Verset à verset Double colonne
Les premiers mots de ce chapitre, Demandez à l’Éternel de la pluie, prouvent que Zacharie revient à son époque. Il s’adresse à ses contemporains qui l’entourent, pour les inviter à demander à l’Éternel les bénédictions actuelles au moyen desquelles seules Israël pourra, dans l’avenir, lui servir d’instrument pour opérer les grandes choses qui lui ont été promises au chapitre 9. Le prophète insiste surtout sur Éphraïm, parce que Juda était déjà en partie rétabli et qu’Éphraïm devait aussi avoir part à la restauration. Le chapitre se divise en trois morceaux :
Demandez à l’Éternel. L’Éternel promet, mais l’homme doit s’approprier la promesse et la lui présenter à son tour sous forme de prière.
De la pluie. Cette image de la bénédiction divine se rattache à celle par laquelle se terminait le tableau précédent (le froment et le moût, 9.17).
Au printemps. Littéralement : Au temps de la pluie de l’arrière-saison, c’est-à-dire de la saison qui précède immédiatement la moisson (dès avril ; Jérémie 5.24 ; Joël 2.23).
C’est l’Éternel qui fait… : non pas en ce moment, mais toujours.
De l’herbe. Comparez Psaumes 104.14.
Les théraphim : les idoles domestiques que l’on consultait comme des divinités protectrices. Voir Ézéchiel 21.26 ; Osée 3.4, notes. Les Hébreux les avaient apportées avec eux de Mésopotamie (Genèse 31.19). On prétend que, comme il n’en est plus parlé après la captivité, nous avons ici un indice de la composition de cette prophétie à une époque plus ancienne. Mais le sens de la prophétie est précisément l’inutilité complète dont a été pour le peuple, dans les temps précédents, l’adoration des théraphim : Leurs promesses ne vous ont servi de rien et n’ont point empêché les catastrophes qui vous ont frappés.
Les devins : ceux que le peuple consultait autrefois au temps de son idolâtrie et qui promettaient faussement la délivrance. Ce sont là les consolation frivoles dont parle la phrase suivante.
C’est pourquoi ils ont dû partir : les fils d’Israël qui, par un effet de leur confiance aux faux dieux, ont dû s’éloigner (littéralement décamper), pour s’en aller en exil. Il est difficile de voir quel sens auraient ces mots ont dû partir, prononcés longtemps avant la captivité d’Éphraïm ou de Juda.
Comme des brebis. Israël coupable, séparé de son Dieu qui s’était retiré de lui, a été comme un troupeau sans berger, qui erre en détresse.
Mais le temps du châtiment est passé. C’est sur les oppresseurs que le jugement tombera.
Les bergers et les boucs désignent ici les puissances païennes sous le joug desquelles est tombé Israël, après qu’il a perdu son vrai conducteur. Pour l’expression les boucs, comparez Ésaïe 14.9, où ce terme désigne les grands de la terre.
Je châtierai : littéralement, je visiterai contre.
Car l’Éternel visite. Le mot visite est pris ici dans un sens favorable, ce que le prophète fait sentir en retranchant la préposition contre. Comparez dans le Nouveau Testament Luc 1.68, etc. L’Éternel visite les ennemis par le châtiment, parce qu’il a visité son peuple dans son amour.
La maison de Juda. C’est par cette tribu que la délivrance commence.
Son cheval d’honneur : l’instrument principal de sa victoire.
De lui : de Juda. Juda, longtemps asservi, sera mis à la tête des nations. Cette position privilégiée est décrite par plusieurs images : la pierre angulaire, fondement de l’édifice ; le pieu central, qui sert de point d’appui à la tente toute entière ; l’arc, d’où partent les traits infaillibles que décoche Jéhova.
De lui viendront tous les chefs : les conducteurs futurs des nations ; littéralement oppresseurs, comme 9.8 ; seulement auparavant l’oppresseur était un chef étranger, régnant sur Israël, maintenant c’est l’inverse.
Piétinant dans la boue. On a vu dans cette boue, comme dans les pierres de fronde, l’image des ennemis foulés aux pieds. Nous pensons plutôt que c’est ici l’image d’une démarche fière qu’aucun obstacle n’arrête. Ces guerriers sont des fantassins qui attaquent hardiment la cavalerie ennemie dont parle la fin du verset. La cavalerie formait la principale force des armées étrangères, à cette époque (Daniel 11.40).
Je sauverai la maison de Joseph. Après que l’Éternel aura remporté la victoire par Juda, il délivrera aussi Éphraïm.
