui n’est pas indiqué mais qui est probablement Philippes, Paul fit prendre les devants à son escorte, lui donnant ordre de l’attendre à Troas.
Il passa à Philippes les fêtes de Pâques (verset 6), puis en repartit avec Luc, qui dès ce moment est de nouveau associé à l’apôtre, comme l’indique l’emploi du nous. Luc et Paul et d’autres frères qui peuvent être compris également sous ce pronom, rejoignirent à Troas les sept compagnons de voyage de l’apôtre.
En effet, Luc ne raconterait pas si solennellement son départ de Philippe, marquant la date précise de l’embarquement et la durée de la traversée, s’il avait fait ce voyage seul avec quelques frères qu’il ne nomme pas.
La manière dont il s’exprime trahit la présence dans sa société de celui qui est le héros de tout ce récit. Quant à l’indication du verset 4 : ils l’accompagnèrent jusqu’en Asie, elle n’en est pas moins justifiée par le fait que Paul rejoignit ses sept compagnons à Troas et de là fit route avec eux probablement jusqu’à Milet.
Voir sur Troas Actes 16.8, note.
Paul avait prêché l’Évangile avec succès à Troas, lors de son dernier passage (2 Corinthiens 2.12).
Paul voulut passer la fête de Pâque (les jours des pains sans levain) dans la tranquillité et le recueillement, au sein d’une Église qu’il aimait et après cela, poursuivre son voyage.
Nous nous embarquâmes à Philippes (grec nous partîmes en bateau) n’est pas une expression exacte, car Philippes se trouvait à une certaine distance de la mer. Néapolis était le port le plus rapproché (Actes 16.11, note).
Le voyage dura cinq jours, celui en sens inverse, qui nous est rapporté à 16.11, paraît avoir été plus rapide.
À Troas, Paul rejoignit ses amis et resta sept jours.
À partir du verset 6 reparaît le pronom nous, par lequel Luc indique modestement sa présence.
C’est, en effet, à Philippes que nous l’avions laissé (Actes 16.10 et suivants ; comparez Actes 16.40). Peut-être y était-il resté depuis lors.
Rompre le pain est l’expression usuelle pour la célébration de la cène (Actes 2.42, note).
Il faut remarquer que cette assemblée avait lieu le premier jour de la semaine, le dimanche. On peut en conclure que ce jour était spécialement consacré aux réunions de culte (comparer 1 Corinthiens 16.2 ; Apocalypse 1.10).
Ces passages ne prouvent pas d’une manière absolue que le dimanche fût dès lors universellement observé par les chrétiens comme jour du repos.
Mais déjà les Pères apostoliques mentionnent sa célébration générale (voir Justin, Apol. I, 67) ; et il est probable que le souvenir de la résurrection du Sauveur fit mettre à part le premier jour de la semaine dès l’époque des apôtres.
Le texte reçu porte, contre l’autorité de Codex Sinaiticus, B, A, D : comme les disciples étaient assemblés et au verset 8 : ils étaient assemblés.
On s’était réuni le soir, peut-être déjà un peu tard et comme Paul devait partir le lendemain et qu’il savait qu’il ne devait plus revoir ses frères de Troas (verset 25), il parla, de l’abondance de son cœur, jusqu’à minuit.
On a vu dans le fait qu’il y avait beaucoup de lampes dans cette chambre haute, une mesure de prudence, qui devait prévenir les calomnies ordinaires contre les assemblées des chrétiens.
Mais il est douteux que ces accusations se soient déjà produites alors. Luc relève ce fait, parce que la chaleur de ces lampes, viciant l’atmosphère, contribua à l’assoupissement d’Eutyche.
Ces derniers mots, prononcés avec joie, signifiaient : il revient à la vie. Quelques exégètes donnent à ces paroles le sens : il n’est pas mort. Mais comme Luc, témoin oculaire de cette scène, dit positivement qu’il fut relevé mort, il est évident qu’il entend raconter la résurrection de ce mort.
Se pencher sur lui, le prendre dans ses bras furent les moyens par lesquels l’apôtre le ramena à la vie (comparer 1 Rois 17.21).
