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Josué 8
Bible Annotée (interlinéaire)

Verset à verset  Double colonne 

1 Et l’Éternel dit à Josué : Ne crains point et ne t’effraie point ! Prends avec toi tous les gens de guerre, lève-toi et marche contre Aï. Vois ! J’ai livré entre tes mains le roi d’Aï, son peuple, sa ville et son pays.

Prise d’Aï (1-29)

Ne crains point. Dieu est maintenant de nouveau avec lui.

Tous les gens de guerre : il s’agit de la conquête du pays tout entier. Cette expression ne doit cependant pas être prise à la lettre ; elle est simplement opposée à Josué 8.3. Le camp de Guilgal était naturellement gardé par une partie des troupes. Josué prend avec lui toutes celles qui restent disponibles.

2 Et tu traiteras Aï et son roi comme tu as traité Jéricho et son roi ; seulement vous garderez pour vous son butin et son bétail. Dresse une embuscade à la ville par derrière.

Deutéronome 20.14-18.

Une embuscade. Un stratagème n’est blâmable à la guerre que quand il contredit la foi jurée.

3 Et Josué se leva avec tous les gens de guerre pour monter contre Aï, et Josué choisit trente mille hommes vaillants et les fit partir de nuit ;

Trente mille hommes. Cela paraît beaucoup pour une simple embuscade ; Josué ne voulait pas s’exposer à un nouvel insuccès. La marche eut lieu de nuit.

4 et il leur donna cet ordre : Soyez sur vos gardes ! Vous qui serez en embuscade derrière la ville, ne vous éloignez pas beaucoup de la ville, et tous tenez-vous prêts.

Par derrière, c’est-à-dire du côté opposé à celui par lequel Josué devait faire un semblant d’attaque. Ce côté était celui du nord-est (verset 11). Cette grande embuscade devait donc être postée vers le sud-ouest de la ville, au sud du chemin qui conduisait d’Aï à Béthel ; l’hébreu n’a pas de terme pour désigner les directions intermédiaires entre les points cardinaux ; de là l’expression : à l’occident d’Aï (verset 9).

Tenez-vous prêts : afin d’agir immédiatement, à la vue du signal (verset 18).

5 Et moi et tout le peuple qui est avec moi, nous nous approcherons de la ville, et il arrivera qu’ils sortiront pour venir à notre rencontre comme la première fois, et nous fuirons devant eux. 6 Et ils sortiront pour nous poursuivre jusqu’à ce que nous les ayons attirés loin de la ville, car ils diront : Ils fuient devant nous, comme la première fois. Et nous fuirons devant eux. 7 Et vous, sortez de l’embuscade et emparez-vous de la ville : l’Éternel votre Dieu l’a livrée entre vos mains. 8 Et lorsque vous aurez pris la ville, vous la brûlerez. Vous agirez comme l’Éternel l’a commandé. Voyez : vous avez reçu mes ordres. 9 Et Josué les fit partir, et ils allèrent se placer en embuscade entre Béthel et Aï, à l’occident d’Aï. Mais Josué passa cette nuit au milieu du peuple.

Après avoir fait partir le corps de troupes, Josué resta encore cette nuit au camp de Guilgal avec le gros de l’armée.

10 Et le lendemain matin Josué passa le peuple en revue, et il monta contre Aï, lui et les Anciens d’Israël à la tête du peuple.

Le lendemain matin. Josué fait la revue du peuple et part à son tour ; il avait environ 20 km de chemin à faire ; il se campe au nord d’Aï, sur un plateau séparé de la ville par une vallée.

11 Et tous les gens de guerre qui étaient avec lui montèrent ; et ils s’avancèrent et vinrent en face de la ville ; et ils campèrent au nord d’Aï, la vallée s’étendant entre eux et Aï. 12 Et il prit environ cinq mille hommes et il les plaça en embuscade entre Béthel et Aï, à l’occident de la ville.

Il est bien évident qu’aux yeux du rédacteur de ce récit cette embuscade de cinq mille hommes que Josué détache maintenant de son corps d’armée n’est pas la même que celle des trente mille, envoyée la veille. Ce corps d’armée, moins considérable était sans doute destiné à agir contre Béthel à mesure que l’autre s’emparerait d’Aï. Car les habitants des deux villes voisines s’étaient ligués contre les Israélites, voir verset 17 ; voir aussi Josué 12.10, Josué 12.17, où il est parlé de la prise du roi de Béthel, qui n’est point mentionnée ici, mais qui a probablement eu lieu simultanément avec celle du roi d’Aï.

13 Et le peuple disposa tout le camp, qui était au nord de la ville, et son embuscade à l’occident de la ville, et Josué s’avança durant cette nuit au milieu de la vallée.

