Verset à verset Double colonne
1 Le troisième jour Esther mit son vêtement royal et se présenta dans la cour intérieure de la maison du roi, en face de la maison du roi. Le roi était assis sur son trône royal dans la maison royale, en face de la porte de la maison.Le troisième jour : au matin, puisqu’Esther invite le roi à dîner pour ce jour même (verset 5).
Vêtement royal : au lieu de ses habits de deuil.
Cour intérieure. Voir Esther 4.11.
En face de la maison du roi : en sorte que le roi, assis sur un trône dans une salle de son palais ouverte sur la cour, pouvait et devait l’apercevoir.
Toucha : peut-être en l’embrassant, comme le veut la Vulgate.
Le roi comprend qu’elle a quelque chose de considérable à lui demander, puisqu’elle pénètre jusqu’à lui au péril de ses jours.
Jusqu’à la moitié… Voir Marc 6.23 et Hérodote IX, 109.
Esther ne répond pas. Elle ne répondra pas même le soir, lors même que le roi l’aura de nouveau invitée à parler. Elle ne le satisfera que le lendemain (Esther 7.3 et suivants). Elle veut d’abord s’affermir dans la faveur du roi.
Avec Haman : qu’elle cherche à plonger dans la sécurité et qu’elle veut en même temps empêcher de rien tramer en secret avec le roi.
Pour faire ce qu’Esther a dit : qu’Haman vienne, puisqu’Esther l’invite. D’autres entendent : Pour que mon grand vizir soit présent et que l’on puisse de suite exécuter ce qu’Esther m’aura demandé.
Quand on en fut à boire… Pendant le repas le vin ne jouait pas un grand rôle. On ne donnait à boire que de l’eau du Choaspe qu’on faisait bouillir pour la rendre plus légère et pour la conserver plus longtemps et qu’on gardait dans de grands vases d’argent qu’on portait partout avec le roi. Mais le repas terminé, on restait à table et l’on se mettait à boire tout en mangeant des fruits (Hérodote I, 133). Alors, dit Calmet, on attaquait les liqueurs comme on aurait fait un ennemi.
D’après ce que rapporte Hérodote (IX, 111), il y avait en Perse une loi qui interdisait au roi de refuser les grâces qui lui étaient demandées pendant le festin royal. Dans ce cas, Esther n’aurait risqué sa vie qu’en présentant une requête en dehors d’un festin royal (Esther 5.2 ; Esther 8.3).
Ma demande et mon désir : pour le moment, c’est que le roi accepte une nouvelle invitation pour demain. Alors je déclarerai mon vrai désir.
À la porte du roi. Voir Esther 4.4, note. Esther ayant consenti à parler au roi et le jeûne étant passé, Mardochée avait dépouillé ses habits de deuil et repris à la porte du roi sa place accoutumée (Esther 2.21). L’irritation d’Haman augmente en raison des faveurs croissantes dont il est comblé. D’ailleurs Mardochée ne lui refuse plus seulement des hommages extraordinaires.
Se contint : en se disant que les choses changeraient bientôt.
Ses amis, qu’il consultait et auxquels il ouvrait son cœur.
Zéresch. Ce nom est probablement dérivé du mot zend zara, or.
Le nombre de ses fils. Dix, d’après Esther 9.7. Hérodote rapporte que les Perses ne connaissent rien de plus beau, après la gloire qui s’acquiert par les armes, que d’avoir beaucoup de fils. Ceux qui ont ce bonheur en sont récompensés par des présents que le roi leur envoie tous les ans.
Haman n’a donc aucun soupçon, tant il est aveuglé, par la haine et par la haute opinion qu’il a de lui-même.
Tout cela ne me suffit pas : ne compense pas l’affront…
À la porte du roi. Avons-nous ici une reproduction abrégée du discours d’Haman qui se serait plaint de ce que Mardochée à la porte du roi ne le saluait pas ? Ou bien Haman ne peut-il supporter que ce Juif occupe cette place ? Le texte conduit plutôt à ce second sens.
De même que les épouses favorites avaient une grande influence sur les rois de Perse, ainsi Zéresch apparaît ici comme la conseillère de son mari. Elle n’entrevoit pas même la possibilité d’un refus de la part du roi qui a accordé à Haman le peuple juif tout entier et elle compte sans Celui qui incline les cœurs (Esther 6.1 et suivants). Le gibet doit être dressé à l’avance pour que Mardochée puisse y être pendu immédiatement et qu’Haman en allant dîner n’ait plus d’affront à essuyer.
Cinquante coudées de haut : environ vingt mètres. Il fallait que la victoire d’Haman éclatât à tous les yeux. C’est peut-être ici que la trame de la tragédie nous apparaît le plus serrée. La foi a déjà remporté une victoire : Esther n’a pas été mise à mort. Mais que d’atouts encore dans les mains des ennemis des Juifs ! Les craintes de ceux-ci et l’orgueil d’Haman sont à leur apogée. Heureusement que dans ce qui suit l’invisible main de Dieu va se faire sentir, comme on l’a vue lors du festin de Belsatsar.