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Lamentations 1.11 Lemaîtstre de Sacy
§. 1. Le prophète pleure la désolation de Jérusalem
1 Après que le peuple d’Israël eut été mené en captivité et que Jérusalem fut demeurée entièrement déserte, le prophète Jérémie fondant en larmes s’assit, et fit ces lamentations sur Jérusalem, soupirant dans l’amertume de son cœur, et disant avec de grands cris : ( Aleph. ) Comment cette ville si pleine de peuple est-elle maintenant si solitaire et si désolée ? Ma maîtresse des nations est devenue comme veuve ; la reine des provinces a été assujettie au tribut. 2 ( Beth. ) Elle n’a point cessé de pleurer pendant la nuit, et ses joues sont trempées de larmes : de tous ceux qui lui étaient chers, il n’y en a pas un qui la console ; tous ses amis l’ont méprisée, et sont devenus ses ennemis. 3 ( Ghimel. ) La fille de Juda s’est retirée en d’autres pays, à cause de la servitude insupportable qui l’affligeait : elle a demeuré parmi les nations, et elle n’y a point trouvé de repos : tous ses persécuteurs se sont saisis d’elle dans son extrême douleur. 4 ( Daleth. ) Les rues de Sion pleurent, parce qu’il n’y a plus personne qui vienne à ses solennités : toutes ses portes sont détruites : ses prêtres ne font que gémir : ses vierges sont toutes défigurées de douleur ; et elle est plongée dans l’amertume. 5 ( Hé. ) Ses ennemis se sont élevés au-dessus d’elle ; ceux qui la haïssaient se sont enrichis, parce que le Seigneur l’a condamnée, à cause de la multitude de ses iniquités : ses petits enfants ont été emmenés captifs devant l’ennemi qui les chassait. 6 ( Vav. ) Tout ce que la fille de Sion avait de beau lui a été enlevé : ses princes sont devenus comme des béliers qui ne trouvent point de pâturage, et ils sont allés tout faibles et languissants devant l’ennemi qui les poursuivait. 7 ( Zaïn. ) Jérusalem s’est souvenue des jours de son affliction, de ses prévarications, et de tout ce qu’elle avait eu dans les siècles passés de plus désirable, lorsque son peuple tombait sous la main ennemie, sans qu’il y eût personne pour la secourir ; ses ennemis l’ont vue, et ils se sont moqués de ses jours de repos. 8 ( Cheth. ) Jérusalem a commis un grand péché : c’est pourquoi elle est devenue errante et vagabonde : tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, parce qu’ils ont vu son ignominie ; et elle a tourné son visage en arrière, en gémissant. 9 ( Teth. ) Ses souillures ont paru sur ses pieds, et elle ne s’est point souvenue de sa fin : elle a été prodigieusement abaissée, sans qu’elle ait de consolateur. Seigneur ! considérez mon affliction, parce que l’ennemi s’est élevé avec orgueil. 10 ( Jod. ) Les ennemis ont porté leurs mains à tout ce qu’elle avait de plus désirable : car elle a vu les nations entrer dans son sanctuaire, les nations au sujet desquelles vous aviez ordonné qu’elles n’entreraient jamais dans votre assemblée. 11 ( Caph. ) Tout son peuple est dans les gémissements, et cherche du pain : ils ont donné tout ce qu’ils avaient de plus précieux pour trouver de quoi soutenir leur vie : voyez, Seigneur ! et considérez l’avilissement où je suis réduite. 12 ( Lamed. ) Ô vous tous qui passez par le chemin ! considérez, et voyez s’il y a une douleur semblable à la mienne : car le Seigneur m’a traitée selon sa parole au jour de sa fureur, comme une vigne qu’on a vendangée. 13 ( Mem. ) Il a envoyé d’en haut un feu dans mes os, et il m’a châtiée : il a tendu un rets à mes pieds, et il m’a fait tomber en arrière : il m’a rendue toute désolée et tout épuisée de tristesse pendant tout le jour. 14 ( Noun. ) Le joug que m’ont attiré mes iniquités m’a accablée tout d’un coup : la main de Dieu en a fait comme des chaînes, qu’il m’a mises sur le cou : ma force a été affaiblie : le Seigneur m’a livrée à une main de laquelle je ne pourrai jamais me défaire. 15 ( Samech. ) Le Seigneur a retiré du milieu de mon peuple tout ce que j’avais d’hommes de cœur : il a fait venir contre moi le temps qu’il avait marqué pour réduire en poudre mes soldats choisis : le Seigneur a foulé lui-même le pressoir à l’égard de la vierge fille de Juda. 16 ( Aïn. ) C’est pour cela que je fonds en pleurs, et que mes yeux répandent des ruisseaux de larmes; parce que celui qui devait me consoler en me redonnant la vie, s’est retiré loin de moi : mes enfants sont perdus, parce que l’ennemi est devenu le plus fort. 17 ( Phé. ) Sion a étendu ses mains, et il n’y a eu personne pour la consoler : le Seigneur a ordonné aux ennemis de Jacob de venir l’attaquer de toutes parts : Jérusalem est devenue au milieu d’eux comme une femme souillée de ses impuretés. 18 ( Tsadé. ) Le Seigneur est juste, parce que je me suis attiré sa colère en désobéissant à sa parole : peuples, écoutez tous, je vous en conjure, et considérez ma douleur : mes vierges et mes jeunes hommes ont été menés en captivité. 19 ( Coph. ) J’ai appelé mes amis, et ils ont trompé mon espérance : mes prêtres et mes vieillards ont été consumes dans la ville lorsqu’ils voulaient chercher quelque nourriture pour soutenir leur vie. 20 ( Resh. ) Seigneur ! considérez que je suis dans l’affliction : mes entrailles sont émues, mon cœur est renversé dans moi-même, parce que je suis remplie d’amertume. L’épée tue mes enfants au dehors, et l’on voit au dedans de moi une image de la mort. 21 ( Shin. ) Ils ont su que je suis dans les gémissements, et il n’y a personne qui me console : tous mes ennemis ont appris mon malheur, et ils se réjouissent de ce que vous m’avez réduite en cet état : mais quand le jour sera arrivé auquel vous devez me consoler, ils deviendront semblables à moi. 22 ( Thau. ) Que tout le mal qu’ils ont commis se présente devant vous : traitez-les comme une vigne qu’on vendange, comme vous m’avez traitée à cause de toutes mes iniquités : car mes soupirs se redoublent sans cesse, et mon cœur est accablé de douleur.