Verset à verset Double colonne
La vision renfermée dans la première partie du chapitre 37 est la plus saisissante de cette partie, peut-être même de tout le livre d’Ézéchiel. Dieu venait de promettre à Israël le règne d’un nouveau David, le rétablissement national dans son pays, le renouvellement spirituel complet, enfin une ère de prospérité et de gloire. Mais Israël lui-même, où était-il ? Où le trouver encore sur la surface de la terre ? Quelques colonies dispersées en pays païen, voilà tout ce qu’il en restait aux yeux de la chair. Aussi, à l’ouïe des promesses d’Ézéchiel, ses auditeurs lui répondaient-ils : Notre espérance n’est plus ; nous sommes perdus.
En réponse à cette expression du plus complet découragement, l’Éternel fait assister en quelque sorte le peuple à sa propre résurrection nationale et spirituelle. Il ne s’agit donc pas, dans ce tableau, d’après l’explication du prophète lui-même (versets 11 et 12), de ce qu’on appelle ordinairement la résurrection des morts. L’on ne peut pas même dire que le prophète fasse allusion à cet événement. La résurrection décrite est celle des Israélites seulement et il est fort douteux que la notion de la résurrection des corps fût assez généralement répandue pour qu’il en tirât le sujet de son tableau.
Aucune nouvelle introduction ne lie ce morceau aux précédents, ce qui prouve qu’il en est simplement la continuation.
La main de l’Éternel… Ces mots indiquent l’action surnaturelle par laquelle l’esprit d’Ézéchiel est transporté dans une sphère supérieure, afin d’y contempler le tableau que lui présente l’Esprit-Saint.
Au milieu de la plaine. L’article la ferait penser que c’était celle où Dieu l’avait transporté lorsqu’il lui aurait parlé pour la première fois (Ézéchiel 3.22-23).
Ils étaient fort secs. La plaine ressemblait à un champ de bataille qui aurait été autrefois jonché de cadavres ; mais le dernier vestige de la vie avait disparu de ces corps, dont il ne restait plus même les squelettes ; car les os étaient dispersés.
L’Éternel adresse cette question au prophète, parce qu’il sait qu’elle correspond exactement à celle qui est au fond du cœur des Israélites (verset 11). C’est le moyen de les associer plus directement à la scène qui va se passer.
Toi, tu le sais. Le prophète confesse par là deux choses, l’une : que toute possibilité humaine est écartée ; l’autre : que rien, non pas même cette résurrection, n’est impossible à Dieu.
Jéhova déclare sa volonté et cette volonté énoncée par la parole du prophète sera le moyen de l’exécution.
Les mots : Je vais faire entrer en vous l’esprit, désignent le résultat final de l’œuvre dont les degrés vont être décrits.
L’esprit. Ce mot désigne en hébreu trois choses :
De là vient que plusieurs interprètes traduisent ici ce mot par vent ou par souffle.
Le son est celui qui résulte du mouvement subit de tous ces os inanimés et le bruit retentissant est celui qu’ils produisent en s’emboîtant pour former des squelettes. Ces squelettes, une fois reconstitués, en se couvrant de muscles qu’enveloppe aussitôt une chair revêtue de peau, arrivent à l’état de cadavres.
L’esprit. Comme Dieu au jour de la création fit pénétrer un souffle de vie dans le corps de l’homme, déjà tout formé, ainsi son esprit pénètre tous ces corps pour leur rendre la vie. Cette action ressemblait à celle d’un vent qui serait venu des quatre côtés de la plaine simultanément et aurait pénétré ces corps gisants sur le sol.
Ces hommes tués. Ils ressemblaient à des cadavres couvrant un champ de bataille.
Voici, ils disent. Les exilés avaient adressé déjà des paroles semblables à Ézéchiel ; comparez Ézéchiel 33.10. La ruine de Jérusalem une fois consommée, il leur paraissait complètement impossible que le peuple fût rétabli. Ils avaient passé, comme cela arrive souvent, de la sécurité au désespoir. Ils se comparaient eux-mêmes à des ossements dénués de tout reste de vie ; et c’était peut-être de leur propre bouche que l’Éternel avait tiré l’image dont il venait de se servir pour relever leur espérance.
