Verset à verset Double colonne
Le salut, acquis par le serviteur de l’Éternel (chapitre 53), a été couronné par la restauration glorieuse de Sion (chapitre 54). Dans un nouveau discours, le prophète montre par quel moyen simple et accessible à tous on peut se l’approprier : la foi et non plus les œuvres et il invite quiconque soupire après la grâce à la saisir sans se laisser arrêter par le doute ou par la crainte.
Ces paroles ne peuvent se rapporter au bien-être matériel qui serait promis aux Israélites revenant de l’exil, en échange des misères de la captivité. La solennité toute particulière de l’appel prophétique et l’indication expresse, verset 2, du moyen par lequel on doit s’approprier les biens promis (écoutez-moi), prouvent que ces biens sont d’une nature plus relevée. Les aliments offerts sont une, image du salut que Dieu promet à tous gratuitement et largement, à la seule condition qu’ils viennent le chercher. C’est d’abord tout simplement de l’eau et du pain (mangez, comparez verset 2), les aliments indispensables ; puis, dans la seconde partie du verset, viennent les aliments plus coûteux et plus nobles : le vin, qui est comme le lait des vieillards et le lait, ce vin des enfants (1 Pierre 2.2) ; ainsi la satisfaction non seulement suffisante, mais variée et surabondante des besoins de tous. On ne peut lire cette royale invitation de la grâce sans penser au : Venez, car tout est prêt, de la parabole (Matthieu 22.4). Comparez l’image du festin préparé pour les peuples sur la montagne de Sion Ésaïe 25.6-8 et la promesse évangélique Matthieu 5.6.
L’argent et le travail, employés pour ce qui ne rassasie pas, représentent les vains et laborieux efforts de l’homme pour trouver le bonheur sur la voie des satisfactions terrestres (Jean 4.13-14). Le moyen d’obtenir le rassasiement véritable, c’est l’audition attentive de la parole de Dieu, la foi (Jean 6.27-29). Comparez Amos 8.11 où Dieu menace d’envoyer dans le pays non la famine du pain, ni la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre sa parole.
Les grâces permanentes de David : les faveurs assurées à David et à sa race par les promesses de Dieu. Le peuple tout entier en héritera, et cela, à toujours. Allusion à la prophétie de Nathan 2 Samuel 7.16, qui forme la base de toutes les prophéties messianiques subséquentes et aux paroles de David 2 Samuel 7.28-29 ; 2 Samuel 23.5. Comparez Psaumes 89.29-38 passage que le prophète semble avoir sous les yeux.
David a dominé sur des peuples nombreux (2 Samuel 8.11-14 ; il a pu dire : Tu m’as établi chef des nations ; le peuple que je ne connaissais pas m’a été soumis (voir Psaumes 18.44-48). Israël converti jouira des mêmes priviléges (verset 5) ; le peuple entier, même le plus faible, sera comme David (Zacharie 12.8). Ce sera son honneur de faire (pacifiquement) la conquête du monde pour Jéhova (Ésaïe 2.2-3 ; Ésaïe 54.3).
Il faut se hâter de chercher la grâce pendant le temps qu’elle est offerte ; car la conversion, qui consiste à rompre avec le mal pour se tourner vers Dieu, est la condition nécessaire pour que le salut puisse être donné (verset 1) et les promesses qui précèdent réalisées. Comparez Ésaïe 1.16-20 ; Ésaïe 44.21-22.
Les pensées de Dieu appartiennent à une autre sphère que les projets de l’homme. Ceux-ci sont variables et impuissants, celles-là, élevées au-dessus de toutes les vicissitudes humaines : immuables et toutes-puissantes. Et la parole divine, qui les révèle, n’est pas un vain son, mais une force qui les exécute infailliblement. Une fois prononcée, elle doit déployer ses effets. Le prophète répond par ces mots aux doutes de ceux qui pensent que Dieu a abandonné son peuple ou est impuissant à le sauver (Ésaïe 40.27 ; Ésaïe 49.24).
Dans le verset 11, la parole de Dieu, descendant du ciel, est présentée comme un messager qui ne doit point retourner à son maître avant d’avoir accompli toute sa mission (même image Ésaïe 9.7). Cette action vivifiante de la parole de Dieu est admirablement figurée au verset 10 par le symbole de la pluie qui féconde le sol et fait vivre l’homme.
La rédemption promise déploiera tous ses effets glorieux, dans la nature aussi bien que dans l’humanité.
Vous sortirez… vous serez conduits… : sortie de la captivité, sous la conduite de Jéhova, aboutissant, comme dans les chapitres 35, 40, 52, etc., à la gloire finale. Sur l’idée d’une nature transformée et s’associant à la joie des rachetés, voir Ésaïe 35.1-2 ; Ésaïe 41.18-19 ; Ésaïe 44.23 ; Ésaïe 49.13, etc. et Psaumes 96.11-13 ; Psaumes 98.7-9 ; comparez Romains 8.21. Cette transformation qui couronne magnifiquement l’œuvre de grâce accomplie par l’Éternel en faveur de son peuple, sera comme un monument éternel de son amour, de sa puissance et de sa sagesse.