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Job 10.6 Lemaîtstre de Sacy
1 Ma vie m’est devenue ennuyeuse : je m’abandonnerai aux plaintes contre moi-même, je parlerai dans l’amertume de mon âme. 2 Je dirai à Dieu : Ne me condamnez pas ; faites-moi connaître pourquoi vous me traitez de la sorte. 3 Pourriez-vous vous plaire à me livrer à la calomnie, et à m’accabler, moi qui suis l’ouvrage de vos mains ? Pourriez-vous favoriser les mauvais desseins des impies ? 4 Avez-vous des yeux de chair, et regardez-vous les choses comme un homme les regarde ? 5 Vos jours sont-ils semblables aux jours de l’homme, et vos années sont-elles comme ses années,6 pour vous informer de mes iniquités, et faire une exacte recherche de mon péché ;7 et pour savoir que je n’ai rien fait d’impie, n’y ayant personne qui puisse me tirer d’entre vos mains ? 8 Ce sont vos mains, Seigneur ! qui m’ont formé ; ce sont elles qui ont arrangé tontes les parties de mon corps : et voudriez-vous après cela m’abîmer en un moment ? 9 Souvenez-vous, je vous prie, que vous m’avez fait comme un ouvrage d’argile ; et que dans peu de temps vous me réduirez en poudre. 10 Ne m’avez-vous pas fait d’abord comme un lait qui se caille, comme un lait qui s’épaissit et qui se durcit ? 11 Vous m’avez revêtu de peau et de chair, vous m’avez affermi d’os et de nerfs. 12 Vous m’avez donné la vie et comblé de bienfaits ; et la continuation de votre secours a conservé mon âme. 13 Quoique vous teniez toutes ces choses cachées en vous-même, je sais néanmoins que vous vous souvenez de tout. 14 Si j’ai péché, et si vous m’avez épargné sur l’heure, pourquoi ne permettez-vous pas que je sois au moins à présent purifié de mon iniquité ? 15 Si j’ai été méchant, malheur à moi ! et si je suis juste, je ne lèverai point la tête, étant accablé d’affliction et de misère. 16 Vous vous saisirez de moi à cause de mon orgueil, comme une lionne se saisit de sa proie, et vous me tourmenterez de nouveau d’une terrible manière. 17 Vous produisez contre moi des témoins, vous multipliez sur moi les_ effets de votre colère, et je suis assiégé de maux comme d’une armée. 18 Pourquoi m’avez-vous tiré du ventre de ma mère ? Plût à Dieu que je fusse mort, et que personne ne m’eût jamais vu ! 19 J’aurais été comme n’ayant point été, n’ayant fait que passer du sein de ma mère dans le tombeau. 20 Le peu de jours qui me restent, ne finira-t-il point bientôt ? Donnez-moi donc quelque relâche, afin que je puisse un peu respirer dans ma douleur : 21 avant que j’aille, sans espérance d’ aucun retour, en cette terre ténébreuse, couverte de l’obscurité de la mort ; 22 cette terre de misère et de ténèbres, où habite l’ombre de la mort, où tout est sans ordre, et dans une éternelle horreur.