Verset à verset Double colonne
Pierre et Jean mis en prison
Les autorités sacerdotales et spécialement les sadducéens, irrités de ce que les apôtres enseignaient la résurrection au peuple en lui prêchant Jésus, se saisissent d’eux et les mettent en prison jusqu’au jour suivant. Beaucoup de gens parviennent à la foi ; le nombre des croyants s’élève à près de cinq mille (1-4).
Ils comparaissent devant le sanhédrin
Le grand succès des deux discours de Pierre et le nombre croissant des chrétiens (verset 4) devaient nécessairement attirer l’attention et provoquer l’opposition des adversaires. À leur tête étaient les sacrificateurs.
Tischendorf, Nestle, Wendt conservent le texte reçu : les sacrificateurs, leçon fortement documentée.
Westcott et Hort ont admis la variante : les principaux sacrificateurs, qui se lit dans B, C.
Ce terme très usité dans les évangiles a probablement été substitué à l’autre par un correcteur.
Avec eux se trouvaient les sadducéens qui avaient entendu le discours de Pierre (verset 2, note. Voir, sur ce parti politico-religieux, Matthieu 3.7, 1re note).
Déjà ils avaient fait avertir le commandant du temple, chef de la garde du temple, qui était lui-même sacrificateur, qu’un grand rassemblement de peuple se trouvait sous un des portiques (Actes 3.11) la fonction de ce chef était de maintenir l’ordre dans le temple et aux abords.
Tous survinrent pendant que les disciples parlaient au peuple.
Deux choses leur causaient cette peine, ce profond dépit, cette vexation d’esprit : c’est d’abord que les disciples enseignaient le peuple et obtenaient sur lui une influence qui menaçait celle de ses chefs ; ensuite qu’ils annonçaient la résurrection.
Ceci contrariait surtout les sadducéens, qui niaient la vie à venir (Matthieu 22.23) et qui avaient entendu Pierre parler de la résurrection de Jésus (Actes 3.15). Ils estimaient avec raison que c’était là prêcher la doctrine de la résurrection en général (1 Corinthiens 15.12, suivants).
C’est ce que signifient les termes : En Jésus la résurrection d’entre les morts : elle n’est qu’en lui et par lui.
Pierre et Jean étaient montés au temple a trois heures de l’après-midi et avaient assisté à la prière (Actes 3.1).
Après la guérison de l’impotent (Actes 3.2 et suivants) et le discours prolongé de Pierre, la nuit devait approcher ; on ne pouvait donc plus assembler le sanhédrin et faire comparaître les apôtres devant lui. C’est pourquoi ils furent mis en prison jusqu’au lendemain.
Mais, malgré la persécution qui commençait, un grand nombre crurent, par la parole qu’ils venaient d’entendre.
Le nombre des croyants s’éleva à environ cinq mille. Il faut comprendre probablement dans ce nombre les trois mille qui furent convertis par le premier discours de Pierre (Actes 2.41) et ceux que le Seigneur ajoutait chaque jour à L’Église (Actes 2.47).
L’article manque, il est vrai, devant nombre : plusieurs en concluent que les cinq mille furent amenés à la conversion par le second discours seul.
Cinq mille hommes, dit le texte, ce qui prouve que les femmes converties n’y étaient pas comprises. Quelques interprètes (de Wette Ebrard, Wendt) pensent qu’on peut entendre par hommes des personnes des deux sexes (Matthieu 14.35 ; Luc 11.31 ; comparez Actes 2.41) ; mais le mot grec ne désigne que des personnes de sexe masculin et en outre, comme l’observe Meyer, ce sens est confirmé par Actes 5.14 où les hommes sont distingués des femmes.
Grec : Leurs chefs, c’est-à-dire les chefs des Juifs, c’était le titre général de tous les membres du sanhédrin (voir sur ce corps Matthieu 5.22 note), tandis que les anciens et les scribes en étaient des classes spéciales.
Les mots à Jérusalem, avec la préposition qui implique le mouvement vers la ville, d’après la leçon du texte reçu et du Codex Sinaiticus adoptée par Tischendorf, supposent que les membres du conseil, en villégiature, n’habitaient pas alors la ville et qu’ils durent s’y rendre à cette occasion.
La leçon de B, A, D, dans Jérusalem (sans mouvement), admise par la plupart des critiques, semble une adjonction assez inutile, puisqu’il va sans dire que le siège du sanhédrin est à Jérusalem.
