Verset à verset Double colonne
L’occasion de cette guérison
Comme Pierre et Jean montent au temple, à l’heure de la prière, on apporte un impotent de naissance qu’on mettait tous les jours à la porte du temple appelée la Belle pour qu’il y mendiât. Il demande l’aumône aux apôtres (1-3).
Son accomplissement
Pierre et Jean lui ordonnent de les regarder. C’est ce qu’il fait dans l’attente de recevoir quelque chose. Pierre déclare n’avoir ni or ni argent, mais donnant ce qu’il a, il commande à l’impotent, au nom de Jésus-Christ de Nazareth, de se lever et de marcher. Il le prend par la main et aussitôt ses pieds s’affermissent ; il se lève d’un saut et marche. Puis il entre dans le temple, louant Dieu (4-8).
L’effet produit
Le peuple, le voyant marcher et reconnaissant le mendiant de la Belle porte, est rempli d’étonnement (9, 10).
Après avoir raconté la Pentecôte, ses premiers effets et l’état de l’Église naissante, Luc consigne ici le récit d’une guérison importante en elle-même et sur tout à cause du second discours de Pierre, dont elle fut l’occasion.
Ensemble, voir Actes 2.47, 2e note.
Nous trouverons plusieurs fois dans la suite Pierre associé avec Jean. Partout c’est Pierre qui prend la parole et agit. Jean le seconde de sa présence, observe, contemple et amasse ce trésor d’expériences intimes qu’il déposera dans ses écrits.
La neuvième heure, trois heures après midi, était celle de la prière et de l’oblation du soir à laquelle les deux apôtres voulaient assister (Actes 10.3 ; comparez Actes 2.46).
Grec : « Un homme…était porté, au moment où les deux apôtres montaient ». Puisque cet homme devait être porté, il n’était pas seulement boiteux, mais impotent, paralysé, et cela (grec), dès le sein de sa mère ; il n’avait dont jamais pu marcher, et, en outre, il était indigent et réduit à demander l’aumône.
Les disciples ne passeront pas indifférents devant cette infortune.
La porte du temple appelée la Belle n’est pas connue d’ailleurs sous ce nom. Josèphe (Guerre des Juifs, V, 5 3), qui parle de neuf portes, en décrit une dixième comme plus magnifique que toutes les autres, composée d’airain de Corinthe, mais à laquelle il donne le nom de porte de Nicanor. Elle s’ouvrait sur le côté oriental du parvis extérieur, au-dessus de la vallée du Cédron.
Sans répondre directement à la demande du malheureux, les deux disciples le considèrent avec compassion. Pierre, pour réveiller son attention, entrer en rapport avec lui et s’assurer qu’il y avait en lui quelque réceptivité, lui dit : Regarde-nous.
Ce n’étaient pas seulement les regards, c’étaient les âmes qui devaient ainsi se rencontrer avant qu’une puissance divine pût passer de l’une à l’autre par la parole. L’indigent malade regarde attentivement ces étrangers qui lui témoignent tant d’intérêt, mais sans s’élever encore plus haut que l’espoir d’une aumône.
Nous trouverons plus loin une scène semblable (Actes 14.8-10).
On peut donc n’avoir ni argent ni or et posséder d’autres richesses infiniment plus précieuses et qui sont impérissables.
Au nom de signifie en l’autorité, par la puissance, car le nom exprime toutes les propriétés d’un être (Matthieu 6.9 ; Matthieu 28.19, notes).
Pierre donne volontiers au Seigneur ce nom de Jésus le Nazaréen (Actes 2.22), que le peuple lui appliquait avec une nuance de mépris, qui avait été inscrit sur la croix et qui contrastait ainsi d’une manière frappante avec la puissance divine que ce même nom allait manifester par la guérison de l’impotent.
Le texte reçu porte : « Lève-toi et marche ». Les mots soulignés manquent dans Codex Sinaiticus, B, D.
Leur introduction dans le texte peut avoir été provoquée par le : il le leva du verset 7 et par des formules analogues, Luc 5.23 et ailleurs.
Luc décrit très vivement cette scène.
L’action de Pierre qui lève le malade en le prenant par la main, la prompte obéissance du malade, ou, suivant d’autres, la soudaine conscience qu’il a d’être guéri et qui se manifeste dans le fait qu’il se met debout en sautant, sa vive reconnaissance qui s’exprime par des louanges, enfin l’étonnement du peuple, témoin du miracle, tout donne à cette guérison quelque chose de dramatique et porte le caractère de la vérité historique.
