Verset à verset Double colonne
L’ange qui apporte le petit livre
Un ange puissant, d’un aspect rassurant et terrible, tenant un petit livre ouvert, pose son pied droit sur la mer et le gauche sur la terre (1, 2).
Les sept tonnerres
Ils font entendre leurs voix, en réponse au cri de l’ange. Jean allait écrire leurs paroles, quand l’ordre lui est donné de les sceller (3, 4).
Déclaration de l’ange
Il jure, par le Créateur de l’univers, qu’à la trompette du septième ange, le mystère de Dieu sera accompli (5-7).
Jean reçoit et exécute l’ordre de dévorer le livre
La voix du ciel lui ordonne d’aller prendre le livre de la main de l’ange. Il va vers l’ange, qui lui dit de le manger, l’avertissant qu’il sera amer à ses entrailles, mais comme du miel à sa bouche. Jean le dévore et le trouve tel. On lui annonce qu’il doit prophétiser encore sur beaucoup de peuples (8-11).
Q porte : un ange puissant.
Cet ange puissant (Apocalypse 5.2) descend du ciel pour un message important dont les caractères se trouvent déjà symbolisés par les attributs sous lesquels il apparaît à Jean. La nuée qui l’enveloppe est celle qui accompagne les manifestations de Dieu aux hommes (Matthieu 17.5 ; Apocalypse 1.7 ; Apocalypse 14.14).
L’arc-en-ciel qui est au-dessus de sa tête environnait le trône de Dieu dans la vision de Apocalypse 4.3 ; il est le signe de l’alliance de grâce et adoucit ce qu’il y a de terrible dans son visage comme le soleil et ses pieds comme des colonnes de feu (Apocalypse 1.15 ; Apocalypse 1.16), qui le montrent dans sa sainteté, prêt à consumer tout ce qui s’oppose à lui. C’est qu’en effet son message est un message à la fois de justice et de grâce : de justice pour le monde, dont il annonce la ruine finale, de grâce pour l’Église de Dieu, dont il va proclamer le dernier triomphe.
Un livre renfermant la révélation que l’ange apporte ; petit parce que cette révélation embrasse un champ moins vaste que celle du livre mentionné à Apocalypse 5 ; ouvert et non scellé comme celui de Apocalypse 5, car Dieu n’a plus rien à cacher ; maintenant que le septième sceau du grand livre a été ouvert, Jean pourra, sans l’aide de personne (Apocalypse 5.4 ; Apocalypse 5.5), en connaître le contenu (verset 8 et suivants ; Apocalypse 11.1 et suivants). Ce contenu, ce sont les événements annoncés dans le reste de l’Apocalypse et qui précéderont la fin.
Pour montrer que la domination du Dieu qu’il représente s’étend à l’univers entier (Psaumes 8.7).
Grec : parlèrent leurs voix.
Les sept tonnerres (avec l’article) sont supposés connus des lecteurs. C’est, selon quelques interprètes, une allusion au Psaume 29, où David nomme par sept fois le tonnerre, qu’il appelle « la voix de l’Éternel ». Suivant d’autres, le nombre sept serait établi par analogie avec les sept esprits de Dieu (Apocalypse 1.4 ; Apocalypse 4.5 ; Apocalypse 11.13).
Ainsi les sept tonnerres avaient fait entendre à Jean des paroles intelligibles. Il allait les écrire, mais cela ne lui fut pas permis.
Sceller quelque chose, c’est ne pas le révéler (Apocalypse 22.10 ; Daniel 12.4 ; Daniel 12.9).
Le motif de cette interdiction n’est pas indiqué et l’on ne saurait dire quel est le but de cet épisode des sept tonnerres.
Comparer Daniel 12.7.
Plus de délai (grec temps), de sursis pour la repentance et la conversion (Apocalypse 2.21).
Apocalypse 11.15 Voilà le temps précis marqué par le serment de l’ange et en vue duquel il dit qu’il n’y aura plus de délai. La septième trompette annoncera le jugement dernier et la consommation de toutes choses.
Le mystère de Dieu, c’est son conseil éternel pour le rétablissement final de son règne, qui aura lieu après la septième trompette (Apocalypse 11.15 et suivants).
L’ange déclare que ce mystère sera accompli comme Dieu l’avait annoncé (grec évangélisé, en avait annoncé la bonne nouvelle) à ses serviteurs les prophètes : c’était, en effet, la bonne nouvelle de la délivrance éternelle, quoique celle-ci dût être précédée de terribles jugements.
Les prophètes ne sont pas seulement ceux de l’Ancien Testament, mais les serviteurs de Dieu (Apocalypse 1.1) de tous les temps, revêtus du don de prophétie (Apocalypse 11.18 ; Apocalypse 16.6 ; Apocalypse 18.20 ; Apocalypse 22.9).
C’est-à-dire que Jean devait en recevoir le contenu dans son cœur, se l’approprier tout entier.
Ce n’est qu’ainsi que le serviteur de Dieu peut ensuite proclamer avec vérité et avec force les jugements ou les grâces de Dieu, ses menaces ou ses promesses : il doit en avoir éprouvé lui-même dans son âme toute l’amertume et toute la douceur (verset 10. Comparer Ézéchiel 3.1 et suivants).
Le doux et l’âcre (ou l’amer) sont l’image de la joie et de la douleur.
Suivant les uns, ces impressions contraires sont causées par le double contenu du petit livre : d’une part, des jugements terribles et des souffrances que les élus eux-mêmes devront endurer et d’autre part, la délivrance finale et le triomphe du règne de Dieu.
D’autres objectent que si telles étaient les causes des sentiments du voyant, il aurait éprouvé l’âcreté avant la douceur. Ils pensent qu’il lui était douce, au premier abord, d’être honoré d’une telle révélation, mais que celle-ci lui parut âcre quand il eut constaté les terribles secrets qu’elle renfermait.
Grec : Ils me disent ; le sujet de ce verbe au pluriel pourrait être, à la fois, l’ange et la voix entendue par Jean (verset 8) ; ou, plus simplement ce sont des voix célestes indéterminées.
La déclaration : Il faut que tu prophétises est dans un rapport intime avec ce qui précède : c’est parce que Jean s’est approprié le petit livre qu’il est obligé et capable de prophétiser.
La prophétie qui était renfermée dans le petit livre et qu’il doit émettre n’est pas seulement celle de Apocalypse 11.1-14, concernant Jérusalem. Elle porte sur beaucoup de peuples et de nations et de langues et de rois. Elle embrasse donc toutes les visions du reste de l’Apocalypse.
On pourrait se fonder sur les termes : beaucoup de peuples, de rois, pour établir que le voyant contemple dans la suite bien d’autres événements que la lutte de l’Église contre l’empire et la chute de Rome (Apocalypse 13 à Apocalypse 19). Mais des peuples et des rois interviennent dans la ruine de Babylone (Apocalypse 16.12 et suivants ; Apocalypse 17.12-17) et des nations figurent dans les scènes des derniers temps (Apocalypse 20.8 ; Apocalypse 21.24).