Verset à verset Double colonne
Et Ehud était mort. Ce chapitre nous transporte au nord de la Terre Sainte, au midi du Liban, sur les confins d’un grand État cananéen qui s’était relevé après la prise de Hatsor par Josué. L’infidélité nouvelle d’Israël eut lieu après la mort d’Ehud, durant l’époque de repos dont il a été parlé Juges 3.30. La punition suivit aussitôt.
Jabin… Hatsor : voir Josué 11.1, note. Comme son prédécesseur du même nom, Jabin était le chef d’une confédération de petits États cananéens dont chacun avait son roi, comparez les expressions rois et princes versets 3 et 19.
Sisera. Il ne paraît pas avoir été simplement général de l’armée de Jabin, puisque dans ce cas il aurait eu sa demeure près de Hatsor, tandis que, comme nous allons le voir, elle en était à une grande distance. Mais c’était probablement l’un des rois les plus vaillants et les plus puissants de la confédération dont Jabin était le chef. Nous ignorons la raison pour laquelle Jabin ne commandait pas lui-même son armée. Il ne paraît pas même avoir pris part à la bataille.
Haroseth-Goïm. Le premier de ces noms signifie : le chantier ; peut-être aujourd’hui Harotieh, colline couverte de ruines considérables, située dans la contrée montagneuse, entre la plaine de Saint-Jean d’Acre au nord-ouest et celle de Jizréel au sud-est, au nord du Kison et en face du Carmel. De là on commandait toute la plaine et le défilé qui conduit à la mer. Goïm : nations, Gentils ; voir Ésaïe 8.23, note. Les Cananéens ont toujours conservé des établissements nombreux dans ces contrées septentrionales.
Neuf cents chars. C’était le moyen par lequel Jabin tenait la plaine en son pouvoir (Juges 1.19 ; Josué 17.16). Ces engins de guerre inspiraient une épouvante particulière à Israël qui n’avait rien de semblable à leur opposer.
Débora : abeille. Prophétesse en vertu du souffle divin dont elle était animée, comme Marie (Exode 15.20), Hulda (2 Rois 22.14) et Noadia (Néhémie 6.14). La force et la sagesse divines dont elle était remplie lui avaient valu la vénération du peuple qui l’avait établie comme son arbitre. Les juges ordinaires paraissent avoir fait défaut (Deutéronome 16.18).
Lappidoth (flambeaux) était le nom de son mari.
Sous le palmier de Débora : un palmier d’une beauté remarquable auquel le nom de cette femme est resté longtemps attaché.
Rama : actuellement Er-Ram (Josué 18.25, note).
Béthel : à 4 km au nord de Rama. Ces deux localités étaient situées sur la montagne d’Éphraïm, dans la tribu de Benjamin.
Barak : éclair.
Kédès : au nord-ouest du lac Mérom (Josué 12.22, note ; Josué 21.32).
Et elle lui dit : quand, à son appel, il fut venu la trouver de Kédès. Débora connaissait sans doute Barak comme un homme particulièrement vaillant et influent.
Thabor : au nord de la plaine de Jizréel ; maintenant Djébel-el-Tùr, majestueuse montagne de 300 mètres de hauteur, se terminant en cône tronqué et offrant à son sommet un plateau de 2 km de tour ; voir Josué 19.22, note. De là on dominait toute la plaine d’Esdraélon où allaient arriver les Cananéens.
Prends avec toi : voir verset 10.
Et je ferai marcher vers toi. Sisera sera attiré là d’un côté par le fait que la plaine convient à ses chariots, de l’autre parce qu’il aura appris qu’un rassemblement de troupes israélites est en train de se former sur le Thabor (versets 12 et 13).
Au torrent de Kison. Ce torrent traverse de l’est à l’ouest la plaine d’Esdraélon. Il n’a durant l’été un courant d’eau suivi que depuis 8 km au-dessus de son embouchure.
Si tu ne viens pas avec moi. Barak ne se sentait pas suffisamment appuyé de l’Esprit d’en-haut, pour marcher seul à cette grande lutte. Il réclame l’appui personnel de la prophétesse.
Débora consent, mais en le faisant rougir de sa faiblesse. Quand les hommes ne sont pas à la hauteur de leur mission, Dieu l’accomplit par des femmes (Jeanne d’Arc). Voir au verset 17.
Débora retourne avec lui à Kédès pour organiser la lutte parmi les tribus du nord.
Zabulon et Nephthali : les tribus les plus voisines de Kédès.
À Kédès. Il part de là avec Débora pour le Thabor, situé beaucoup plus au sud.
Notice intercalée ici pour préparer le récit qui va suivre (versets 17 à 22). Sur les Kéniens. Voir la note Juges 1.16.
Chêne de Tsaannaïm : voir Josué 19.33.
Neuf cents chars. Ce nombre n’a rien d’étonnant. Le roi des Chétas, contre lequel combattit Ramsès II en avait 2500. Ramsès III en avait 994.
L’initiative continue à partir de Débora.
Et Barak descendit du mont Thabor. Si Sisera était campé près du Kison, Barak était à quelques lieues de distance à l’est. Il franchit cet espace de nuit et attaque au matin Sisera.
Mit en déroute. Nous avons ici un terme qui n’est guère employé que lorsqu’il s’agit de désordres subits et complets produits par l’intervention directe de Dieu, comme dans Exode 14.21 et Josué 10.10.
À la pointe de l’épée : de celle des Israélites qui s’élançaient sur eux le glaive à la main.
S’enfuit à pied : quitta l’armée poursuivie, pour prendre des chemins de montagne vers le nord et se sauver chez les Kéniens, amis de Jabin.
Barak croyait poursuivre Sisera, mais celui-ci ne devait pas tomber entre ses mains (verset 9).
En raison des relations amicales qui existaient entre Jabin et les Kéniens, Sisera pouvait se croire plus en sûreté au sein de cette tribu que dans sa propre demeure.
Chez moi : dans la partie la plus reculée de la tente de son mari ; cette partie chez les Bédouins est réservée aux femmes. C’est là que se trouve aussi le garde-manger avec les outres de beurre et de lait frais ou caillé dont il y a toujours une abondante provision. Nul étranger, ne peut entrer dans cette partie de la tente, de sorte que Sisera pouvait s’y croire en pleine sûreté.
Du lait : et non pas simplement de l’eau, comme il demandait. On a pensé que c’était du lait caillé, de chameau, dont les Bédouins font une boisson délicieuse, mais qui a une vertu soporifique. Ils l’appellent leban.
Un pieu de la tente : une des chevilles de bois pointues fichées en terre, auxquelles sont attachés les cordages de la tente.
Ne découvrant pas Sisera parmi les fuyards, Barak s’était tourné d’un autre côté. Le narrateur raconte l’action de Jaël sans la juger, comme cela arrive si souvent dans l’histoire sainte. Il est évident qu’on ne saurait approuver cette violation des lois de l’hospitalité, non plus que la bienveillance perfide par laquelle elle trompe Sisera. D’autre part, un pareil acte s’explique sans se justifier par son enthousiasme pour la cause de l’Éternel et de son peuple. Il y a ici, comme dans la conduite de Rahab ou dans celle d’Ehud, un mélange de bien et de mal qui est en rapport naturel avec ces temps où la lumière divine n’avait encore jeté que ses premiers rayons.
C’est ici la dernière fois qu’il est parlé d’un royaume cananéen.