Verset à verset Double colonne
Ce morceau se rattache étroitement à ceux qui précèdent. Sion a reçu au chapitre 49 la promesse d’une postérité nombreuse qui remplacera les fils qu’elle a perdus, mais sans que la cause de cet accroissement extraordinaire fût expressément indiquée. Toutefois le titre de lumière des nations, donné au Messie Ésaïe 49.6, faisait déjà pressentir quelle serait cette cause. Le chapitre 53 dissipe toute incertitude à cet égard. C’est l’œuvre expiatoire du serviteur qui, déployant ses effets bien au-delà des limites d’Israël jusque parmi les païens, fera naître ce peuple nouveau qui habitera la Sion de l’avenir et en sera l’ornement (versets 10 à 12).
Le chapitre 54 décrit la gloire de Sion ainsi repeuplée et restaurée par le Messie. Le salut n’est complet que lorsque le corps tout entier partage l’état glorieux de son Chef.
Le chapite 54 présente donc le couronnement de l’œuvre de rédemption accomplie par le serviteur (chapitre 53). Après ce tableau, le prophète passe, dès le chapitre 55, aux applications pratiques qui découlent de ce qui précède : il adresse à Israël un pressant appel à accepter ce salut tout gratuit ; il invite spécialement les païens à y participer (Ésaïe 56.1-8) ; il confirme enfin solennellement de la part de Dieu les grâces promises et menace des châtiments divins ceux qui les méprisent (Ésaïe 56.9 à 57.1-21).
Nous retrouvons ici la même image que Ésaïe 49.14 ; Ésaïe 49.20-21 et Ésaïe 50.1. La délaissée, c’est Sion rejetée de Dieu et privée d’habitants par l’exil. Celle qui était mariée, c’est Sion dans son état précédent, alors qu’elle jouissait des bienfaits de l’alliance divine. L’Ancien Testament représente très souvent cette alliance comme un mariage (voyez par exemple Jérémie 31.32 ; Osée 2.17-20). Dieu a momentanément répudié son épouse à cause de ses infidélités. Israël a été dispersé, la théocratie juive a disparu ; mais elle va renaître sous une forme nouvelle, plus glorieuse que l’ancienne. Du noyau fidèle de l’ancien peuple doit sortir une Sion nouvelle, l’Église, dont les fils seront autrement nombreux que ne furent jamais ceux de la Jérusalem d’avant l’exil et dont la gloire laissera bien loin derrière elle les plus beaux jours de l’histoire passée d’Israël. Comparez pour l’image 1 Samuel 2.5 et pour l’idée Galates 4.26-27.
L’image d’une tente, pour désigner Jérusalem, se retrouve Ésaïe 33.20. Sion est invitée à élargir sa demeure pour y recevoir tous les peuples ; l’Israël qui a cru au Messie reçoit dans son sein les nombreux croyants d’entre les païens. Ensemble ils forment la race d’Israël qui hérite la terre. Cette intuition de l’incorporation à Israël des païens convertis se retrouve dans tout l’Ancien Testament. Comparez dans Ésaïe 45.14 ; Ésaïe 45.25 (voir la note) ; Ésaïe 49.18-23 (voir note verset 20).
Les villes désertes : les villes en ruines de la Palestine. Car le nouvel Israël est représenté comme réuni en corps de nation et habitant la Terre Sainte (comparez Ésaïe 11.9 et suivants ; Ésaïe 49.8 ; Ésaïe 61.4-5 ; Ésaïe 65.9-10).
Ne doute point, car le temps de la colère est passé et ton Dieu fait avec toi une alliance éternelle !
La jeunesse de Sion désigne l’époque où Dieu l’a choisie et tirée d’une condition misérable pour faire d’elle son épouse (voir Jérémie 2.2 ; Ézéchiel 16.60 et suivants). La honte de sa jeunesse est donc la servitude d’Égypte. L’opprobre du veuvage : l’exil ; voyez Ésaïe 49.21 ; Ésaïe 50.1.
Ton époux, c’est celui qui t’a formée (littéralement : faite) : il est à la fois ton père et ton époux ! Comment donc pourrait-il te détruire ou te rejeter à toujours ?
