Verset à verset Double colonne
1 Et les fils d’Israël commirent une infidélité au sujet de l’interdit : Acan, fils de Carmi, fils de Zabdi, fils de Zérach, de la tribu de Juda, prit de l’interdit, et la colère de l’Éternel s’alluma contre les fils d’Israël.Et les fils d’Israël commirent une infidélité. Le crime d’Acan est imputé à tout Israël qui en porte aussitôt la peine. Cette solidarité dans la responsabilité de la faute commise repose sur la nature de la consécration du peuple à Dieu dans l’ancienne économie. Cette consécration n’était pas encore cet acte individuel qui caractérise l’entrée dans la nouvelle alliance. C’était une consécration collective, nationale et par conséquent de nature extérieure, reposant sur certains actes obligatoires et communs à tous, tels que la circoncision, la participation à la Pâque, etc. Une consécration collective, comme celle-là, pouvait donc être profanée et détruite par la faute d’un seul d’entre ceux qui y avaient participé. Une pareille relation ne pouvait naturellement appartenir qu’à l’époque pédagogique durant laquelle Dieu travaillait à former graduellement le caractère moral de son peuple, et cela, par des moyens éducatifs dont nous avons parfois quelque peine à nous rendre compte. Dès les premiers jours de l’Église, nous rencontrons un fait qui a une certaine analogie avec celui qui nous occupe ; c’est l’infidélité d’Ananias et de Saphira (Actes chapitre 5) ; mais ici les deux coupables sont seuls à porter la peine de la faute commise et la prospérité spirituelle de l’Église n’en est nullement, compromise. C’est qu’il s’agit ici du sort éternel des âmes, à l’égard duquel la responsabilité est individuelle, tandis que dans l’ancienne alliance, où tout n’est encore que provisoire, soit la faute, soit le châtiment, il pouvait y avoir solidarité. Voir par exemple le péché de Jonathan, qu’il a commis inconsciemment et dont cependant lui et le peuple sont rendus responsables. Un serment qui liait le peuple (1 Samuel 14.24) a été violé ; cela suffit pour qu’une atteinte soit portée à sa consécration (ibidem verset 37).
Au sujet de l’interdit : voir Lévitique 27.21, Lévitique 27.28-29, notes.
Acan : dans 1 Chroniques 2.7, Acar, peut-être par allusion à notre verset 25.
Zabdi : d’après 1 Chroniques 2.6, Zimri, par une faute d’orthographe.
Zérach, frère jumeau de Pérets (Genèse 38.29).
Et la colère de l’Éternel s’alluma. Dès ce moment elle ne peut plus être éteinte que par la destruction de celui qui l’a provoquée et dont le supplice doit ainsi servir à réveiller la vigilance du peuple et sa sévérité envers lui-même.
Aï était située à quatre heures environ au nord-ouest de Jéricho, sur le plateau. On y parvenait en remontant le Wadi Madja, une des nombreuses vallées transversales qui descendent des monts de Benjamin et d’Éphraïm vers la plaine du Jourdain. Le nom de Aï signifie : monceau de pierres. On a trouvé un peu au sud de Béthel un village du nom de Tell-el-Hadjar, nom qui signifie en arabe : colline du monceau de pierres. Des tombes, de grands réservoirs, de nombreuses citernes creusées dans le roc montrent, d’après Harper, qu’il y a eu là une assez forte population. Comme cette ville n’avait guère que douze mille habitants (Josué 8.25), un simple détachement, dans des circonstances ordinaires, devait suffire pour la réduire.
Ce conseil des espions a un caractère de présomption et de légèreté et le consentement de Josué, qui ne consulte point l’Éternel, n’est peut-être pas non plus exempt de toute culpabilité. Ces circonstances contribuèrent à occasionner la défaite par laquelle le crime d’Acan devait être découvert.
Le mot Sébarim désigne soit des carrières, soit des précipices ou des éboulements dans la vallée.
Déchira ses vêtements. On s’est moqué de cette grande émotion du peuple et de Josué pour la perte de trente-six hommes sur six cent mille. L’on n’a pas compris que ce n’était pas cette perte, peu considérable en elle-même, qui causait une pareille consternation, mais la signification qu’elle avait pour le peuple et ses chefs en leur montrant que l’Éternel n’était plus avec eux. Il semblait qu’après la prise de Jéricho. le peuple allait marcher d’une manière non interrompue de victoire en victoire et voilà qu’au premier pas il est arrêté par une défaite.