La guérison de l’impotent expliquée
L’impotent guéri s’attachant à Pierre et à Jean, le peuple accourt au portique de Salomon. Pierre exhorte ses auditeurs à ne pas les regarder, Jean et lui, comme s’ils avaient accompli ce miracle par leur propre puissance. Le Dieu de leurs pères a glorifié son serviteur Jésus ; eux, Juifs, l’ont renié devant Pilate ; ils ont préféré un meurtrier au Saint et au Juste ; ils ont fait mourir le Prince de la vie, mais Dieu l’a ressuscité des morts ; les disciples en sont témoins. C’est par la foi en son nom que cet homme a été guéri (11-16).
Appel à la conversion
Le texte reçu porte : Le boiteux qui avait été guéri, au lieu du pronom il, correction qui devait donner au récit plus de clarté.
Il s’attachait à eux (grec les retenait), ne pouvant se séparer de ses bienfaiteurs.
Quelques interprètes ont pensé qu’il voulait rester avec eux comme disciple de Jésus. Il le devint probablement, mais cette idée n’est pas fondée dans le texte.
Quant au portique de Salomon, où le peuple accourut pour voir encore le malade guéri, comparez Jean 10.23, note.
Grec : répondit au peuple, comme si l’étonnement de ce peuple et son empressement auprès des apôtres avaient signifié : Expliquez-nous ce miracle. Pierre saisit avec joie cette nouvelle occasion d’annoncer le Sauveur et d’exhorter ses auditeurs à la repentance.
Pourquoi vous étonnez-vous de ceci ? (Meyer) ou : au sujet de cet homme ? (Rilliet, Wendt, Holtzmann).
Avant tout, les disciples s’efforcent de détourner d’eux-mêmes l’attention du peuple et la gloire de ce miracle que leur propre puissance n’aurait pu effectuer ni leur piété mériter : (Jean 9.31) tout l’honneur en revient à Dieu. C’est là la vraie humilité, bien propre à ramener le peuple d’une vaine curiosité à la foi.
Les noms des patriarches que Pierre associe à celui de Dieu devaient rendre plus solennel son discours.
Une variante de Codex Sinaiticus, A, C, D, admise par Tischendorf, renferme trois fois le nom de Dieu : « Le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ».
C’est, d’après Exode 3.15 le nom complet du Dieu de l’alliance. « Le Dieu de nos pères » est, dans la pensée de l’apôtre, non le Dieu des patriarches seulement, mais celui de tous les ancêtres de ses auditeurs. Ce Dieu a glorifié Jésus, son Serviteur, il l’a glorifié par sa résurrection, par son élévation à sa droite, et, dans ce moment, par le fait que son nom a suffi pour guérir un malheureux paralytique dès sa naissance (versets 4 et 16).
Mais contraste criant, Celui que Dieu a ainsi glorifié, vous, vous l’avez livré, renié, et cela (grec), à la face de Pilate, qui, moins injuste que vous, avait décidé (grec jugé, prononcé son jugement) de le relâcher comme innocent (voir entre autres passages Luc 23.14-16 ; Jean 18.38-39 ; Jean 19.12).
Quant à cette accusation directe que Pierre porte contre ses auditeurs, voir Actes 2.23, note.
Le mot que nous traduisons par serviteur (et qui se retrouve Actes 3.26 ; Actes 4.27-30) signifie aussi enfant et on l’a souvent rendu par fils, Fils de Dieu ; mais comme on sait que c’est là le terme par lequel les Septante désignent constamment le serviteur de l’Éternel (Ésaïe 42.1 ; Ésaïe 52.13, etc.), il n’y a pas le moindre doute que ce soit dans ce sens qu’il doive être entendu ici.
Ce serviteur qui s’est montré tel dans toute sa vie est ainsi devenu le Sauveur, selon la belle signification du nom de Jésus.
Mais vous (par opposition à Dieu qui l’a glorifié), vous avez renié le Saint et le Juste, le seul saint, le seul juste, vous lui avez préféré un meurtrier ! (Matthieu 27.21 ; Luc 23.18 ; Jean 18.40)
Avec quelle sainte hardiesse Pierre peut prononcer ce mot renié, tellement il est assuré que Dieu lui a pardonné son propre reniement, dont il porte dans son cœur le douloureux souvenir I Et quelle n’est pas la certitude historique de tous ces faits relatifs à la mort de Jésus, que l’apôtre peut proclamer ainsi devant tout Jérusalem qui les connaissait !
Grec : vous avez tué le Prince de la vie ! Crime et folie, car Dieu l’a ressuscité, de quoi nous sommes témoins (Actes 2.32). Simplicité et grandeur caractérisent ce témoignage.