On a proposé de rattacher ce complément au mot scribes exclusivement. L’auteur voudrait distinguer les scribes de Jérusalem de ceux de la Galilée.
Luc ne pouvait pas ignorer qu’Anne n’avait plus que le titre honorifique de souverain sacrificateur, tandis que Caïphe, son gendre, en avait la charge (comparer Luc 3.2 ; Jean 11.49 ; Jean 18.13, notes).
Jean (D porte : Jonathas) et Alexandre sont des noms sans doute alors marquants dans la race des souverains sacrificateurs, mais aujourd’hui inconnus et sur lesquels on n’a que des conjectures.
Par quel pouvoir ou en quelle autorité ? Et ils ajoutent en quel nom (invoqué par vous) ? Ils savaient bien que ce nom était celui de Jésus (Actes 3.6-16) ; mais ils voulaient précisément leur arracher cet aveu (verset 10), afin de les accuser comme des blasphémateurs qui substituaient le nom de Jésus au nom de Jéhovah, ou comme des rebelles, agissant au nom d’un homme qui avait été crucifié pour avoir aspiré à la royauté.
N’osant pas et ne voulant pas articuler comme grief une guérison miraculeuse, ils se contentent de désigner le fait par ce mot : cela. C’était bien là le seul chef d’accusation auquel ils pussent s’arrêter, mais, sans aucun doute, ce qui les irritait le plus, c’était l’influence acquise sur le peuple par la prédication des disciples (verset 2).
Rempli d’Esprit Saint (comparer Actes 13.9).
Cette expression ne signifie pas seulement que les apôtres ne parlaient pas par leurs propres forces, mais par celles du Saint-Esprit ; elle indique plutôt que cet Esprit, toujours agissant en eux, leur accordait un secours spécial dans ces moments solennels.
C’était là, au reste, l’accomplissement littéral de la promesse de Jésus-Christ (Matthieu 10.19-20).
Que l’on compare Pierre, devant cette imposante assemblée des personnages les plus savants et les plus puissants, avec le disciple reniant son Maître (Matthieu 26.70) et l’on comprendra ce que furent les langues de feu de la Pentecôte.
L’apôtre s’adresse d’abord aux chefs de son peuple et aux anciens (le texte reçu ajoute : d’Israël, mots qui manquent dans Codex Sinaiticus, B, A) en termes respectueux qui montrent qu’il les reconnaissait comme tels.
Mais, qu’il l’ait voulu ou non, quelle fine et mordante ironie dans ce contraste ! Être recherchés (être l’objet d’une enquête) pour (grec) un acte de bienfaisance à un homme malade !
Pierre rappelle en cela son Maître (Jean 10.32). Ce qu’il y a d’extraordinaire dans cette situation est relevé, en grec, par l’emploi de la conjonction si au lieu de puisque : si vraiment nous sommes recherchés, si une telle contradiction est possible !
Par quel moyen il a été, non pas guéri, selon nos versions, mais sauvé ; ici, comme toujours, la guérison n’avait pas seulement en vue le corps, mais l’âme et son salut (Matthieu 9.22, note).
Quelle sainte hardiesse dans ces paroles ! Non seulement il attribue le miracle à ce nom, odieux à ses juges, Jésus-Christ le Nazaréen, mais l’accusé se faisant accusateur ajoute : que vous avez crucifié, que Dieu a ressuscité (grec réveillé) des morts.
Il faut remarquer le vif contraste que forment ces deux que, qui ne sont liés par aucune particule.
Puis le courageux confesseur répète avec solennité : C’est par lui que (grec) celui-ci paraît en votre présence plein de santé !
Par lui, ce pronom peut être au neutre, se rapportant au nom de Jésus (Wendt) ou au masculin désignant Jésus-Christ lui-même (Meyer, Holtzmann).
On s’est demandé comment il se fait que le malade guéri pût assister à cette audience. Il n’y a pas de doute que les juges ne l’aient assigné comme témoin, espérant tirer de lui quelque sujet d’accusation, sans réfléchir que sa présence devait leur fermer la bouche (verset 14).
Psaumes 118.22 Admirable et hardie application de cette parole célèbre !
Lui est cette pierre rejetée par vous, mais devenue la principale de l’angle (comparer 1 Pierre 2.4-7) !