Son embuscade. Cette expression désigne le corps des cinq mille, détaché de l’armée en ce moment même.

À l’occident de la ville : ainsi aussi du côté de Béthel, mais du même côté que le gros de l’armée, par conséquent au nord du chemin qui conduit d’une ville à l’autre. Il faut se rappeler que le gros de l’armée devant prendre la fuite devant l’ennemi, il devait y avoir pour l’attaque immédiate des deux villes deux forces suffisantes.

14 Et lorsque le roi d’Aï vit cela, les hommes de la ville se hâtèrent le lendemain matin de sortir à la rencontre d’Israël pour le combattre, lui et tout son peuple, [se rassemblant] en un point convenu, au commencement de la plaine ; et il ne savait pas qu’une embuscade avait été dressée contre lui derrière la ville.

En un point convenu, au commencement de la plaine, c’est-à-dire sur le bord du versant qui descendait à la vallée par où arrivaient du nord les Israélites.

15 Et Josué et tout Israël se laissèrent battre par eux, et s’enfuirent par le chemin du désert. 16 Et tout le peuple qui était dans la ville fut assemblé à grands cris pour les poursuivre ; et ils poursuivirent Josué et furent attirés loin de la ville. 17 Et il ne resta dans Aï et dans Béthel aucun homme qui ne sortit pour poursuivre Israël ; ils laissèrent la ville ouverte et poursuivirent Israël.

Il n’y a que trois kilomètres entre ces deux localités ; le sort de l’une était donc inséparable de celui de l’autre.

18 Et l’Éternel dit à Josué : Étends contre Aï le javelot que tu as à la main, car je vais la livrer entre tes mains ; et Josué étendit contre la ville le javelot qu’il avait à la main. 19 Dès qu’il eut étendu sa main, les gens de l’embuscade se levèrent en hâte du lieu où ils étaient ; ils coururent, vinrent vers la ville et la prirent, et aussitôt ils mirent le feu à la ville.

Dès qu’il eut étendu… Il n’est point dit expressément que ce fut la vue de ce signal qui fit lever les gens de l’embuscade ; tout ce qui résulte du texte, c’est que les deux actes furent simultanés. Si malgré cela l’on veut voir dans l’un la cause déterminante de l’autre, il faut admettre que Josué se tenait sur une éminence d’où il pouvait être vu par les sentinelles avancées du corps d’embuscade placé au sud-ouest de la ville.

20 Et les hommes d’Aï se retournèrent et regardèrent ; et voici la fumée de la ville montait vers le ciel, et il n’y avait pour eux aucune possibilité de fuir ni d’un côté ni de l’autre, le peuple qui fuyait vers le désert s’étant retourné contre ceux qui le poursuivaient. 21 Et Josué et tout Israël, voyant que les gens de l’embuscade avaient pris la ville et que la fumée de la ville montait, firent volte-face et frappèrent les hommes d’Aï. 22 Et les autres sortirent de la ville à leur rencontre, et les hommes d’Aï furent enveloppés par les Israélites, par les uns d’un côté, par les autres de l’autre ; et ils les frappèrent au point qu’il ne leur resta ni survivant ni fugitif. 23 Et ils prirent vivant le roi d’Aï et l’amenèrent à Josué.

L’amenèrent à Josué. C’était l’ancien usage de conduire au général en chef les rois ou les généraux pris dans la bataille pour qu’il décidât de leur sort. Il assignait une récompense à ceux qui les lui amenaient.

24 Et lorsque Israël eut achevé de tuer tous les habitants d’Aï dans la campagne, dans le désert où ils l’avaient poursuivi, et que tous furent tombés sous le tranchant de l’épée jusqu’au dernier, tous les Israélites revinrent à Aï et ils la frappèrent au tranchant de l’épée. 25 Et tous ceux qui périrent en ce jour, tant hommes, que femmes, furent au nombre de douze mille, tous gens d’Aï.

Tous gens d’Aï ne signifie point qu’il n’y eut que les gens de cette ville qui furent tués, car nous savons par le verset 17 que la population de Béthel s’était mise tout entière avec celle d’Aï à la poursuite des Israélites. S’il n’est parlé dans ce chapitre que du sort d’Aï, c’est que ce récit est en rapport étroit avec celui de la défaite d’Israël devant cette ville à la suite de l’infidélité d’Acan.

26 Et Josué ne retira point sa main qu’il tenait étendue avec le javelot, jusqu’à ce qu’il eût traité à la façon de l’interdit tous les habitants d’Aï.

Exode 17.11-12.

27 Les Israélites prirent seulement pour eux le bétail et le butin de cette ville, conformément à l’ordre que l’Éternel avait donné à Josué.

