Verset à verset Double colonne
1 Et Abimélec, fils de Jérubbaal, se rendit à Sichem auprès des frères de sa mère, et il leur parla, ainsi qu’à toute la famille de la maison du père de sa mère, en ces termes :Soixante-dix hommes. Ils avaient sans doute hérité de leur père la richesse et un certain pouvoir, au moyen de quoi Abimélec les fait passer pour autant de tyrans.
Tirés du temple. C’était l’usage chez les anciens de déposer les trésors publics dans les temples. Cette somme devait servir entre les mains d’Abimélec à payer les meurtriers de ses frères.
Millo : la citadelle, la même sans doute que la tour de Sichem (verset 46).
Toute la maison de Millo : toute la population habitant la citadelle, en opposition aux hommes de Sichem qui habitaient la ville proprement dite.
Près du chêne du monument : voir Josué 24.25, note.
Les peuples de l’Orient sont très amateurs des discours figurés et des paraboles ; ils s’en servent pour adresser des reproches qu’ils ne pourraient formuler directement.
Garizim. Cette montagne s’élève au sud de la vallée de Sichem, formant une abrupte paroi de rochers de 240 mètres de hauteur. Sur le chemin qui de Sichem mène au sommet de la montagne, se trouve un rocher de quelques mètres de largeur qui s’avance et surplombe la ville. On suppose que c’est de là que parla Jotham. L’acoustique dans cet endroit facilite une transmission rapide et claire de la voix, en sorte qu’il put se faire entendre sans grand effort du peuple de la ville ; voir Josué 8.34, note.
Honorent en moi : par l’usage qu’on en fait dans les sacrifices (Lévitique 2.1-4 ; Lévitique 6.15) et dans les cérémonies, pour oindre les souverains, par exemple.
Le sens de cette image est que tous les citoyens vraiment vertueux (on l’avait bien vu par le refus de Gédéon) préféreront rester dans leur position modeste, mais bienfaisante et refuseront la royauté ; le seul qui l’acceptera, comme le fait en ce moment Abimélec, c’est un homme sans valeur, un buisson d’épines (verset 14).
Me balancer au-dessus des arbres : jouir des vains honneurs de la royauté.
Qui réjouit Dieu : par les libations dans les sacrifices (Lévitique 23.13).
Sous mon ombrage. C’est ironiquement que Jotham met ces mots dans la bouche du buisson d’épines, qui ne donne aucune ombre. En échange il s’enflamme facilement et peut mettre le feu même à une forêt de cèdres. Avis aux riches habitants de Sichem !
Si c’est en vérité et droiture : S’ils ont sérieusement voulu le bien en faisant roi Abimélec et s’ils ont cru témoigner par là leur reconnaissance envers Gédéon.
Ici Jotham s’interrompt pour intercaler les versets 17 et 18, rappelant le contraste entre les bienfaits de Gédéon pour son peuple et l’affreux massacre de ses fils dont les habitants de Sichem étaient responsables en raison de la somme qu’ils avaient donnée dans ce but, puis il reprend (versets 19 et 20) pour conclure.
Cet apologue est évidemment authentique ; il date d’un temps antérieur à l’établissement d’une royauté régulière.
S’enfuit : par le sommet de la montagne qui était derrière lui et en redescendant au sud jusqu’à Béer, probablement Bireh, à 12 km au nord de Jérusalem, dans la tribu de Benjamin.
Domina : le terme n’est pas celui qui désigne la royauté régulière.
Sur Israël : peut-être seulement sur Éphraïm et Manassé.
Un esprit mauvais : l’esprit de discorde est personnifié ici comme l’esprit de mensonge dans 1 Rois 22.19 et suivants ; voir aussi 1 Samuel 16.14-23 ; 1 Samuel 18.10 (Saül). Dieu se sert d’un mauvais esprit pour égarer et pour punir.
En embuscade contre lui : Abimélec ne résidait pas à Sichem, mais il y avait un représentant en la personne de Zebul (verset 28).
Les Sichémites voulaient par ce moyen décrier son gouvernement, soit que ces bandes soudoyées pillassent les caravanes auxquelles il avait accordé pour de l’argent un sauf-conduit, soit qu’elles interceptassent les tributs qui lui étaient envoyés, ou en général par l’insécurité résultant de ces brigandages.
Gaal, fils d’Ebed. Cet homme paraît être un étranger à la contrée, qui était arrivé à la tête de sa tribu (avec ses frères) et avait obtenu la permission de demeurer à Sichem.
Prirent confiance en lui : il attira peu à peu à lui la confiance des habitants de Sichem, jusqu’alors soumis à Zébul.
Une fête : une réjouissance à l’occasion de la vendange ; comparez celle que prescrivait la loi pour la fin des récoltes (Lévitique 23.39) et à laquelle se rattachait un repas sacré. Les hommes de Sichem paraissent avoir célébré cette fête à la manière païenne et dans la maison de l’idole adorée sous le nom de Baal-Berith. Dans l’échauffement du repas, ils parlèrent mal d’Abimélec, de la domination duquel ils étaient las.
Gaal profite de ce moment pour les exciter à la révolte.