La cène et le repas n’eurent lieu qu’après le discours de Paul et l’incident du jeune homme.
C’est l’apôtre qui fait la fonction du père de famille, en rompant le pain.
Le verbe il mangea (goûta, Actes 10.10), indique un repas, distinct de la célébration de la cène et qui suivit celle-ci.
Après cela, Paul s’entretint encore avec ses frères, jusqu’au point du jour ; puis il partit ainsi, tel qu’il était, sans plus prendre de repos (Jean 4.6, 2e note). L’ardeur de son âme l’empêchait de sentir la fatigue.
On ne ramena le jeune homme (grec l’enfant) dans la chambre haute (d’autres traduisent : emmené chez lui) qu’après le départ de Paul ; il lui avait fallu quelque temps pour se remettre tout à fait.
Les assistants furent consolés grandement (grec non avec mesure) de le revoir vivant.
D porte : Et eux prenant congé, il (Paul) amena le jeune homme vivant.
De Troas, les voyageurs devaient suivre la côte de l’Asie Mineure, du nord au sud ; mais tandis que ses compagnons, montés sur le vaisseau, se rendirent par mer jusqu’à Assos, ville maritime située en face de l’île de Lesbos.
Paul lui-même voulut faire ce trajet par terre et à pied et c’est lui qui l’avait ainsi ordonné.
Les exégètes se demandent pourquoi il s’isolait ainsi et chacun répond par quelque supposition. La plus naturelle est que, après les fatigues et les émotions de Troas, il devait éprouver le besoin d’une journée de solitude et de recueillement.
Mitylène, ville importante sur la côte orientale de l’île de Lesbos.
Chios et Samos, îles de la mer Égée.
Après avoir touché à Samos, ils rejoignirent le continent, passèrent la nuit à Trogylle, promontoire et ville de la côte asiatique et le lendemain ils arrivèrent à Milet, ville d’Ionie, où Paul voulait s’arrêter.
Codex Sinaiticus, B, A, C suppriment : et nous étant arrêtés à Trogylle, en sorte que ce serait à Samos que les voyageurs auraient passé la nuit. Mais ces mots se lisent dans D, majuscules, versions syriaques et l’on ne voit pas pour quelle raison on aurait introduit cette notice dans le texte.
Trogylle était plus près d’Éphèse que Milet ; pourquoi Paul n’y a-t-il pas convoqué les anciens d’Éphèse ? Certains lecteurs se seront posé la question et auront mis en doute l’arrêt de Paul à Trogylle. Ainsi s’explique le retranchement de ces mots (Wendt).
Dans cette navigation, on avait passé en face d’Éphèse sans s’y arrêter.
Luc, qui se trouvait alors avec l’apôtre, en indique clairement la raison. Cette ville où Paul avait exercé durant trois ans son apostolat, où il avait tant de disciples et d’amis, il ne lui eut pas été possible de s’y arrêter sans leur consacrer beaucoup de temps.
Or, il se hâtait, afin de se trouver, si possible, le jour de la Pentecôte à Jérusalem.
Il est possible qu’il tint à célébrer cette fête une dernière fois avec tout son peuple dans le temple (Actes 18.18, 3e note ; Actes 18.21 ; Actes 21.25 ; Actes 24.11 ; Actes 24.17, notes) ; puis, à l’époque de cette solennité, il avait chance de trouver à Jérusalem les principaux chefs de l’Église judéo-chrétienne.
Il y avait intérêt, car il leur apportait la collecte faite par lui dans les Églises de la Grèce et de la Macédoine en faveur de ses frères pauvres de la Judée (Actes 24.17 ; Romains 15.25-27 ; 1 Corinthiens 16.1 ; 2 Corinthiens 8.1 et suivants).
Il espérait que ce témoignage de la charité des païens convertis ne fortifierait pas seulement le lien qui unissait les jeunes Églises de la Grèce à l’Église mère, mais ferait une bonne impression sur les Juifs eux-mêmes, qui en entendraient parler. La suite prouvera qu’il avait compté sans la haine de ce peuple endurci.