Une épouse de la jeunesse : choisie dans la jeunesse ; l’objet d’un amour particulièrement fort et tendre (Proverbes 5.18) ; voyez note verset 4.
Le temps du châtiment n’est qu’un instant, comparé à l’éternelle durée de l’amour dont elle va de nouveau être l’ objet. Comparez Ésaïe 26.21
Caché ma face : voyez Ésaïe 8.17.
Le châtiment que Sion a subi est comparé à celui du déluge. Dieu, par une alliance formelle avec Noé, s’était engagé à ne plus envoyer de déluge (Genèse 9.11-16). De même ici, la promesse d’une miséricorde éternelle est confirmée par un serment divin (voir la note Ésaïe 45.23). La seconde ruine de Jérusalem et la dispersion actuelle d’Israël ne sont point en contradiction avec cette promesse ; car, comme nous l’avons vu, c’est à l’Israël selon l’Esprit, composé des Juifs croyants et des païens convertis, qu’est assurée la gloire dont Ésaïe trace le tableau dans ce chapitre. C’est là la Sion nouvelle dont aucun divorce n’interrompra plus l’alliance avec Jéhova.
Cette alliance subsistera même au milieu de catastrophes plus grandes que celle du déluge ; elle demeurerait quand ce qu’il y a de plus antique et de plus inébranlable dans le monde viendrait à crouler (comparez Habakuk 3.6 ; Psaumes 46.3-4 ; Romains 8.38-39). Le ciel et la terre passeront, mais non la promesse de Dieu (Ésaïe 51.6 ; comparez Jérémie 31.35-37).
Alliance de paix. Voir Ézéchiel 37.26.
Cette description de la nouvelle Jérusalem (imitée Apocalypse 21.18-21) exprime d’une manière symbolique la gloire qu’elle possédera, aux derniers temps, lorsque le nouvel Israël sera enfin complètement formé par l’entrée dans son sein de tous les croyants d’entre les Gentils, ainsi que par celle de la masse de la nation juive, demeurée d’abord incrédule à l’égard du Messie.
L’antimoine désigne ici une composition de ce métal dont les femmes se servaient dans l’antiquité pour farder de noir leurs paupières, dans le but de rehausser l’éclat des yeux. Cette substance précieuse sera employée au lieu de mortier dans les murs de Sion et fera briller dans tout leur lustre les pierres de prix dont ils se composeront.
Escarboucle : pierre d’une couleur éclatante comme le rubis.
À l’éclat extérieur de Sion correspond la gloire spirituelle du peuple qui l’habite.
Disciples de l’Éternel (Ésaïe 8.16). Tous (et non, comme dans l’ancienne alliance, un cercle restreint seulement) seront directement enseignés et inspirés de Dieu, comme le serviteur de l’Éternel (Ésaïe 50.4) ; tous seront prophètes. Comparez le vœu de Moïse Nombres 11.29 et les promesses Jérémie 31.34 ; Joël 2.28-29 ; voir Jean 6.45.
Paix… grande : Ésaïe 48.18.
Le peuple des disciples de Jéhova est un peuple saint (justice) ; il n’a donc rien à redouter de personne (Ésaïe 1.27 ; Ésaïe 32.16-18).
Voyez Ésaïe 8.9-10
Allusion aux nations puissantes et bien armées qui ont jusqu’ici opprimé Israël. Le conquérant, aussi bien que l’arme dont il se sert, ne doit l’existence qu’à l’Éternel ; il ne pourra donc contre sa volonté nuire à son peuple élu (verset 17).
L’Éternel te défendra (verset 16) et toi-même tu convaincras de fausseté toute langue ennemie (comparez les paroles du serviteur Ésaïe 50.9).
L’héritage des serviteurs… Le serviteur de Jéhova n’est plus nommé après le chapitre 53. Il est comme remplacé par les serviteurs, la postérité qu’il a engendrée par son sacrifice (Ésaïe 53.10) ; ils sont ses cohéritiers ; ils ont part à sa gloire et reçoivent la justice qui est le fruit de son travail (Ésaïe 53.11).