Pour Jéricho on en avait usé autrement (verset 2).

28 Et Josué brûla Aï et en fit à jamais un monceau de ruines, ce qu’elle est encore aujourd’hui. 29 Quant au roi d’Aï, il le pendit à un arbre jusqu’au soir, et lorsque le soleil se coucha, Josué donna l’ordre d’enlever de l’arbre son cadavre, et ils le jetèrent à l’entrée de la porte de la ville, et ils élevèrent sur lui un grand amas de pierres qui subsiste encore aujourd’hui.

Comparez Deutéronome 21.22-23 et Josué 7.26.

Il est remarquable qu’après que Dieu avait ouvert lui-même la voie de la conquête par la prise miraculeuse de Jéricho, Israël doive se mettre à combattre lui-même en usant de toutes ses forces et de toute sa prudence. L’action divine ne se substitue point à l’activité humaine ; elle s’exerce seulement dans la mesure nécessaire pour éveiller et stimuler celle-ci.

Ce récit ne nous paraît point présenter les insolubles difficultés qu’on y a trouvées. On a souvent identifié les deux embuscades dont il est parlé au verset 3 et au verset 12, en admettant une erreur dans le chiffre de trente mille ou une contradiction provenant de la juxtaposition des narrations appartenant aux différents documents. Nous avons cru pouvoir rendre compte du récit tel que nous l’a livré le rédacteur du livre d’après les documents qu’il a employés ; lui-même comprenait sans doute le sens de ces documents mieux que nous ne pouvons le faire d’après les fragments qu’il nous en a transmis.

30 Alors Josué bâtit un autel à l’Éternel, le Dieu d’Israël, sur le mont Ebal,

Par les victoires qu’il venait de remporter, Israël s’était rapproché du cœur du pays de Canaan, la vallée de Sichem, où il lui avait été ordonné par Moïse de se réunir pour renouveler l’alliance sur le sol de la Terre promise. Une distance de 30 km environ sépare Aï de Sichem. On a objecté qu’une pareille cérémonie, amenait une interruption fâcheuse dans l’œuvre de la conquête et l’on a par cette raison attaqué ce récit comme invraisemblable. Mais si Josué eût attendu pour accomplir l’ordre positif de l’Éternel que la conquête fût terminée et que le peuple se fût dispersé, l’exécution de cet ordre aurait rencontré de bien plus grandes difficultés. On prétend que cette pointe au milieu d’un pays non encore soumis eût été une grande imprudence. Mais Israël possédait une très forte puissance militaire et il était précédé par la terreur qu’inspirait le nom de son Dieu. Enfin il est à remarquer qu’il n’y avait pas de ville forte entre Béthel et Sichem et que cette dernière ville n’avait pas de roi, ainsi qu’on peut le conclure de la liste des trente-et-un rois vaincus par Josué (chapitre 12), liste où ne figure pas de roi de Sichem.

31 selon l’ordre que Moïse, serviteur de l’Éternel, avait donné aux fils d’Israël, comme il est écrit dans le livre de la loi de Moïse, un autel de pierres brutes que l’on n’avait point taillées avec le fer. Et ils y offrirent des holocaustes à l’Éternel, et firent des sacrifices de reconnaissance.

Selon l’ordre. Voir Deutéronome 11.29 ; Deutéronome 27.1-8.

Pierres brutes : Exode 20.25.

32 Et il écrivit là sur des pierres une copie de la loi, que Moïse avait écrite en présence des enfants, d’Israël.

Une copie de la loi. Voir Deutéronome 27.3, note.

33 Et tout Israël, et ses Anciens, et ses officiers, et ses juges se tenaient debout des deux côtés de l’arche, en face des sacrificateurs lévitiques qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel, les étrangers aussi bien que les membres du peuple, une moitié du côté du mont Garizim, une moitié du côté du mont Ebal, selon l’ordre que Moïse, serviteur de l’Éternel, avait donné auparavant, de commencer par bénir le peuple d’Israël.

Tout Israël. Les Israélites avaient quitté Guilgal. Ils étaient habitués à ces marches.

34 Et ensuite, il lut toutes les paroles de la loi, la bénédiction et la malédiction, suivant tout ce qui est écrit dans le livre de la loi.

Il lut. Depuis les pentes du mont Ébal, je pouvais fort bien me faire comprendre de mes gens qui étaient dans la vallée et sur les pentes du Garizim. (Harper).

35 Et il n’y eut point de paroles, de tout ce que Moïse avait prescrit, que Josué ne lût en présence de toute l’assemblée d’Israël, des femmes, des enfants et des étrangers qui marchaient au milieu d’eux.