L’apôtre rappelle ce qu’a été son ministère à Ephèse
Il fait venir à Milet les anciens de l’Église d’Ephèse ; il les invite à se souvenir de l’humilité dont il a fait preuve au service de leur Église, de ses souffrances causées par les Juifs, de la fidélité avec laquelle il les a instruits, en public et en particulier, suppliant Juifs et Grecs de se convertir et de croire (17-21).
Paul envisage les tribulations que l’avenir lui réserve
Lié par l’Esprit, il se rend à Jérusalem, sachant que des chaînes l’y attendent ; mais il fait volontiers le sacrifice de sa vie, pourvu qu’il achève le ministère qu’il a reçu de rendre témoignage à la bonne nouvelle de la grâce (22-24).
Adieux. Exhortation à la vigilance et à un ministère désintéressé
Il déclare à ceux auxquels il a prêché qu’ils ne le reverront plus. Il proteste qu’il est net du sang de tous, leur ayant fait connaître tout le conseil de Dieu. Il les exhorte à veiller sur eux-mêmes et sur le troupeau qui sera exposé aux attaques d’hommes dangereux et verra s’élever de son propre sein des docteurs qui chercheront à le pervertir. Qu’ils imitent donc l’exemple que Paul leur a donné en exhortant pendant trois ans un chacun nuit et jour avec larmes. Il les recommande à Dieu et à la parole de sa grâce. Il leur rappelle le désintéressement avec lequel il a travaillé au milieu d’eux, pourvoyant à ses besoins et à ceux de ses collaborateurs et leur montrant ainsi comment il faut agir selon le précepte de Jésus : il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir (23-35).
Prière et séparation
Paul se met à genoux et prie avec tous. Ils pleurent et l’embrassent, affligés de sa déclaration qu’ils ne reverraient plus son visage. Ils l’accompagnent au navire (36, 37).
Paul ne s’était pas arrêté à Éphèse, mais il ne s’éloignera pas définitivement sans avoir pris congé de l’Église, représentée par ses anciens (Voir, sur cette charge, Actes 11.30, 1re note).
Ici (verset 28) ces mêmes anciens sont appelés évêques, surveillants, ainsi encore 1.5-7.
On voit qu’il y avait dans chaque Église plusieurs anciens ou évêques (Philippiens 1.1) qui formaient le presbytère (de presbyteros, ancien), chargé de la diriger (1 Timothée 4.14).
Nous lisons ici le plus beau d’entre tous les discours insérés dans notre livre et qui, dans la forme abrégée même sous laquelle il nous est parvenu, révèle une profondeur de sentiment et une conception du devoir apostolique telle, qu’il peut être comparé aux plus touchantes pages des épîtres. Tout nous fait sentir que nous avons ici un résumé fait par un auditeur immédiat.
En effet, Luc était au nombre des auditeurs (verset 13), aussi nous a-t-il conservé ce discours d’une manière plus précise et plus complète qu’aucun autre de Paul. Son résumé ne renferme pas une pensée qui ne porte la marque de l’apôtre.
Paul était venu en Asie, c’est-à-dire à Éphèse, d’abord pour un court séjour (Actes 18.19), puis pour y exercer un ministère de près de trois ans (Actes 19.1).
Or il peut en appeler à la conscience de ses auditeurs qui avaient été les témoins et les objets de ses travaux, et qui savaient comment, durant tout ce temps, il avait rempli son apostolat avec toute humilité, la première et la plus rare des vertus d’un chrétien et d’un serviteur de Dieu.
On voit par ce discours que la vraie humilité ne consiste pas à méconnaître les plus beaux dons de Dieu qu’on a reçus, pourvu qu’on ajoute avec l’apôtre : « Non pas moi, mais la Grâce de Dieu ». L’humilité est inséparable de l’amour.
De là les larmes avec lesquelles il annonçait les compassions de Dieu et qu’il répandait en voyant l’ingratitude et l’endurcissement des hommes qui lui suscitaient des épreuves et allaient jusqu’à lui tendre des embûches pour annuler son ministère, ou même dans le dessein de le faire périr.
