Verset à verset Double colonne
Le peuple doit se rappeler que clans le désert, où tout lui manquait, il a vécu cependant, grâce à l’assistance continuelle de Dieu (versets 1 à 5). Une fois en possession de toutes les ressources de Canaan, il devra envisager ces richesses de la nature comme venant aussi de Dieu et ne pas se confier en elles de manière à oublier l’Éternel (versets 6 à 20). Comme Moïse sait quel danger il y a dans le brusque passage des privations à l’abondance, il fait du souvenir même des premières un antidote contre l’orgueil et la fausse sécurité, qu’engendre si facilement la seconde.
Cette exhortation générale si souvent renouvelée et qu’on pourrait appeler le refrain du Deutéronome, n’est point oiseuse : elle est destinée à faire pénétrer dans les cœurs ce grand principe que les bénédictions divines sont étroitement liées à l’observation de la loi.
Et que vous entriez. Ces mots peuvent s’entendre de deux manières : Vous prendrez garde dès aujourd’hui à mettre en pratique… afin que vous entriez…, ou bien : Vous prendrez garde afin qu’entrant, vous le possédiez.
Pour l’épreuve en général, voir Genèse 22.1, note. L’épreuve du désert a eu un double but : donner à Israël l’occasion de manifester ses dispositions secrètes à l’égard de Dieu : pour connaître ce qui est en ton cœur ; et donner à Dieu l’occasion de révéler sa fidélité, qui suffit à l’homme quand toute autre ressource lui manque : pour t’apprendre que l’homme ne vivra pas… (verset 3).
Pour connaître. Cette expression appliquée à Dieu est tirée des relations humaines dans lesquelles un homme n’apprend ce qui est dans le cœur d’un autre que par les actes ou les paroles de celui-ci. Voir Genèse 18.21, note.
Il t’a fait (non pas laissé) avoir faim : afin de te montrer que c’est lui qui nourrit.
Manne : Exode 16.13, note.
Que tu ne connaissais pas. Voir Exode 16.15 : Ils ne savaient ce que c’était.
De tout ce qui sort… Le pain lui-même, qui semble posséder d’une manière inaliénable la propriété, de nourrir, n’a cette propriété que par la parole créatrice qui lui a donné cette vertu (Genèse 1.29). Or cette parole peut communiquer aussi cette propriété à d’autres éléments ; elle peut les créer même comme la manne ou bien l’aider à s’en passer en le soutenant par l’exécution même de la volonté divine (Jean 4.32-34). Cette parole est opposée à la tendance que nous avons de faire de la nature la source des biens dont nous jouissons, sans remonter jusqu’à la cause de la nature elle-même.
Ce n’est pas seulement dans le domaine de l’alimentation que les Israélites furent les objets des soins miraculeux du Seigneur ; il en fut de même dans celui des vêtements Deutéronome 29.5 ; Néhémie 9.21), qui se conservèrent d’une manière tout à fait extraordinaire.
Point usé…, littéralement : point usé de dessus toi, de manière à tomber en lambeaux.
Ton pied ne s’est point enflé : ils ont supporté sans en souffrir toutes les fatigues de ce long et terrible voyage.
Dieu a mis Israël dans la position de dénuement et d’impuissance d’un petit enfant, afin qu’il apprit à connaître la sollicitude, les secours et les soins éducatifs de celui qui avait pris auprès de lui le rôle de père.
Le Deutéronome mentionne plus souvent que les livres précédents la fertilité et la beauté de la Terre promise (Deutéronome 3.25 ; Deutéronome 11.11-12 ; Deutéronome 32.13-14), car c’était le moment d’encourager le peuple à marcher en avant pour prendre possession des biens mis maintenant à sa portée.
Pays de torrents. La Palestine, riche de nombreux courants d’eau, formait un contraste frappant avec le désert et avec l’Égypte elle-même qui ne possédait qu’un grand fleuve sans affluents.
D’eaux profondes : le Jourdain avec ses deux grands lacs.
Sortant dans la plaine et dans la montagne. En Égypte, l’eau courante ne jaillissait nulle part du sol, ni dans la plaine, ni dans les chaînes basses qui bordaient, la vallée. Il n’y avait que des canaux, des étangs et des réservoirs (Exode 7.19).
De grenadiers. Voir Joël 1.12, note.
D’huile et de miel. Ces mots dépendent tous deux, selon nous, du mot pays. La ponctuation massorétique (zeth) qui fait dépendre huile du mot oliviers (oliviers à huile) doit être abandonnée.
Dont les pierres sont du fer. Les voyageurs modernes ont découvert des couches ferrugineuses entre Jérusalem et Jéricho et d’anciennes mines de fer et de cuivre dans le Liban (Volney, Voyage, I, 233). Voir aussi 1 Chroniques 22.3 ; 1 Chroniques 29.2-7). On peut également penser ici aux puissantes formations basaltiques qui se trouvent au nord de Canaan, car le basalte est une pierre contenant du fer et les Arabes lui donnent encore aujourd’hui le nom de fer (Deutéronome 3.11).
Tu tailleras l’airain. Il s’agit du minerai de cuivre à exploiter ; on trouve encore aujourd’hui dans le Liban les restes de mines de cuivre. Le mot hébreu peut se traduire par airain, car ce métal n’est que du cuivre avec un alliage d’étain.
10 à 18 Devoir de la reconnaissance en face de toutes ces richesses.
L’homme qui ne rend pas grâces (Romains 1.21) pour les bienfaits présents (verset 10), en vient bien vite à oublier les délivrances divines dans le passé (versets 14 à 16) et à s’attribuer à lui-même la gloire de tout le bien qui lui arrive (verset 17).
L’effrayant tableau du désert, toujours présent à l’esprit du peuple, doit lui rappeler le secours divin.
Parmi les serpents…, littéralement : T’a fait marcher dans ce désert grand et redoutable, serpents brûlants, scorpions, etc (Nombres 21.6).
Lieux arides, en hébreu : pays de la soif.
L’eau du roc vif : Exode 17.6.
Manne : Exode 16.15.
Afin de t’humilier : par l’expérience de ton impuissance à te tirer d’affaire par toi-même.
T’éprouver : voir verset 2, note.
Faire du bien. L’épreuve et la souffrance est le chemin nécessaire pour nous faire parvenir au bonheur final.
Ensuite, littéralement : à ta fin. La fin d’Israël était à ce moment l’établissement dans le pays de Canaan.
Comme il l’a fait aujourd’hui : par la conquête déjà accomplie du pays situé à l’est du Jourdain.
L’impartialité absolue de Dieu est rappelée ici, comme souvent, pour faire sentir à Israël qu’il ne doit pas dire : Péchons puisque la grâce abonde !
Devant vous, littéralement : de devant vous, pour vous faire place.