Vos tombeaux. Ce mot désigne la Babylonie où les Juifs sont captifs. L’image ne cadre plus complètement avec la précédente, celle des os secs jonchant la plaine ; elle ajoute à l’idée de dispersion celle d’esclavage. Si même Israël se reconstituait en Babylonie, il ne pourrait pourtant pas sortir de cet empire qui le retient captif comme dans une prison.
L’empire chaldéen s’écroulera et par là Israël recouvrera sa liberté : l’incroyable s’accomplira. De là les derniers mots : Ô mon peuple. Le mot mon explique tout.
Je mettrai mon Esprit en vous. Ces mots correspondent à la seconde partie de l’œuvre décrite (versets 9 et 10) ; Il est absolument impossible, en les rapprochant de la promesse Ézéchiel 36.26-27, de les rapporter à autre chose qu’à une œuvre spirituelle qui suivra le rétablissement extérieur et national. Nous avons déjà vu, Ézéchiel 36.24-25, ces deux œuvres prédites dans le même ordre.
Je vous donnerai du repos. La traduction ordinaire : je vous placerai sur votre sol, n’est conforme ni au contexte, ni à la forme du verbe. Pour le vrai sens de celui-ci, comparez Deutéronome 12.10. Quant au contexte, il exige que ces mots soient rapportés, non au moment du retour, mais à l’état de paix et de bonheur parfait qui a été décrit, Ézéchiel 36.28-36, comme devant glorieusement couronner la régénération morale du peuple.
Encore ici donc, comme au chapitre 36, sont indiqués trois degrés distincts dans le rétablissement du peuple :
Il est difficile de croire que saint Paul ne fasse pas allusion à cette prophétie, quand il applique à la conversion finale du peuple juif et à l’influence qu’elle doit exercer sur toute la gentilité chrétienne l’expression de résurrection d’entre les morts, Romains 11.15. C’est également à ce tableau que paraît penser Jésus, quand, au chapitre 5 de l’Évangile de Jean, il décrit le Fils opérant par sa parole l’œuvre de la résurrection spirituelle au milieu de l’humanité plongée dans la mort (Jean 5.19-27).
C’est ici la conclusion de toutes les promesses précédentes. Israël rétabli ne sera plus divisé en deux royaumes ; le nouveau David le réunira tout entier sous un sceptre unique et un nouveau sanctuaire, dans lequel Dieu habitera au milieu de son peuple, sera son centre spirituel à toujours.
Le prophète représente par un acte symbolique le fait qu’il est chargé d’annoncer au peuple.
Un bâton. Littéralement : un bois. Mais ce n’est pas ici un morceau de bois quelconque ; on voit plus loin (verset 19) que ce bâton se trouve être un bâton de commandement, l’emblème du pouvoir, un sceptre ; comparez Ézéchiel 21.15, note. L’acte du prophète rappelle celui de Moïse, Nombres 17.1-13, lorsqu’il plaça dans le sanctuaire douze verges portant chacune le nom du chef de l’une des douze tribus.
À Juda et aux fils d’Israël… Ce bâton était destiné à représenter la tribu et le royaume de Juda avec les tribus qui y étaient restées attachées ; c’étaient celles de Siméon, de Benjamin et la plus grande partie des Lévites.
À Joseph. De Joseph étaient issues les deux tribus d’Éphraïm et de Manassé. Comme la première avait été la tribu la plus puissante du royaume des dix tribus, c’est elle qui est choisie pour représenter ce royaume ; seulement au nom d’Éphraïm est substitué celui de Joseph, conformément au rôle considérable souvent attribué à ce patriarche, par exemple dans la bénédiction de Jacob à ses fils (Genèse chapitre 49), où Joseph est honoré à l’égal de Juda. Comparez Psaumes 72.16 ; Psaumes 78.67 ; Psaumes 80.2 ; Psaumes 81.6.