Si l’apôtre en appelle fréquemment aux larmes qu’il doit verser, ce n’est pas pour son plaisir, mais pour gagner les cœurs à l’Évangile (Actes 20.31 ; 2 Corinthiens 2.4 ; Philippiens 3.18). Combien, en effet, ces larmes sont touchantes chez un homme fort comme Paul !
Paul a conscience de n’avoir rien caché, rien soustrait de tout ce qui est utile au salut des âmes, mais de l’avoir prêché, enseigné, non seulement en public, dans les assemblées des chrétiens, mais de maison en maison et tant aux Juifs qu’aux Grecs.
Or, ce qui est utile avant tout, Paul le résume en ces deux mots : la repentance et la foi.
La repentance, point de départ d’une complète transformation morale de l’homme (comparez Matthieu 3.2, note) et dont l’objet est Dieu (envers Dieu), non seulement en tant qu’elle ramène l’âme à Dieu, comme on l’entend d’ordinaire, mais parce que le sentiment du péché n’est vrai, sincère, fertile en bons fruits, que si on l’éprouve avec douleur devant Dieu (Psaumes 51.6 ; Luc 15.21).
Avec la repentance, Paul annonçait la foi au Sauveur, moyen du pardon, de la paix et d’une vie nouvelle.
Voilà ce dont il rendait témoignage aussi bien par sa vie que par sa parole.
Après ce regard sur son passé, l’apôtre en jette un autre, non moins sérieux sur son avenir.
Il se sent contraint d’aller à Jérusalem, ignorant ce qui lui doit arriver, si ce n’est que partout des liens et des afflictions l’attendent (Actes 21.33).
Ce mot : lié par l’esprit signifie-t-il en mon esprit (Actes 18.25), par une conviction intérieure qui va jusqu’à la contrainte, ou : par l’Esprit de Dieu (verset 23) ?
Les interprètes se divisent sur cette question. Au fond, deux sens reviennent à un seul ; sans doute, c’est bien dans son esprit que l’apôtre est lié, mais qu’est-ce qui le contraint d’aller au-devant des épreuves et de la mort (verset 24), si ce n’est ce même Esprit Saint qui lui rend témoignage de ville en ville qu’il souffrira des persécutions ?
Comment enfin cet Esprit lui révèle-t-il ce douloureux avenir ? Meyer répond : par des prophètes (Actes 13.2 ; Actes 21.4-11).
D’autres pensent plutôt à des révélations intérieures par l’Esprit divin. On trouve l’une et l’autre de ces manifestations dans la vie de Paul.
Il ne tient aucun compte de ces liens et de ces afflictions, il ne se laisse ni intimider ni arrêter par eux. La cause de son héroïque courage est que déjà il a fait le sacrifice de sa vie qui ne lui est point précieuse.
Une seule chose lui importe : achever sa course, sa carrière apostolique (terme qu’affectionnait l’apôtre, Actes 13.25 ; 2 Timothée 4.7) et le ministère (grec service) qu’il a reçu du Seigneur Jésus.
Ce ministère est à ses yeux d’un prix infini, beaucoup plus précieux que sa vie, parce que son objet est de rendre témoignage à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.
Nous avons traduit la première partie de ce verset, librement d’après le texte de Codex Sinaiticus, B, C, versions, adopté par la plupart des critiques et des exégètes : (grec) mais je n’estime pas ma vie comme valant pour moi-même aucun compte ou aucune parole, le mot grec a les deux sens, le second reviendrait à dire : que ma vie vaille la peine d’en parler.
Cette phrase quelque peu obscure a été corrigée ainsi dans le texte reçu (majuscules récents et minuscules) : Mais je n’en tiens aucun compte (de ces avertissements, verset 23) et je n’estime pas ma vie précieuse pour moi-même.
En outre, ce dernier texte dit : en sorte qu’avec joie j’achève ma course.
Le mot souligné manque dans Codex Sinaiticus B, A, D et dans beaucoup de versions. S’il était authentique, nul n’eût pensé à le supprimer.
