Verset à verset Double colonne
Au chapitre 34, Dieu vient pour juger toutes les nations. Le résultat de cette venue est la désolation dépeinte dans les derniers versets de ce chapitre. En opposition avec ce sombre tableau, le prophète décrit maintenant la venue de Dieu pour délivrer et glorifier son peuple. Tandis que la terre Édom est changée en un affreux désert, le désert se transforme, à l’approche de Jéhova, en un pays fertile et le peuple des rachetés rentre en Sion avec des chants de joie, pour y jouir d’une félicité éternelle. Ce tableau magnifique rappelle ceux du chapitre 11, de Ésaïe 25.6-8, etc. Il ne saurait, pas plus que ceux-là, se rapporter uniquement au rétablissement politique d’Israël. Les pensées du prophète s’élèvent plus haut et vont plus loin. La restauration nationale ne se sépare pas à ses yeux de la conversion du peuple et de l’établissement du règne de Dieu sur la terre, dont ce peuple doit être l’instrument. Le temps messianique, Israël glorifié au milieu d’une terre sanctifiée et transformée, tel est l’objet véritable du tableau. Les splendides couleurs sous lesquelles est dépeint le retour sont donc autant de symboles de l’état parfait, spirituellement et matériellement, qui doit régner ici-bas à la fin des jours et qui est ici rattaché immédiatement au retour de la captivité, parce que cet événement est la condition sans laquelle Israël ne pourrait remplir le rôle qui lui est destiné, d’être l’agent de la réalisation parfaite de l’avenir prophétique. Comparez Ésaïe 41.3-4, notes.
Le désert fleurit à l’approche de Jéhova ; le peuple humilié est invité à reprendre courage ; car son Dieu vient pour sauver. Comparez Psaumes 98.
Le désert est selon les uns la Palestine, dévastée par les jugements de Dieu (comparez Ésaïe 33.8-9), selon les autres le désert que le peuple d’Israël traversera pour revenir en Sion de tous les pays de l’exil (de la Mésopotamie, de l’Égypte, etc. ; comparez Ésaïe 11.12 ; Ésaïe 11.15-16 ; Ésaïe 27.13) ; ce dernier sens paraît plus simple.
Liban, Carmel, Saron : endroits de la Palestine célèbres par la richesse de leur végétation ; le prophète les choisit donc pour donner l’idée d’une fertilité extraordinaire. Le désert reçoit cette brillante parure pour célébrer dignement la présence de Dieu.
Ils : le peuple des rachetés (versets 9 et 10).
La gloire de l’Éternel : Jéhova lui-même apparaissant au milieu de son peuple. Le salut messianique est présenté, ici et ailleurs, par le prophète comme la suprême apparition de Dieu sur la terre (voir Ésaïe 40.5 ; Ésaïe 7.14 : Dieu avec nous ; comparez Malachie 3.1).
Fortifiez… dites… Cet ordre s’adresse aux prophètes et à tous les serviteurs de Dieu ; ils auront dans l’exil la mission de ranimer la foi du peuple, mise à une rude épreuve par les souffrances de la captivité. Allusion à ce passage Hébreux 12.12.
Vengeance, revanche : comme Ésaïe 24.8. On peut, dit Calvin, objecter : En quoi cela nous regarde-t-il, que nos ennemis soient punis ? À quoi cela nous sert-il ? Devons-nous nous délecter des souffrances de nos adversaires ? Le prophète ajoute : cela arrivera pour notre salut ; car la vengeance que Dieu tire des impies est étroitement liée au salut des fidèles. Le jugement des oppresseurs et la délivrance des opprimés sont inséparables ; aussi, même dans le Nouveau Testament, le peuple de Dieu peut-il attendre d’être vengé de ses ennemis (Luc 18.7).
La délivrance opérée par l’Éternel et le salut parfait accordé aux élus : ils sont délivrés de tous maux, comblés, de tous biens ; un chemin réservé pour eux seuls les conduit sûrement jusqu’au séjour du salut.
La description a un caractère symbolique. Plusieurs des traits de ce tableau se sont réalisés à la lettre dans le ministère de Jésus, de manière à le désigner clairement au peuple comme le Messie (voir sa réponse au doute de Jean-Baptiste, Matthieu 11.5). Tous auront leur réalisation plus complète, à la fois matérielle et spirituelle, dans la nouvelle création (Ésaïe 11.6, note).
Car… C’est le sujet de la joie décrite verset 6.
Des eaux jaillissent… : comme autrefois pendant le séjour au désert (Exode 17.6).
Le mirage : phénomène bien connu dans les pays chauds, qui résulte de la dilatation inégale des couches d’air qui sont en contact immédiat avec la surface brûlante du désert. Les rayons du soleil sont réfractés de manière à produire sur le voyageur l’impression d’une nappe d’eau qui fuit incessamment à mesure qu’il veut s’en rapprocher. Le mirage est transformé cette fois en un vrai lac. Cela signifie qu’aux espérances décevantes succédera maintenant l’accomplissement parfait de tout ce que les élus ont attendu.
Le repaire… devient un parc… Mêmes expressions que Ésaïe 34.13 : les lieux désolés sont abondamment pourvus d’eau et se couvrent d’une riche végétation.
Comparez, pour la voie (qu’on ne doit évidemment pas prendre à la lettre), Ésaïe 11.16 ; Ésaïe 19.23 ; Ésaïe 40.3-4, où la même image se retrouve.
Aucun impur. Les rachetés seront une race sainte, dont tous les profanes auront été retranchés (Ésaïe 6.13 ; Ésaïe 62.12).
Comparez Ésaïe 11.6-9. Nul ennemi ne pourra ravir les élus à la conduite du Seigneur qui les ramène en Sion pour les y faire jouir d’un salut inépuisable ; les moins intelligents mêmes ne pourront s’égarer : comparez les paroles de Jésus sur la sécurité de ses brebis, Jean 10.28-29.
Rachetés. Car Israël a été vendu aux païens (Ésaïe 11.1, note ; comparez Ésaïe 50.1, 52.3). Le mot que nous traduisons par racheter exprime à la fois les diverses notions que nous rendons en français par venger, délivrer.
Reviendront… en Sion… comparez Ésaïe 26.1-2.
Couronnera leur tête. L’image est tirée de l’usage de se couronner de fleurs dans les fêtes (Ésaïe 28.1, note). L’expression une allégresse éternelle nous transporte en plein dans la nouvelle création déjà annoncée Ésaïe 25.8. Comparez Ésaïe 51.11 (où notre verset est reproduit textuellement) et Apocalypse 21.4-6.
Les promesses de ce chapitre se retrouvent dans plusieurs des discours de Jésus, prises dans un sens spirituel ; il semble être dans l’Ancien Testament l’un des points lumineux sur lesquels aimait à s’arrêter la pensée du Sauveur.