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Job 10.13 Louis Segond 1910
1 Mon âme est dégoûtée de la vie ! Je donnerai cours à ma plainte, Je parlerai dans l’amertume de mon âme. 2 Je dis à Dieu : Ne me condamne pas ! Fais-moi savoir pourquoi tu me prends à partie ! 3 Te paraît-il bien de maltraiter, De repousser l’ouvrage de tes mains, Et de faire briller ta faveur sur le conseil des méchants ? 4 As-tu des yeux de chair, Vois-tu comme voit un homme ? 5 Tes jours sont-ils comme les jours de l’homme, Et tes années comme ses années, 6 Pour que tu recherches mon iniquité, Pour que tu t’enquières de mon péché, 7 Sachant bien que je ne suis pas coupable, Et que nul ne peut me délivrer de ta main ? 8 Tes mains m’ont formé, elles m’ont créé, Elles m’ont fait tout entier… Et tu me détruirais ! 9 Souviens-toi que tu m’as façonné comme de l’argile ; Voudrais-tu de nouveau me réduire en poussière ? 10 Ne m’as-tu pas coulé comme du lait ? Ne m’as-tu pas caillé comme du fromage ? 11 Tu m’as revêtu de peau et de chair, Tu m’as tissé d’os et de nerfs ; 12 Tu m’as accordé ta grâce avec la vie, Tu m’as conservé par tes soins et sous ta garde.13 Voici néanmoins ce que tu cachais dans ton cœur, Voici, je le sais, ce que tu as résolu en toi-même.14 Si je pèche, tu m’observes, Tu ne pardonnes pas mon iniquité. 15 Suis-je coupable, malheur à moi ! Suis-je innocent, je n’ose lever la tête, Rassasié de honte et absorbé dans ma misère. 16 Et si j’ose la lever, tu me poursuis comme un lion, Tu me frappes encore par des prodiges. 17 Tu m’opposes de nouveaux témoins, Tu multiplies tes fureurs contre moi, Tu m’assailles d’une succession de calamités. 18 Pourquoi m’as-tu fait sortir du sein de ma mère ? Je serais mort, et aucun œil ne m’aurait vu ; 19 Je serais comme si je n’eusse pas existé, Et j’aurais passé du ventre de ma mère au sépulcre. 20 Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il me laisse, Qu’il se retire de moi, et que je respire un peu, 21 Avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, Dans le pays des ténèbres et de l’ombre de la mort, 22 Pays d’une obscurité profonde, Où règnent l’ombre de la mort et la confusion, Et où la lumière est semblable aux ténèbres.