Cette pensée si émouvante pour Paul et pour ses auditeurs (verset 28) complète celle du verset 22 : les liens et les afflictions qu’il prévoyait par l’Esprit rendront leur séparation définitive, les anciens d’Éphèse ne verront plus celui qui leur a annoncé le salut et la vie ! Et il dit cela, non seulement à ses auditeurs présents, mais à tous ceux qui, en Asie, avaient entendu sa prédication.
Quel est son but en déclarant cette douloureuse conviction ? Non pas certes de provoquer une vaine émotion ; mais, comme dit Bengel, afin que tout ce discours pénétrât avec d’autant plus de puissance dans les cœurs.
C’étaient là ses dernières paroles : elles devenaient sacrées comme un testament.
L’apôtre dit : je sais. Pendant sa captivité à Rome il exprime l’espoir d’être délivré par les prières de ses frères et de retourner en Asie (Philippiens 1.25 ; Philippiens 2.24).
D’après 1 Timothée 1.3 ; 2 Timothée 4.13-20, il revint en effet dans ces contrées (voir l’Introduction aux épîtres pastorales). Son pressentiment ne s’est donc pas accompli. Il n’en était pas moins un produit de l’Esprit de Dieu, car le plan de Dieu ne se déroule pas avec une rigueur mécanique (1 Thessaloniciens 2.18).
Si l’on insiste sur le fait que Paul n’exprime pas seulement une appréhension, mais dit : Je sais, on peut supposer qu’aucun de ses auditeurs de Milet ne revit son visage.
Après un grand nombre d’années, ils pouvaient être morts ou dispersés
Solennelle conclusion de ce qui précède : Puisque je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu pour la rédemption du monde et le salut de vos âmes, je suis net de votre sang (Actes 18.6), innocent de votre mort, si vous vous perdez.
Je vous l’atteste, je vous en prends à témoin, en ce jour de notre dernière entrevue. De telles paroles et tout ce discours de Paul, nous révèlent en lui une conscience si pure, un apostolat tellement sanctifié, qu’on en reste humilié, saisi de crainte et de tremblement !
Donc, puisque sur vous seuls repose une si redoutable responsabilité (cette particule manque dans Codex Sinaiticus, B, A, D) ; c’est par là que l’apôtre passe à la dernière partie de son discours, à l’exhortation qu’il adresse à ses auditeurs et qui est rendue incisive par tout ce qui précède.
L’évêque (surveillant, verset 17, note) doit prendre garde, avec une sainte vigilance, d’abord à lui-même, à son âme, à sa vie chrétienne (1 Timothée 4.16), puis à tout le troupeau qui lui a été confié : par qui ? Par l’Église elle-même, sans doute ; mais comme c’est l’Esprit Saint qui vit et agit en elle, comme, avant tout, c’est de cet Esprit que l’évêque a reçu tous les dons qui le rendent capable de l’être (1 Corinthiens 12.4-30 ; Romains 12.6-8), c’est bien cet Esprit Saint qui l’a établi ; donc c’est envers lui qu’il est responsable.
La vocation de l’évêque ou du pasteur est de paître l’Église, c’est-à-dire de la nourrir de la parole divine et de la conduire, de la garder, comme le berger fait de son troupeau. De là vient cette expression figurée (comparer Ésaïe 40.11 ; Ézéchiel 34.2 et suivants ; 1 Pierre 5.2 ; Jean 21.15-17).
Mais l’Église n’appartient pas au pasteur, il ne doit jamais l’oublier ; c’est l’Église du Seigneur. Et ce qui doit la lui rendre infiniment précieuse et sacrée, c’est que le Seigneur l’a acquise, rachetée par son propre sang, c’est-à-dire par sa mort, par son sacrifice expiatoire ; en sorte que l’Église est sa propriété exclusive (Éphésiens 1.14 ; Éphésiens 2.14 ; 1 Pierre 2.9).
Ici se présente l’une des variantes les plus célèbres de tout le Nouveau Testament. Le texte reçu dit : l’Église de Dieu. Cette leçon a pour elle les deux plus anciens manuscrits, celui du Vatican et celui du Sinaï, onze minuscules, plusieurs versions et plusieurs Pères de l’Église.