Le mot rendu par Prince signifie celui qui conduit à la vie ou celui qui est l’auteur de la vie (Actes 5.31 ; Hébreux 2.10 ; Hébreux 12.2). Ici donc l’auteur de la vie, de toute vie (Jean 1.4 ; Jean 5.26 ; Jean 10.10 ; Jean 11.25 ; Jean 14.6).
L’apôtre conclut cette première partie de son discours en revenant au miracle qui en est l’occasion et dont il indique ici clairement la cause, afin d’en rapporter toute la gloire au Seigneur.
Cette cause, c’est uniquement le nom de Jésus ressuscité, glorifié (versets 13 et 15) et invoqué par la foi.
Mais Pierre n’exprime pas cette pensée d’une manière si simple il accumule les termes, jusqu’à faire une phrase incorrecte, afin d’accentuer plus vivement l’idée qu’il n’y a eu dans cette guérison que ces deux facteurs, le nom de Jésus et la foi.
Ces deux propositions, qui semblent une répétition l’une de l’autre, ne disent donc pas la même chose ; l’une explique l’origine du miracle, l’autre l’origine de la foi ; l’une montre l’impotent affermi l’autre parfaitement guéri.
Quelle puissance de conviction n’y a-t-il pas dans ce fait ! Cet homme guéri, vous le voyez, vous le connaissez, c’est en présence de vous tous que la foi au nom de Jésus lui a donné cette parfaite santé ou, selon la version de Pauvevey, cette entière disposition de tous ses membres.
Notre traduction et l’explication que nous en donnons, d’accord avec la plupart des commentateurs, se base sur le texte tel qu’il est ponctué dans la plupart des éditions.
M. Blass a adopté une ponctuation différente, déjà proposée par Lachmann : Et par la foi en son nom, Dieu a raffermi cet homme que vous voyez ! Et que vous connaissez. Son nom, et (c’est-à-dire) la foi produite par lui, a donné à cet homme, etc.
La pensée reste la même, mais elle est énoncée plus clairement.
L’apôtre affirme :
Au lieu de : la foi qui est produite par lui (Jésus), on pourrait traduire aussi : la foi qui opère par lui, c’est-à-dire par le nom de Jésus.
L’apôtre poursuit d’un ton affectueux (frères), voulant persuader ses auditeurs que, malgré l’énormité de leur crime, il y a encore lieu pour eux à la repentance et au salut (verset 19).
En effet, en mettant à mort le Saint et le Juste, le Prince de la vie (versets 14 et 15), ils ont agi par ignorance, ne le connaissant pas comme tel, non plus que leurs chefs (Luc 23.34 ; 1 Corinthiens 2.8, notes).
De plus, tout cela a été conduit par le conseil de la miséricorde de Dieu et annoncé par les prophètes (verset 18).
Ce mot : tous les prophètes, dans lequel on a trouvé une hyperbole, se justifie cependant (Luc 24.27-44), car si tous les prophètes n’annoncent pas spécialement les souffrances de Christ, la délivrance messianique objet de toutes les prophéties, a été réalisée par les souffrances et la mort du Sauveur (Actes 3.24 ; Actes 10.43)
Le grec porte littéralement : Dieu a accompli les choses qu’il avait annoncées son Christ souffrir.
Nos versions traduisent inexactement : ce qu’il avait annoncé, à savoir que son Christ devait souffrir.
La repentance, changement complet de disposition morale (Matthieu 3.2, 1re note) a pour effet la conversion, c’est-à-dire le retour vers Dieu qui est la source du pardon et de la vie éternelle.
Aussi le fruit de cette transformation intérieure de l’homme est-il que ses péchés sont, non seulement pardonnés, mais effacés annulés, anéantis.
L’image est prise d’un écrit, d’un compte, qu’on biffe pour lui ôter toute valeur (Colossiens 2.14 ; Psaumes 51.3-11 ; Ésaïe 43.25 ; Ésaïe 44.22). Cette pensée répond à un profond besoin de la conscience humaine.
Ici l’apôtre s’élève par l’Esprit prophétique jusqu’aux plus magnifiques perspectives de l’avenir, déjà annoncées par les prophètes (versets 22-26).
Mais il faut remarquer son point de départ, la raison de telles espérances.
Repentez-vous, convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, a-t-il dit (verset 19), afin que viennent des temps de rafraîchissement.
Ainsi ces temps heureux dépendent de la conversion des âmes et de l’annulation des péchés ; condition conforme à la nature des choses et indiquée encore ailleurs (2 Pierre 3.12). Jésus lui-même avait annoncé cette vérité (Matthieu 24.14).