Ce n’était pas la première fois que cette prophétie était appliquée à ces mémés architectes de la théocratie (Matthieu 21.42 ; Luc 20.17), ils pouvaient s’en souvenir.
Par la belle image du verset 11, l’apôtre avait déjà dit que l’unique fondement du salut était cette pierre rejetée par les hommes et devenue la principale de l’angle.
Mais il tient à le déclarer encore sans figure et il le fait sous deux formes différentes, afin d’accentuer aussi fortement que possible cette vérité absolue.
Plusieurs l’ont trouvée trop absolue, trop exclusive ; mais ceux qui, par leur expérience, ont acquis une notion exacte du péché et de la justice divine, savent que nul ne peut être sauvé sans un Sauveur.
Seulement on se représente difficilement la hardiesse dont Pierre fit preuve en présentant au sanhédrin ce nom de Jésus de Nazareth (v 10) comme le seul que Dieu ait donné parmi les hommes, c’est-à-dire au sein de notre humanité déchue, par lequel il nous (B : vous) faut être sauvé.
Il le faut : cette nécessité est fondé dans la nature des choses et dans la volonté souveraine de Dieu.
Le sujet de l’étonnement des membres du sanhédrin, c’est que des hommes sans instruction (grec), non lettrés, qui n’avaient pas passé par les études rabbiniques, et, en outre, de simples laïques, du commun peuple, pussent parler devant le conseil suprême de la nation avec cette assurance, ou plutôt cette liberté cette hardiesse.
Tel est le sens du terme original. La simple éloquence des disciples, inspirée par l’Esprit de Dieu, était d’autant plus étonnante, en effet, que leur liberté et leur vie dépendaient de leurs auditeurs.
Que signifie la dernière remarque de ce verset. ? Est-ce simplement une confirmation de l’idée que les disciples étaient des hommes sans culture, de simples Galiléens, puisqu’ils avaient été vus dans l’entourage de Jésus ? Ces paroles ne veulent-elles pas dire que les adversaires reconnaissaient dans la sainte assurance de ces hommes sans lettres quelque chose de l’autorité et de la puissance de leur Maître ?
Grec : rien à contredire.
En présence de ce témoin vivant du miracle, ils ne pouvaient pas songer à le nier (verset 16) ; et comme tout le peuple en était dans l’admiration (verset 2), cette considération leur imposait une certaine prudence.
Ce que le sanhédrin veut empêcher de se répandre, c’est à la fois le bruit du miracle (verset 16) et l’enseignement apostolique, auquel ce miracle accompli au nom de Jésus donnait une autorité particulière.
C’est pourquoi il défend avec menaces aux apôtres de parler ou d’enseigner en ce nom-là.
Leur silence, dans ces circonstances, importait aux chefs de la théocratie, menacés dans leur influence sur le peuple.
Le grand principe ici posé par l’apôtre et qui se fondait sur une parole du Maître (Matthieu 22.21), suppose deux choses sans lesquelles il pourrait devenir dangereux :
C’est ce que firent toujours les apôtres. Leur principe n’a donc rien de révolutionnaire.
Aussi peuvent-ils en appeler directement au jugement de Dieu et même au jugement du tribunal où ils comparaissent : Jugez devant Dieu.
Bien plus, ils répéteront ce principe, sous la forme d’une affirmation catégorique, après avoir fait l’expérience des dures conséquences qui devaient en découler pour eux (Actes 5.29).
Pourquoi ne peuvent-ils pas ?
Parce que les choses qu’ils ont vues et entendues sont la vérité divine qui leur a été confiée pour le salut du monde ; or cette vérité ne leur appartient pas ils seraient des prévaricateurs s’ils la taisaient ; cela leur est moralement impossible.
C’est là l’origine de ce mot fameux dont une hiérarchie mondaine a tant abusé : Non possumus.
Les apôtres s’en vont absous pour le moment ; mais ce n’est ni la vérité qu’ils ont entendue ni un sentiment de justice qui impose à leurs juges cette modération ; c’est la crainte du peuple, c’est-à-dire leur politique égoïste.
Car quant à eux, ils prononcent de nouvelles menaces, ignorant le pouvoir de la conscience en ces hommes qui ne pourront leur obéir.
La dernière remarque de Luc, sur l’âge de l’impotent guéri, est destinée à faire ressortir la grandeur du miracle dont tout le peuple glorifiait Dieu.