Bengel, qui admet cette variante, fait aussi observer que Paul n’écrit jamais l’Église du Seigneur, mais toujours (onze fois) l’Église de Dieu. Ce texte est adopté par Westcott et Mort, Weiss, Nestle. D’autre part, A, C, D et un autre majuscules, quatorze minuscules, plusieurs versions orientales et de nombreux Pères portent l’Église du Seigneur, leçon admise par les critiques modernes Griesbach, Lachmann, Tischendorf, Blass. Enfin, quatre majuscules et une centaine de minuscules ont réuni les deux termes : du Seigneur et de Dieu, ce qui paraît n’être qu’une correction.
Nous nous décidons en faveur du terme : l’Église du Seigneur, dans la conviction que l’apôtre Paul n’aurait jamais employé cette expression : le sang de Dieu, qui n’est assurément pas biblique, ni appliqué le titre de Dieu à Jésus-Christ dans un passage où il insiste sur son sacrifice sanglant.
La version de Pau-Vevey porte : « l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre fils ».
Westcott et Hort émettent également la conjecture que le mot fils se trouvait à la fin de la phrase et a été omis parce que ses trois dernières lettres sont les mêmes, en grec, que les trois dernières de l’adjectif propre qui le précède.
Afin de donner plus de force à son exhortation (verset 28), l’apôtre introduit, en ces termes, sa prophétie : Car (manque dans Codex Sinaiticus, A, C, D) moi je sais.
L’apôtre avait acquis cette douloureuse certitude en voyant en Asie s’introduire dans les Églises les premiers germes d’erreur ; elle lui était donnée aussi par l’esprit prophétique qui était en lui.
Or les écrits postérieurs du Nouveau Testament (l’épître aux Colossiens ; les épîtres pastorales ; la 1re épître de Jean ; l’Apocalypse) attestent que cette prédiction s’est accomplie.
Ce ne sera pas seulement du dehors que viendront ces faux docteurs que Paul compare à des loups dangereux (comparez Matthieu 7.15 ; Luc 10.3 ; Jean 10.12), mais d’entre vous-mêmes, du sein des Églises.
Et dans quel but enseigneront-ils des choses perverties ? Afin d’attirer ou d’entraîner les disciples après eux.
Les sectaires ne vont pas chercher dans le monde les âmes qu’ils gagnent à leurs vues particulières ; ce sont les disciples, les croyants, qu’ils veulent entraîner, non pas après le Seigneur, mais après eux.
Les uns le font par un motif d’égoïsme et d’orgueil (Galates 4.17) ; les autres par cette étroite ignorance qui leur persuade qu’eux seuls possèdent la vérité.
Veillez sur le troupeau (verset 28) comme des bergers attentifs pour le défendre contre les loups (verset 29).
Les anciens d’Éphèse n’ont qu’à imiter l’exemple que leur a donné l’apôtre : vous souvenant.
Chaque mot de ce verset est un trait d’une valeur infinie, dépeignant le caractère apostolique de Paul : durant trois ans (Actes 19.10, note), sans cesse, nuit et jour, chacun, avec larmes (verset 19).
Larmes de joie, de douleur, de pitié, d’angoisse, d’amour. Ces larmes étaient une puissance dans le ministère de Paul.
Maintenant, dans ce moment d’une si grande séparation, après laquelle je ne pourrai plus rien faire pour vous (comparez Jean 17.11), je vous (grec) remets, je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce.
Cette parole de la grâce de Dieu, c’est tout l’Évangile (Actes 14.3), c’est une parole créatrice qui régénère et sanctifie les cœurs en répandant en eux la vie divine.
Aussi peut-on hésiter à rapporter les mots : qui est puissant pour édifier, à Dieu ou à la parole (Jacques 1.21) ; le grec permet les deux manières de construire la phrase ; la première nous parait cependant la plus naturelle.
Dieu est donc puissant pour vous (grec) surédifier.
Édifier, c’est bâtir, élever un édifice ; celui ci une fois commencé, il s’agit d’ajouter pierre sur pierre, jusqu’à son achèvement.
L’image signifie donc : amener la vie chrétienne à sa perfection. Dieu est puissant pour cela ; telle est la consolante assurance que Paul emporte à son départ.
