Verset à verset Double colonne
Ici Job va faire un pas en avant. Jusqu’alors il s’était tenu sur la défensive, se bornant à affirmer son innocence. Impatienté par les accusations toujours moins déguisées de ses amis, il affirme maintenant la fausseté de leurs théories sur la justice rétributive de Dieu : Non, contrairement à ce qu’ils ont avancé plusieurs fois déjà, l’impie n’est pas toujours puni. Précédemment Job s’était élevé en passant contre cette affirmation (Job 9.22-24 ; Job 10.3 ; Job 12.6). Maintenant il l’attaque de front. Il le fait à regret, mais il y est contraint et l’irritation que cause en lui la dureté de ses amis aussi bien que ses souffrances, le pousse à exagérer la portée d’un fait indiscutable.
Après un appel adressé à ses interlocuteurs (versets 2 à 6), Job traite le sujet indiqué (versets 7 à 26), puis conclut (versets 27 à 34).
Et donnez-moi cette consolation : que cela remplace vos consolations. Vous consolez si mal (Job 26.2 ; Job 21.34) ! Écoutez au moins ; cela vaudra mieux.
Tu pourras te moquer. Ici Job interpelle directement Tsophar, le dernier de ses accusateurs, dont le discours a été particulièrement blessant : Quand tu m’auras entendu, tu pourras rire de moi.
Il est digne de remarque que Tsophar garde le silence dans le troisième cycle de discours qui va suivre.
Job n’ose pas dire catégoriquement qu’il se plaint de la manière dont Dieu gouverne le monde ; mais on comprend que c’est là le fond de sa pensée. Voyez les mêmes réticences déjà Job 3.20 ; Job 7.7 ; Job 7.12 et suivants.
Pourquoi donc… ? Si c’est de Dieu que j’ai à me plaindre, quoi d’étonnant à ce que je sois poussé à bout, puisque les bases mêmes de ma piété se trouvent ébranlées ?
Job sent que les faits qu’il va signaler et les principes qui semblent s’en dégager sont une énormité. Il en prévient ses auditeurs.
Soyez stupéfaits : de ce que je vais dire.
Mettez la main sur la bouche : pour ne pas éclater à chacune des phrases que je vais prononcer.
Voici l’énoncé du fait renversant que vous me forcez à mettre en lumière : les méchants jouissent de toutes sortes d’avantages (versets 7 à 13).
En un clin d’œil. Après une vie sans douleurs, ils ont encore le privilège de mourir d’une mort douce.
Cependant ils ne faisaient pas mystère de leur impiété ; au contraire, ils l’affirmaient ouvertement.
À nous approcher de lui : par la prière et des sacrifices.
Nouvelle accusation détournée, à l’adresse de Dieu : Si le bonheur des méchants était leur propre œuvre, je ne m’en préoccuperais pas outre mesure… Job ne poursuit pas son raisonnement, mais on comprend ce qu’il veut dire.
Loin de moi ! Tout en constatant cette étonnante prospérité des méchants, Job tient à se séparer d’eux ; il ne se laissera pas séduire.
Dieu réserve le malheur pour ses fils (les fils de l’impie). Ceci est un argument qu’on pourrait avancer pour justifier Dieu. Job répond : Non ! Pour que le coupable sache ce qu’il a mérité, c’est lui qui doit être puni (versets 19 à 21).
Enseignera-t-on la science à Dieu ? Rien de plus aisé que de dire que Dieu est juste. Mais encore faut-il tenir compte de tous les faits. Vous vous en tenez à des observations incomplètes et vous prêtez à Dieu des vues bornées. La vie présente et la mort témoignent souvent d’indifférence morale chez Dieu (versets 23 à 26). Mais le juge des esprits célestes n’aurait-il rien à dire sur les hommes après leur mort ?
À partir d’ici Job s’adresse de nouveau plus directement à ses amis.
Vos pensées. Job comprend leur tactique : ils veulent arriver à lui faire avouer des crimes.
Les voyageurs : les hommes dont l’horizon s’est élargi et qui ont acquis des idées générales.
Les sages qui ont voyagé confirmeront sans aucun doute les observations faites par Job. Celui-ci répète, en les accentuant avec une exagération qui paraît presque voulue, la théorie défendue dans ce discours : l’impunité et même la prospérité des méchants.
Qui est-ce qui… ? Ni les hommes, ni… Dieu.
On l’accompagne. Il y a un cortège imposant le jour de ses funérailles.
Il veille. Même après que tout est fini, le riche impie est encore là, sous la forme d’une statue qui se dresse sur sa tombe. D’autres traduisent : On veille, pour empêcher toute profanation.
Suivent ses traces. Il a si bien réussi !