Le retour de Pierre et de Jean
Relâchés, ils vont vers les disciples et leur communiquent la défense que leur a faite le sanhédrin (23).
L’Église en appelle à Dieu
Réponse divine
Après leur prière, la maison tremble, ils sont remplis du Saint-Esprit et prêchent avec assurance (31).
Vers les leurs ; qui est-ce que Luc entend par là ?
Selon quelques exégètes (de Wette, Meyer), ce seraient les autres apôtres qui, probablement, demeuraient ensemble et qui (verset 31) annonçaient la parole de Dieu.
Il est beaucoup plus naturel de penser, avec Ebrard, Lechler et Wendt, qu’il s’agit d’une manière plus générale de ceux qui partageaient leur foi.
Une assemblée de disciples était en prières, tandis que Pierre et Jean comparaissaient devant le sanhédrin et ceux-ci, délivrés, se rendirent au lieu où les frères avaient coutume de se réunir (comparer Actes 12.5-12).
Faut-il avec quelques interprètes, entendre ces mots dans ce sens que tous ensemble se mirent à prier à haute voix ? Ou bien que l’un d’entre eux priait et que le commun accord était dans les cœurs qui s’élevaient à Dieu d’un même élan ? Nous pensons que ce dernier sens est le vrai.
Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est de se pénétrer de la beauté et de la force de cette prière.
Ces mots : Le ciel et la terre et la mer désignent tout l’univers.
Or, dire à Dieu qu’il a fait toutes choses c’est croire en lui, se confier en lui de la manière la plus absolue. Jamais en effet le Dieu vivant et vrai n’a manifesté sa puissance infinie d’une manière aussi éclatante que par la création du monde. Et ce monde qu’il a tiré du néant, il le conserve, il le gouverne.
De là vient que cette affirmation se retrouve sans cesse dans l’Écriture surtout dans les prières des serviteurs de Dieu, car elle est le fondement de leur confiance en lui (Psaumes 124.8 ; Ésaïe 37.15 et souvent ailleurs). L’Église chrétienne a trop oublié que le Dieu de la création qui se montre à nous dans ses œuvres (Romains 1.20), est le même Dieu que le Dieu de la Rédemption et de la grâce.
Le mot que nos versions ordinaires rendent par Seigneur n’est pas le même qui reparaît sans cesse dans le Nouveau Testament et qui, dans la version grecque des Septante, est la traduction constante du nom de Jéhovah ; nous avons ici un autre titre qui signifie maître, celui qui commande : il est attribué à Dieu (Luc 2.29) et à Christ (2 Pierre 2.1)
Le texte reçu, avec D, version syriaque, etc., porte : « Toi le Dieu qui… » Ce mot Dieu manque dans Codex Sinaiticus B, A, la vulgate ; les critiques l’omettent.
Nous conservons le texte reçu qui avec la plupart des minuscules et d’autres témoins, omet les mots : notre père et par l’Esprit Saint.
Ces mots se lisent dans la plupart des majuscules, des versions (D versions syriaques et copte omettent : notre père) et des Pères ; mais ils ont tout l’air d’avoir été ajoutés par des copistes désireux de compléter la pensée.
Dans les meilleurs manuscrits (Codex Sinaiticus, B, A, E) on lit : par l’Esprit Saint de la bouche de David (le second par manque), ce qui est évidemment une faute de copie. Et d’ailleurs, l’expression : Dieu a parlé par l’Esprit Saint, est étrangère au Nouveau Testament et constitue un pléonasme.
Le passage cité est le commencement du Psaume 2 emprunté à la version des Septante et conforme à l’hébreu. Ce Psaume, n’ayant point de titre, est attribué à David, selon l’usage des Juifs qui faisaient remonter à ce roi tous les Psaumes dont l’origine n’était pas connue. Ce Psaume a été considéré comme messianique, soit par les docteurs juifs, soit par les écrivains du Nouveau Testament (voir Actes 13.33 ; Hébreux 1.5 ; Hébreux 5.5 ; Apocalypse 2.26-27 ; Apocalypse 12.5 ; Apocalypse 19.15).
Christ est la traduction grecque de Messie, Oint, oint de l’Esprit de Dieu (Actes 4.27 ; Actes 10.38).