Il y a dans la prière de Josué comme un ton de reproche : Dieu commence-t-il donc à manquer à sa promesse ? Mais c’est ainsi que tous les serviteurs de Dieu parlent avec lui, sur le pied d’une sainte familiarité. Ignorant ce qui s’est passé, Josué demande la lumière sur un fait qui lui paraît contraire aux promesses de Dieu.
Si seulement nous avions su rester… Littéralement : Plût à Dieu que nous eussions été contents de demeurer… ! Josué semble attribuer ce malheur à un excès d’ambition favorisé par les promesses divines.
Lève-toi ! Pourquoi te désespérer ? Il faut agir. Ce n’est pas moi qui suis infidèle, c’est Israël !
Ces et même successifs signalent l’accumulation de fautes réunies dans l’acte commis.
Se sanctifier (Josué 3.5), c’est, dans le cas particulier, séparer sa cause de celle du coupable par les sentiments et les actes d’une sincère humiliation. Quant au coupable, il semble que l’accomplissement de cet ordre ne pouvait que le conduire directement à l’aveu de sa faute.
Que l’Éternel aura saisie. Le sort est envisagé comme obéissant à la direction de la toute-science divine. Dieu eût pu désigner d’emblée le coupable, mais il veut laisser à chaque Israélite le soin de s’examiner lui-même et peut-être au coupable le temps de se déclarer.
Par tribus… Comme la tribu est la subdivision du peuple, la famille est celle de la tribu et la maison celle de la famille.
Sera brûlé : après avoir été lapidé.
Mon fils. La vue d’Acan, atterré par ce qui vient de se passer, remplit le cœur de Josué de commisération.
Donne gloire, je te prie, à l’Éternel (Jean 9.24). Donner gloire à Dieu, c’est dans ce cas reconnaître par la confession de sa faute que Dieu a dit vrai par le moyen du sort.
J’ai péché : aveu malheureusement trop tardif.
Sinéar. La plaine de Sinéar ou de Babylone était célèbre pour les vêtements magnifiques qu’elle livrait au commerce. Les productions de l’art et de l’industrie de l’Orient arrivaient en Palestine et jusque sur les rives de la Méditerranée par les caravanes (Genèse 37.25) qui se rendaient en Égypte ; on comprend donc qu’un vêtement aussi précieux ait pu se trouver dans le butin d’une ville cananéenne. D’après Josèphe, c’était une cotte d’armes tissée d’or, appartenant au roi de Jéricho.
Deux cents sicles d’argent. Voir Genèse 23.10-15, note. Pour le sicle d’or, voir Genèse 24.22, note.
Des messagers qui coururent. Ils étaient sous le coup de cette menace : Je ne serai pas avec vous aussi longtemps que vous aurez le corps du délit au milieu de vous.
Devant l’Éternel : devant le sanctuaire (verset 6), comme pour les mettre à la disposition de Dieu. Dieu ne reçoit point, ces objets dans son trésor ; il les livre à la destruction, sans faire la distinction autorisée Josué 6.19.
Josué et tout Israël. Le péché avait été national ; il fallait que le châtiment infligé au coupable revêtit le même caractère. En participant activement à la mort, du coupable, le peuple repoussait toute participation à sa faute.
Toute la famille d’Acan périt. La loi défendait, il est vrai, de mettre à mort les enfants pour les péchés de leurs pères (Deutéronome 24.16) ; mais c’était là une règle pour les tribunaux humains et en cas de crimes ordinaires. Dans ce cas tout spécial Dieu pouvait en ordonner autrement. Comme en effet le peuple tout entier avait été enveloppé dans la solidarité de la faute, de même toute la famille du coupable est impliquée ici dans la communauté du châtiment. Nous rappelons ce que nous venons de dire du caractère pédagogique de l’ancienne alliance, d’après lequel l’horreur du crime devait être inculquée par la destruction de tout ce qui y avait participé directement ou indirectement. Cette peine de mort n’impliquait point pour les coupables la perdition éternelle.
Vallée d’Acor (trouble) : ainsi désignée par anticipation. Cette vallée, d’après Josué 15.7, formait une partie de la frontière nord de Juda. C’est donc au sud de Jéricho qu’il faut la chercher ; de plus, comme il est parlé de montée, il faut y voir une de ces vallées par lesquelles on monte sur le plateau depuis Jéricho. Voir Ésaïe 65.10, note.
On lapida les vivants, puis on brûla les cadavres, et, en signe d’horreur de leur crime, on chargea leurs cendres d’un amas de pierres.
Un grand tas de pierres. Aujourd’hui encore, en Orient, on a l’habitude de couvrir de pierres la tombe des malfaiteurs pour que chaque regard jeté sur ce monticule inspire l’effroi du crime (2 Samuel 18.17).