Verset à verset Double colonne
1 Et l’Éternel dit à Josué : Ne crains point et ne t’effraie point ! Prends avec toi tous les gens de guerre, lève-toi et marche contre Aï. Vois ! J’ai livré entre tes mains le roi d’Aï, son peuple, sa ville et son pays.Ne crains point. Dieu est maintenant de nouveau avec lui.
Tous les gens de guerre : il s’agit de la conquête du pays tout entier. Cette expression ne doit cependant pas être prise à la lettre ; elle est simplement opposée à Josué 8.3. Le camp de Guilgal était naturellement gardé par une partie des troupes. Josué prend avec lui toutes celles qui restent disponibles.
Deutéronome 20.14-18.
Une embuscade. Un stratagème n’est blâmable à la guerre que quand il contredit la foi jurée.
Trente mille hommes. Cela paraît beaucoup pour une simple embuscade ; Josué ne voulait pas s’exposer à un nouvel insuccès. La marche eut lieu de nuit.
Par derrière, c’est-à-dire du côté opposé à celui par lequel Josué devait faire un semblant d’attaque. Ce côté était celui du nord-est (verset 11). Cette grande embuscade devait donc être postée vers le sud-ouest de la ville, au sud du chemin qui conduisait d’Aï à Béthel ; l’hébreu n’a pas de terme pour désigner les directions intermédiaires entre les points cardinaux ; de là l’expression : à l’occident d’Aï (verset 9).
Tenez-vous prêts : afin d’agir immédiatement, à la vue du signal (verset 18).
Après avoir fait partir le corps de troupes, Josué resta encore cette nuit au camp de Guilgal avec le gros de l’armée.
Le lendemain matin. Josué fait la revue du peuple et part à son tour ; il avait environ 20 km de chemin à faire ; il se campe au nord d’Aï, sur un plateau séparé de la ville par une vallée.
Il est bien évident qu’aux yeux du rédacteur de ce récit cette embuscade de cinq mille hommes que Josué détache maintenant de son corps d’armée n’est pas la même que celle des trente mille, envoyée la veille. Ce corps d’armée, moins considérable était sans doute destiné à agir contre Béthel à mesure que l’autre s’emparerait d’Aï. Car les habitants des deux villes voisines s’étaient ligués contre les Israélites, voir verset 17 ; voir aussi Josué 12.10, Josué 12.17, où il est parlé de la prise du roi de Béthel, qui n’est point mentionnée ici, mais qui a probablement eu lieu simultanément avec celle du roi d’Aï.
Son embuscade. Cette expression désigne le corps des cinq mille, détaché de l’armée en ce moment même.
À l’occident de la ville : ainsi aussi du côté de Béthel, mais du même côté que le gros de l’armée, par conséquent au nord du chemin qui conduit d’une ville à l’autre. Il faut se rappeler que le gros de l’armée devant prendre la fuite devant l’ennemi, il devait y avoir pour l’attaque immédiate des deux villes deux forces suffisantes.
En un point convenu, au commencement de la plaine, c’est-à-dire sur le bord du versant qui descendait à la vallée par où arrivaient du nord les Israélites.
Il n’y a que trois kilomètres entre ces deux localités ; le sort de l’une était donc inséparable de celui de l’autre.
Dès qu’il eut étendu… Il n’est point dit expressément que ce fut la vue de ce signal qui fit lever les gens de l’embuscade ; tout ce qui résulte du texte, c’est que les deux actes furent simultanés. Si malgré cela l’on veut voir dans l’un la cause déterminante de l’autre, il faut admettre que Josué se tenait sur une éminence d’où il pouvait être vu par les sentinelles avancées du corps d’embuscade placé au sud-ouest de la ville.
L’amenèrent à Josué. C’était l’ancien usage de conduire au général en chef les rois ou les généraux pris dans la bataille pour qu’il décidât de leur sort. Il assignait une récompense à ceux qui les lui amenaient.
Tous gens d’Aï ne signifie point qu’il n’y eut que les gens de cette ville qui furent tués, car nous savons par le verset 17 que la population de Béthel s’était mise tout entière avec celle d’Aï à la poursuite des Israélites. S’il n’est parlé dans ce chapitre que du sort d’Aï, c’est que ce récit est en rapport étroit avec celui de la défaite d’Israël devant cette ville à la suite de l’infidélité d’Acan.
Exode 17.11-12.
Pour Jéricho on en avait usé autrement (verset 2).
Comparez Deutéronome 21.22-23 et Josué 7.26.
Il est remarquable qu’après que Dieu avait ouvert lui-même la voie de la conquête par la prise miraculeuse de Jéricho, Israël doive se mettre à combattre lui-même en usant de toutes ses forces et de toute sa prudence. L’action divine ne se substitue point à l’activité humaine ; elle s’exerce seulement dans la mesure nécessaire pour éveiller et stimuler celle-ci.
Ce récit ne nous paraît point présenter les insolubles difficultés qu’on y a trouvées. On a souvent identifié les deux embuscades dont il est parlé au verset 3 et au verset 12, en admettant une erreur dans le chiffre de trente mille ou une contradiction provenant de la juxtaposition des narrations appartenant aux différents documents. Nous avons cru pouvoir rendre compte du récit tel que nous l’a livré le rédacteur du livre d’après les documents qu’il a employés ; lui-même comprenait sans doute le sens de ces documents mieux que nous ne pouvons le faire d’après les fragments qu’il nous en a transmis.
Par les victoires qu’il venait de remporter, Israël s’était rapproché du cœur du pays de Canaan, la vallée de Sichem, où il lui avait été ordonné par Moïse de se réunir pour renouveler l’alliance sur le sol de la Terre promise. Une distance de 30 km environ sépare Aï de Sichem. On a objecté qu’une pareille cérémonie, amenait une interruption fâcheuse dans l’œuvre de la conquête et l’on a par cette raison attaqué ce récit comme invraisemblable. Mais si Josué eût attendu pour accomplir l’ordre positif de l’Éternel que la conquête fût terminée et que le peuple se fût dispersé, l’exécution de cet ordre aurait rencontré de bien plus grandes difficultés. On prétend que cette pointe au milieu d’un pays non encore soumis eût été une grande imprudence. Mais Israël possédait une très forte puissance militaire et il était précédé par la terreur qu’inspirait le nom de son Dieu. Enfin il est à remarquer qu’il n’y avait pas de ville forte entre Béthel et Sichem et que cette dernière ville n’avait pas de roi, ainsi qu’on peut le conclure de la liste des trente-et-un rois vaincus par Josué (chapitre 12), liste où ne figure pas de roi de Sichem.
Selon l’ordre. Voir Deutéronome 11.29 ; Deutéronome 27.1-8.
Pierres brutes : Exode 20.25.
Une copie de la loi. Voir Deutéronome 27.3, note.
Tout Israël. Les Israélites avaient quitté Guilgal. Ils étaient habitués à ces marches.
Il lut. Depuis les pentes du mont Ébal, je pouvais fort bien me faire comprendre de mes gens qui étaient dans la vallée et sur les pentes du Garizim. (Harper).