Et de toute la maison d’Israël. La majeure partie des tribus avaient suivi celle d’Éphraïm quand elle s’était séparée de Juda au temps de Roboam.
Le bâton de Joseph qui est dans la main d’Éphraïm. On voit bien ici que le bâton est envisagé comme l’emblème du pouvoir. La tribu d’Éphraïm et par là la descendance de Joseph dominait dans le pays des dix tribus ; comparez Osée 6.4.
Je les joindrai à celui-ci. Ce sont Éphraïm et ses tribus qui seront jointes à Juda et non pas l’inverse ; car Juda reste la tribu choisie de Dieu pour exercer ]a royauté. La séparation des dix tribus était une révolte.
Un seul bâton : un seul royaume.
Un dans ma main : comme les deux bâtons étaient un dans la main du prophète (verset 17), les deux royaumes doivent n’en former plus qu’un dans celle de l’Éternel qui y exercera lui-même le pouvoir (Ézéchiel 34.9-16).
Il résulte de ce verset, particulièrement des mots à leurs yeux, que dans ce cas-ci l’acte symbolique a été réellement exécuté.
Les deux bâtons apparaissent maintenant étroitement unis aux regards du peuple et le prophète part de ce symbole actuel et visible pour pousser jusqu’au bout le développement de la promesse.
La réunion des deux royaumes en un seul État.
Après l’exil, la Galilée repeuplée fut de nouveau réunie à la Judée ; elle est demeurée dès lors avec celle-ci sous une seule et même direction. Mais la prophétie va plus loin encore ; elle se rapporte au rétablissement final de l’unité nationale dans les temps du Messie.
Un même roi. Le verset 24 prouve qu’il s’agit du Messie dont la présence sera un lien indissoluble entre les différentes parties d’Israël.
Purification spirituelle du peuple.
De toutes leurs rébellions. La leçon reçue signifierait : de toutes leurs demeures, ce qui ne pourrait, s’expliquer que d’une manière un peu forcée. La simple transposition d’une lettre permet de traduire comme nous l’avons fait.
Le nouveau David : c’est par son ministère que Dieu exercera sa souveraineté.
L’établissement d’un nouveau sanctuaire au milieu de la nation restaurée, sanctifiée et multipliée.
Les expressions de ce verset sont la reproduction des termes mêmes de Lévitique 26.9 ; Lévitique 26.11.
Mon habitation. Ce terme dit en un sens plus que celui de sanctuaire. Après que le nouveau sanctuaire aura été élevé, Dieu ne le laissera pas vide ; il en fera son habitation, comme de l’ancien.
Au-dessus d’eux : allusion à la situation du temple sur la montagne de Sion, d’où cet édifice dominait la ville. Mais la pensée réelle est celle de la vivante présence du Seigneur, qui planera sur son peuple.
Je serai leur Dieu… Comparez Lévitique 26.12.
De son sanctuaire l’Éternel répandra la sainteté sur tout son peuple et la vue de cette nation sanctifiée ouvrira les yeux des païens, qui reconnaîtront en Jéhova le vrai Dieu, leur Dieu.
Il est bien probable que dans la pensée d’Ézéchiel ce sanctuaire est celui dont il donnera description dans les chapitres 40 à 48 ; il décrit, Ézéchiel 46.1-5, l’entrée solennelle de Jéhova dans ce parfait sanctuaire.
D’après la marche naturelle des choses, cette transformation sainte du peuple rétabli devait produire la conversion des païens ; mais par la faute des Juifs l’ordre a été renversé. Les premiers sont devenus les derniers. Il n’en est pas moins vrai qu’un jour ces derniers (les Juifs) redeviendront les premiers. L’influence de la conversion des Juifs sur l’Église de la gentilité sera immense (Romains 11.12 ; Romains 11.15).