Il est probable que dans la signification historique du Psaume cet oint de l’Éternel, contre lequel se révoltaient des ennemis, était le roi d’Israël lui-même. Mais en même temps, le psalmiste considère ce roi comme type du Messie. En effet, ce chant renferme des expressions qui ne sont applicables à aucun monarque terrestre, mais uniquement au vrai Roi d’Israël.
Les paroles du Psaume sont appliquées directement aux diverses classes d’hommes qui, dans leur aveuglement, avaient pris une part quelconque au crucifiement du Sauveur et qui maintenant le persécutent dans ses disciples.
Les disciples ne pensent point à eux-mêmes, mais uniquement au saint serviteur de Dieu (voir sur ce mot, qui revient au verset 30 et qui signifie proprement enfant, Actes 3.13, note), que ses ennemis ont mis à mort. Mais en le faisant, ces rebelles n’ont pu que « projeter des choses vaines » (verset 25), car sans le savoir et sans le vouloir ils ont accompli ce que la main (la puissance) et le conseil (la sagesse) de Dieu avaient d’avance déterminé (Actes 2.23 note, Actes 3.18).
Il faut remarquer, verset 27, le mot : dans cette ville (Sin, B, A, D, versions.), omis à tort par le texte reçu.
Maintenant regarde, Seigneur, leurs menaces !
Leurs se rapporte grammaticalement aux personnages énumérés au verset 27, logiquement aux chefs actuels d’Israël, animés du même esprit et qui venaient de proférer de nouvelles menaces (verset 21).
Quelle confiance exprime la requête des disciples !
Ils demandent à leur Seigneur deux choses : une pleine assurance, une sainte hardiesse pour annoncer sa Parole, précisément ce que les chefs du peuple leur ont défendu (verset 17) ; puis le pouvoir de faire des guérisons et d’autres miracles, qui réveilleront l’attention du peuple pour la prédication de l’Évangile (grec) ; que tu étendes la main pour guérison et pour qu’il se fasse signes et prodiges… (comparer 1 Rois 8.42 ; Ézéchiel 20.33)
Dieu donne immédiatement aux disciples le signe certain que leur prière est exaucée.
Il les remplit de son Saint-Esprit (comparez verset 8, note) ; et les apôtres (tel est probablement le sujet sous-entendu) annonçaient la parole de Dieu avec une pleine assurance, malgré la défense du sanhédrin (verset 29).
Cette effusion nouvelle de l’Esprit fut accompagnée d’un tremblement de la maison où ils étaient, comme au jour de la Pentecôte (Actes 2.2). Par ce phénomène, qu’il ne faut pas confondre avec un tremblement de terre ordinaire, puisqu’il fut limité à cette maison, Dieu leur donna un signe extérieur de sa présence et de sa puissance.
Charité et union des croyants
Fraude et châtiment d’Ananias et de Saphira
Grec : Un seul cœur et âme, c’est-à-dire que la plus intime union de pensée, de volonté et de sentiment existait entre ces croyants ; la même foi et le même amour pour le même Sauveur, tel était le lien qui les unissait.
C’est là essentiellement ce qui constitue l’Église (Philippiens 1.27 ; Philippiens 2.2 ; comparez 1 Chroniques 12.38). Or l’Esprit seul crée cette précieuse unité des âmes, naturellement séparées par l’égoïsme.
Pour la seconde fois (Actes 2.42-47), Luc trace ici un tableau de la vie intérieure de l’Église, après avoir raconté ses succès au dehors.
Précisément cette ardente charité que Luc vient de décrire avait pour ainsi dire effacé entre les fidèles la distinction du tien et du mien, que l’égoïsme des hommes rend d’ordinaire si acerbe. Et ce n’était pas là seulement une belle théorie ; c’était la pratique de la primitive Église à Jérusalem.
Il ne faut pas cependant trop presser les termes du texte, qui ne sont pas exempts d’une certaine emphase.
Les biens n’étaient pas tous mis en commun, comme le montre le fait rapporté aux versets 36 et 37 et la parole de Pierre à Ananias, Actes 5.4. Les propriétés particulières étaient virtuellement à la disposition de tous, en raison de la charité qui animait les membres de l’Église.
Certains critiques, méconnaissant cette nuance, ont statué une contradiction entre l’affirmation du verset 32 et les données de Actes 4.36-37 ; Actes 5.4 et en ont conclu que ces passages provenaient de sources diverses et avaient été amalgamés maladroitement par l’auteur des Actes.
Voir d’ailleurs sur la communauté des biens Actes 2.45 note.