Ces temps de rafraîchissement viendront après d’autres temps de travaux, de fatigues, où les hommes auront porté « le poids et la chaleur du jour » ils seront pour le peuple de Dieu la « consolation d’Israël » (Luc 2.25), le « soulagement » (2 Thessaloniciens 1.7), le « repos » (Hébreux 4.9).
Ils viendront de la part du Seigneur (grec de sa face, de sa présence) ; et ce qu’il faut entendre par là, Pierre le dit clairement par les mots suivants : et qu’il envoie le Christ, le Messie, qui vous a été destiné d’avance, Jésus.
Il s’agit donc du retour de Christ pour recueillir ses rachetés et élever son règne à la perfection. Toutes les autres explications qu’on a données de ce passage tombent en présence d’un texte si clair (voir les deux notes suivantes).
Le texte reçu porte : « le Christ qui vous a été prêché d’avance » (par les prophètes). La variante ici adoptée d’après des autorités décisives (tous les majuscules) signifie que Dieu a destiné d’avance le Sauveur avant tout à son peuple d’Israël (à vous) et par lui à toute l’humanité (comparer 1 Pierre 1.20).
Christ, ayant achevé son œuvre sur la terre, a été reçu, il est vrai, dans le repos et la gloire du ciel, mais il ne doit pas y rester, il en reviendra au temps marqué, dont l’apôtre vient de parler et dont il va parler encore. Cette déclaration n’est point en contradiction avec la promesse de Jésus-Christ que « partout où deux ou trois sont assemblés en son nom, il est là au milieu d’eux ; » (Matthieu 18.20) car « toute puissance lui a été donnée au ciel et sur la terre » (Matthieu 28.18) ; mais la pensée de notre texte est totalement opposée à l’idée d’un règne personnel de Christ sur la terre, destiné à opérer la conversion du monde.
Des interprètes luthériens, pour ne pas porter atteinte au dogme de l’ubiquité du corps de Christ, traduisent ainsi ces paroles : « Lequel doit occuper le ciel » (le remplir). Ils prennent l’objet pour le sujet, ce que le grec permet, mais ils donnent au verbe le sens « d’occuper » qui ne peut être établi.
Le rétablissement de toutes choses, leur restitution ou réintégration dans leur état normal, parfait, voulu de Dieu, telle sera l’œuvre finale du Sauveur à sa seconde venue. C’est là ce que Jésus appelle la palingénésie ou renaissance et qu’il accomplira quand il « s’assiéra sur le trône de sa gloire » (Matthieu 19.28).
Cette rénovation s’étendra à tout ce que Dieu aura créé (toutes choses) ; c’est pourquoi le prophète de Patmos voit « de nouveaux cieux et une nouvelle terre » (Apocalypse 21.1).
Aussi cette grande parole de Pierre est elle devenue le terme classique de ceux qui attendent le salut final de tous les hommes et même du démon, leur grand adversaire. Ce serait là assurément la plus magnifique solution de l’avenir, si elle était clairement révélée dans l’Écriture.
Ici, deux erreurs à réfuter :
Qui donc l’accomplirait ? Ces erreurs tombent en présence du contexte qui nous montre les temps de rafraîchissement, le retour de Christ (verset 20) et le rétablissement (verset 21) comme simultanés.
La plupart des versions portent : « les temps du rétablissement de toutes choses dont (desquels temps) Dieu a parlé ».
Il paraît plus conforme au grec de traduire : le rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé (Holtzmann, Wendt, Blass).
Toutes les promesses des prophètes relatives aux temps messianiques auront alors leur accomplissement. La restauration de la nature elle-même est au nombre des « choses dont Dieu a parlé par les prophètes » (Ésaïe 11.6-9).
Le rétablissement, dans la pensée de l’apôtre, ne saurait donc être limité au domaine moral et ce fait à lui seul prouve qu’il ne précède pas, mais suit l’avènement glorieux de Jésus-Christ.
Pierre vient de dire que les temps heureux dont il parle ont été annoncés par les saints prophètes dès les siècles anciens (versets 18 et 21 ; comparez Luc 1.70).
Maintenant il va citer quelques-uns de ces prophètes en commençant par Moïse, le plus ancien de tous.
Le texte reçu porte : car Moïse a dit à nos pères. Les mots soulignés ne sont pas authentiques.
Quiconque, grec « toute âme qui… », Deutéronome 18.15-19, cité librement d’après les Septante.
L’hébreu porte : « L’Éternel ton Dieu te suscitera du milieu de toi, d’entre tes frères, un prophète comme moi, vous l’écouterez et il arrivera que l’homme qui n’écoutera pas mes paroles qu’il dira en mon nom, moi je lui en demanderai compte » (verset 19).