Et à la fin Dieu couronnera son œuvre en donnant à ceux qui seront sanctifiés par sa Parole et son Esprit l’héritage éternel. Ce mot signifiait à l’origine la part dévolue par le sort aux tribus d’Israël dans la terre de la promesse (Matthieu 5.5) ; et d’après cette image la part des rachetés dans la Canaan céleste (Galates 3.18 ; 1 Pierre 1.4).
Plusieurs éditeurs et exégètes rattachent : en toutes choses (verset 35) à la proposition précédente (verset 34).
L’apôtre voulait, paraît-il, terminer son admirable discours par la parole d’adieu qui précède (verset 32) ; mais une pensée importante s’offre encore à lui et il l’ajoute : recommander aux anciens d’Éphèse le désintéressement dont il leur avait donné l’exemple, et cela, par égard pour les faibles, que scandaliserait la moindre apparence d’avarice.
L’apôtre s’en est bien gardé ; il a travaillé de ses mains pour subvenir à ses besoins (Actes 18.3, note) et même à ceux de ses compagnons d’œuvre, ce que nous ne savions pas d’ailleurs.
Les faibles sont les chrétiens mal affermis que les vues intéressées de leurs conducteurs ébranleraient dans leur foi (comparer : Romains 14.1 ; Romains 15.1 ; 1 Corinthiens 9.22, etc.) ; et il s’agit ici, non de les secourir matériellement, mais (grec) de les accueillir, de venir au devant d’eux, en leur évitant toute occasion de chute (1 Corinthiens 9.12).
Telle est l’interprétation de Calvin, de Meyer et de beaucoup d’exégètes.
Quelques Pères, Olshausen, de Wette, entendent par les faibles des pauvres, qu’il s’agirait d’assister ; mais ni le substantif ni le verbe n’ont cette signification. Et, bien que cette pensée en elle-même soit assurément dans les vues de l’apôtre, s’il avait voulu l’exprimer ici, il se serait servi d’autres termes (voir la note suivante).
On a souvent entendu cette parole du Sauveur aussi dans le sens de donner et recevoir des biens matériels. Et alors on s’imagine qu’elle exprime le sentiment de bonheur qu’un cœur sensible trouve à donner et les impressions pénibles qu’éprouve celui qui est dans la nécessité de recevoir.
Ce ne serait là, dans le premier qu’une volupté égoïste et raffinée, dans le second, que de l’orgueil.
La pensée de l’apôtre, dans l’application actuelle qu’il fait de la parole de Jésus, est qu’il est plus heureux pour un serviteur de Dieu de faire part de biens spirituels, même en s’imposant des privations et des fatigues que de travailler en vue d’une récompensé à recevoir.
Dans ce sens, la belle sentence de Jésus est susceptible d’applications diverses, si l’on en saisit bien l’esprit.
Cette parole, comme tant d’autres (Jean 20.30), n’a pas été conservée dans les Évangiles ; l’apôtre l’avait reçue par la tradition orale ou l’avait trouvée dans les nombreux écrits qui circulaient sur la vie du Sauveur (Luc 1.1).
C’est sous le regard de Dieu, à genoux, dans la prière, que l’apôtre veut dire adieu à ses frères.
Dans ces conditions, les séparations les plus douloureuses sont adoucies, car Dieu, son amour, sa communion restent le lien indissoluble entre ceux qui s’éloignent et ceux qui demeurent (comparer Actes 21.5).
Quelle scène émouvante et avec quelle vérité elle est décrite en quelques traits !
Tous répandent des larmes, ils embrassaient l’apôtre ; le verbe signifie baiser quelqu’un avec tendresse, tandis que l’imparfait indique que ces témoignages d’une vive affection se prolongèrent assez longtemps.
Puis ils l’accompagnaient jusqu’au vaisseau.
Quels trésors d’amour chrétien devaient remplir le cœur de cet apôtre, de cet homme si fort, de ce dialecticien si puissant, pour qu’il inspirât à ses alentours des sentiments si passionnés ! Son discours de Milet et toutes ses épîtres en sont le témoignage.