Comme si je ne les avais pas rejetés. On ne comprend pas comment le prophète eût parlé, de la sorte, si le peuple n’avait pas encore été rejeté.
Je sifflerai. C’est le signal du retour pour le peuple des dix tribus (comparez Ésaïe 5.26 ; 7.18).
Je les rassemblerai : de l’exil.
Nombreux autant qu’ils l’ont été. Le temps de la gloire apparaît donc en ce moment comme un temps complètement passé. Comment un prophète aurait-il parlé ainsi au temps où le royaume des dix tribus subsistait encore ? À quelque époque, sans doute, que l’on place cette prophétie sur le peuple des dix tribus il n’est pas facile d’en montrer l’accomplissement. Car une grande partie de ce peuple paraît s’être fondue avec les populations païennes au milieu desquelles il avait été déporté. Nous avons déjà traité de cette difficulté à la fin d’Osée et montré que cette promesse avait reçu un commencement d’accomplissement soit dans le rétablissement de la population galiléenne, soit dans le retour d’un certain nombre d’Israélites avec les membres de la tribu de Juda, qui revinrent en Judée et rebâtirent Jérusalem et le temple. Mais les termes du prophète paraissent avoir une portée plus générale et plus lointaine encore, quoiqu’il ne soit pas possible d’expliquer comment les restes des dix tribus pourront encore jouer un jour le rôle qui leur est promis. Cette prophétie relative à Éphraïm rentre dans la promesse de saint Paul : Tout Israël sera sauvé. Romains 11.26.
On traduit parfois : Quand je les sèmerai… ; mais la relation avec la promesse suivante, ils se souviendront de moi, montre qu’il s’agit de la même dispersion que celle qui était supposée déjà au verset 8. Le sens est donc, comme nous l’avons rendu dans la traduction : Quand je les aurai semés, c’est-à-dire dispersés. Plusieurs interprètes ont pris ce mot semés dans un sens favorable, soit pour dire que le peuple se multipliera comme les Israélites se multiplièrent en Égypte, soit pour dire qu’ils seront une semence de salut parmi les peuples. Mais les paroles suivantes : ils se souviendront de moi, supposent qu’il s’agit d’un état antérieur d’éloignement de Dieu et de châtiment. Comparez Lévitique chapitre 26.
Ils vivront : d’une nouvelle vie spirituelle.
De la terre d’Égypte…, d’Assyrie. Ce passage est l’un de ceux sur lesquels appuient le plus ceux qui placent la composition de cette prophétie avant la destruction du royaume des dix tribus. En effet, les prophètes de ce temps mentionnent souvent ces deux contrées comme celles d’où l’Éternel retirera son peuple (Osée 11.11 ; Ésaïe 27.13). Sans doute, l’Égypte ne peut être nommée dans ces passages que comme type permanent de la maison de servitude (Osée 9.3) ; et sous ce rapport, son nom peut figurer à toutes les époques de la prophétie pour désigner un état de captivité. Mais il n’en est pas ainsi de l’Assyrie ; c’était vers la fin du royaume des dix tribus le grand pays à citer comme terre de déportation, tandis qu ’après le temps de l’exil, c’est plutôt de la Babylonie qu’un prophète semblait devoir parler. Cependant même à l’époque de Zacharie, on pouvait fort bien citer encore l’Assyrie comme terre d’exil, puisque la grande majorité du peuple des dix tribus (c’est de lui surtout qu’il est question dans notre passage), n’était point revenue de la captivité assyrienne, tandis que l’édit de Cyrus avait de fait mis fin à l’exil babylonien.
Galaad… Liban. Ces deux localités sont choisies comme représentant les deux contrées appartenant aux dix tribus, situées des deux côtés du Jourdain.
Mer de détresse. Cette expression nous reporte au moment de la sortie d’Égypte, lorsque Israël, enfermé entre l’armée de Pharaon et la mer Rouge, se croyait déjà perdu (Exode 14.10).
Il frappera les flots. Israël est représenté comme frappant lui-même les flots du grand fleuve, le Nil (le fleuve), c’est-à-dire qu’il renversera sans peine tous les obstacles qui pourraient s’opposer à son rétablissement final. Ces obstacles sont figurés par les deux puissances qui l’avaient opprimé dans le passé : l’Égypte et l’Assyrie. L’ancienne Égypte et l’ancienne Assyrie, en vertu de ce qu’elles ont été dans le passé, servent à désigner la puissance dont Dieu affranchira son peuple à l’époque de la délivrance décrite par le prophète.