Qui est Abimélec ? Il agit sur eux par deux mobiles différents, l’un religieux, l’autre politique. Il appelle Abimélec fils de Jérubbaal, l’adversaire du dieu dans le temple même duquel ils célébraient la fête. Et il réveille le sentiment cananéen de toute une partie de la population, en opposition à l’origine israélite d’Abimélec ; il leur rappelle qu’ils ont au milieu d’eux des descendants d’Hémor, l’ancien roi cananéen fondateur de Sichem (Genèse 33.19 ; Josué 24.32) et que ces hommes sont bien plus dignes qu’Abimélec et son serviteur Zébul de gouverner la ville.
Les mots : Qu’est Sichem ? font appel au sentiment de dignité des anciens habitants de cette ville, actuellement asservie à un étranger. On voit par ce discours combien le peuple cananéen s’était relevé en beaucoup d’endroits de sa défaite première et comment il tentait de reprendre le dessus sur ses vainqueurs.
Pourquoi servirions-nous ? Gaal était probablement lui-même Cananéen ou se donnait l’air de l’être.
Oh ! Qui me donnerait… ! Qui m’établirait chef sur vous (2 Samuel 15.4) ?
Et il dit à Abimélec : défi adressé à Abimélec absent, comme s’il était présent.
Zébul ne se sent pas assez fort pour lutter contre Gaal et les notables de Sichem qui paraissent faire cause commune avec lui ; il demande du secours à Abimélec.
Secrètement : d’autres voient ici un nom de ville : Thorma.
En embuscade : ils se cachèrent si bien que, jusqu’au matin, Gaal ignora leur approche.
Gaal, qui s’attendait à ce qu’Abimélec ne tarderait pas à arriver après avoir appris ce qui s’était passé, va se poster avec sa troupe à la porte de la ville pour être prêt à tout événement.
Zébul, avec les habitants de Sichem (verset 39), était venu voir ce qui se passerait.
Aperçut ces gens : le corps commandé par Abimélec qui parut le premier.
Voilà une troupe. Il s’agit ici d’un second corps, venant d’un autre côté, du milieu du pays, du plateau, en opposition aux sommets des montagnes (verset 36).
Et un corps arrive : c’est un troisième.
Chêne des devins : voir Genèse 12.6, note. Cet arbre n’est nommé nulle part ailleurs.
À ce moment Zébul, qui avait gardé jusqu’alors la position de simple témoin, ne craint pas de se démasquer.
En présence des hommes de Sichem. Eux-mêmes ne voulaient pas s’exposer en prenant part à la sortie.
Dans ces conditions Gaal fut facilement défait.
Abimélec attend au lendemain pour punir les habitants de la ville de leur défection et s’arrête dans un endroit du voisinage : Aruma ; inconnu.
Les chefs de Sichem, redoutant sa vengeance, se hâtent d’expulser Gaal et sa troupe.
Ayant fait justice de Gaal, la population de Sichem sort le lendemain en toute sécurité pour vaquer aux travaux de la campagne.
Abimélec, avec un corps de troupes qui comprend peut-être deux des corps de la veille, vient occuper la porte pour empêcher les habitants de rentrer, tandis que les deux autres corps se jettent sur eux dans la campagne et les massacrent.
Après cela il assiège la ville, qui, comprenant ses intentions hostiles, se défend toute la journée. Abimélec la prend et en massacre la population, exécutant ainsi la menace de Jotham (verset 20).
Sema du sel : pour la vouer à une désolation perpétuelle (Job 39.9 ; Psaumes 107.34). Le sel est le symbole de la stérilité. En 1162 Milan fut renversée et semée de sel. Anciennement en France on semait du sel sur le sol de la maison d’un homme déclaré traitre à son roi. On en fit autant de celle de l’amiral Coligny.
La tour de Sichem : localité voisine de la ville et où se trouvait une tour destinée peut-être à défendre l’entrée de la vallée. Les habitants, se sentant menacés du même sort que ceux de Sichem, cherchent un asile, qu’ils croient inviolable, dans le temple voisin, probablement situé sur la hauteur, du dieu Baal-Berith.
Le sens du mot tseriach, que nous avons traduit par forteresse, est incertain ; il semble désigner un caveau, une crypte ; comparez 1 Samuel 13.6.
Tsalmon : de tsélem, ombre. C’était une partie du mont Garizim, couvert alors d’épaisses forêts.
Sur la forteresse : peut-être faut-il se représenter un vaste local souterrain couvert, en bois. Accomplissement littéral du verset 20 (début).
Thébets : aujourd’hui le grand village de Tubas, à 16 km au nord-est de Sichem. Cette localité avait, paraît-il, pris aussi part à la révolte contre Abimélec.
Un fragment de meule : de la pièce supérieure et mobile d’un moulin à main ; voir Deutéronome 24.6 et Jérémie 25.10, note.
Accomplissement de verset 20 (fin).
Abimélec n’appartient pas proprement à la série des Juges. Il est dit de lui, non qu’il jugea, mais qu’il régna (verset 22). Nulle part il n’est nommé juge ou libérateur d’Israël.