Au premier abord ce verset paraît être étranger au contexte car il interrompt la description du communisme qui régnait dans l’Église.
Aussi maint critique estime-t-il que l’auteur introduit ici dans le document qu’il transcrit un renseignement puisé à une autre source.
Mais c’est méconnaître la relation étroite qu’il y avait entre les manifestations de la charité énumérées aux versets 32 et 34 et la puissance avec laquelle les apôtres rendaient témoignage de la résurrection de Jésus-Christ, le Seigneur.
Cette grande puissance résultait, sans doute, de la vérité qu’ils proclamaient, elle était due aussi à l’action du Saint-Esprit en eux et par eux, comme le montrent les mots : Il y avait une grande grâce sur eux tous.
Mais cette action n’aurait pu s’exercer aussi efficacement et la prédication des apôtres n’aurait pas trouvé autant de crédit, si la vie nouvelle et en particulier la charité, dont l’Église se montrait animée, n’avait parlé en faveur de leur doctrine.
Jésus déjà avait annoncé que sa mission divine serait reconnue du monde dans la mesure où ses disciples seraient unis dans l’amour (Jean 17). Cette relation est indiquée dans notre passage par le car qui introduit verset 34.
S’il nous est dit ici et ailleurs (Actes 4.2 ; Actes 1.22 ; Actes 3.15 ; Actes 17.18, etc.), que la résurrection du Christ était le sujet principal du témoignage rendu par les apôtres, c’est que cette résurrection démontrait la divinité de Jésus de Nazareth, annonçait le triomphe de sa cause et ouvrait aux âmes croyantes la source de toute vie.
La grande grâce qui reposait sur tous ne doit pas s’entendre ici de la faveur dont ils jouissaient auprès du peuple (comparez Actes 2.47), mais de la grâce divine, qui produisait ces beaux fruits en eux tous.
B porte : Et les apôtres du Seigneur Jésus rendaient témoignage, avec une grande puissance, de la résurrection. Westcott et Hort, Nestle, Wendt, Weiss adoptent cette leçon.
Comparer Actes 4.32 ; Actes 2.45, note. Cette remarque qu’il n’y avait parmi eux aucun indigent montre que le motif de cette mise en commun des biens était le désir de subvenir abondamment aux nécessités de tous les pauvres. Tel est le vrai communisme, celui d’une charité spontanée.
Un trait nouveau est ajouté ici : c’est que le produit de ces ventes de biens était déposé aux pieds des apôtres, c’est-à-dire mis à leur disposition pour qu’ils le distribuassent selon les besoins de chacun.
Ils ne purent suffire à cette tâche ; aussi fallut-il bientôt leur donner des aides (Actes 6.1-6).
Ce fait est cité par Luc comme un exemple individuel de ce qui se passait alors et parce que Barnabas devint bientôt célèbre dans l’Église par ses dons et son activité missionnaire, comme compagnon d’œuvre de l’apôtre Paul.
Il était Lévite, ce qui constituait chez les Juifs une distinction.
Comme Lévite, il n’était point inapte à posséder un champ, ainsi qu’on l’a conclu à tort des passages Nombres 18.20-24 ; Deutéronome 18.1. Il ressort de Nombres 35.2 (comparez Jérémie 32.6-16 ; Josué 21.18), que, dans la banlieue des villes qui leur étaient assignées, les Lévites Pouvaient posséder des propriétés individuelles.
L’interdiction de Lévitique 25.34, doit probablement s’entendre en ce sens que ces propriétés ne pouvaient être cédées définitivement à d’autres qu’à des Lévites (Lévitique 25.32-33).
La patrie de Barnabas était l’île de Chypre et il fut le premier qui, avec Paul, y annonça l’Évangile (Actes 13.4).
Ce furent les apôtres qui, plus tard et afin de l’honorer, changèrent son nom de Joseph, selon Sin, B, A, D, versions (les autres manuscrits portent Joses ou José), en celui de Barnabas que Luc traduit par fils d’exhortation ou de consolation (le mot grec a les deux sens).
Ce nom hébreu de Barnabas (Bar Nebouah) signifie proprement fils de prophétie. En effet, ce disciple était prophète (Actes 13.1) ; et ce fut, sans doute, parce qu’il déployait ce don avec puissance, que son nouveau nom lui fut donné (comparer Actes 11.22-26).