On voit les légères différences, le sens reste le même au fond.
Seulement le dernier mot : Je lui en demanderai compte, que les Septante traduisent : J’en ferai justice, est rendu ici par un terme très usité dans l’Ancien Testament : sera exterminé du milieu du peuple. Cette expression signifie proprement : sera puni de mort.
Pierre entend par là : sera exclu du milieu du peuple de Dieu et de son royaume.
Par cette exclusion des rebelles, par la suppression de tout élément hostile et mauvais (1 Corinthiens 15.25), s’opérera le « rétablissement de toutes choses ». Ainsi ce dernier a été prédit par Moïse déjà. Moïse annonçait dans cette même parole celui qui devait en être l’auteur.
L’application au Messie du passage cité présente quelque difficulté. Il y est question des prophètes qui devaient succéder à Moïse comme organes de l’Éternel.
On pourrait presser les termes : « un prophète comme moi » et leur faire signifier : un prophète fondateur qui inaugurera un ordre de choses nouveau, comme j’ai institué l’alliance du Sinaï. Mais il sera plus naturel et plus conforme au sens historique du passage, de dire, avec Calvin, que cette parole « s’adressait à Christ sur tous autres : non seulement pour ce qu’il est le Prince de tous les prophètes mais aussi pour ce que toutes les prophéties précédentes s’adressaient à lui et que Dieu a finalement parlé en perfection par la bouche d’iceluy » (comparer Hébreux 1.1).
Cette prophétie est également appliquée au Messie par Étienne (Actes 7.37).
Ces jours, c’est-à-dire ces mêmes jours que Pierre annonce ici à ses auditeurs (verset 21).
Après Moïse, il nomme Samuel et ceux qui l’ont suivi, parce que c’est dès l’époque de Samuel que l’on constate la présence d’écoles des prophètes et que le prophétisme commença à se développer en Israël (comparer Luc 24.27)
B, A portent : vos pères.
Westcott et Hort, Nestle, plusieurs autres pensent que c’est la leçon originale.
Afin d’offrir à ses auditeurs et à tout son peuple les éternelles bénédictions dont il vient de parler, l’apôtre leur rappelle qu’ils sont les fils des prophètes, ceux en faveur de qui ils ont parlé et par conséquent aussi les fils, c’est-à-dire les héritiers, de l’alliance traitée avec les pères.
Cette alliance avait pour charte la parole immuable souvent répétée à Abraham : Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité (Genèse 12.3 à 22.18).
À vous premièrement, qui êtes les héritiers de l’alliance et de la bénédiction (verset 25), Dieu a suscité et envoyé son serviteur (c’est-à-dire : son fils, Jésus-Christ : voir sur ce mot serviteur, verset 13, note) pour vous bénir, en vous faisant part de toutes les grâces qu’il a promises par ses prophètes (versets 20-25).
Mais cette bénédiction, vous n’y aurez part que par la repentance (verset 19) que Dieu veut opérer en vous et qui vous fera haïr et abandonner vos méchancetés (B porte les méchancetés).
La plupart de nos versions françaises, avec les anciens commentateurs, traduisent : en détournant chacun de vos méchancetés ; la bénédiction offerte consisterait dans la sanctification opérée par Dieu. Ils se fondent sur le fait que le verbe employé a toujours le sens actif dans le Nouveau Testament.
Mais comme il se trouve dans les Septante avec le sens réfléchi : se détourner, les interprètes modernes (Reuss, Holtzmann, Wendt) préfèrent la traduction que nous avons adoptée. Elle met dans la bouche de l’apôtre un appel semblable à celui du verset 19 et qui est bien à sa place au terme de ce discours.
Après avoir annoncé les plus riches grâces de l’Évangile, Pierre prêche la conversion par laquelle l’homme doit les saisir. Et cet appel ne fut pas vain, car sa prédication puissante eut un magnifique résultat (Actes 4.4).
Il ne faudrait pas croire toutefois que l’apôtre, tout pénétré qu’il était des privilèges de son peuple, s’enfermât dans le particularisme juif.
Ce mot : À vous premièrement, ouvre une vaste perspective sur d’autres peuples qui auront part aux bénédictions de l’Évangile.
C’est, comme l’observe Olshausen, l’Esprit de Dieu qui élève l’apôtre à cette vue de l’avenir. Il lui faudra ensuite une révélation spéciale pour comprendre et accepter que le salut est destiné aux païens comme aux Juifs (Actes 10 ; Actes 11.17 ; Actes 15.7-11. Comparer Actes 2.39, note).