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Job 30.4 Bible de Jérusalem
1 Et" maintenant, je suis la risée de gens qui sont plus jeunes que moi, et dont les pères étaient trop vils à mes yeux pour les mêler aux chiens de mon troupeau. 2 Aussi bien, la force de leurs mains m’eût été inutile : ils avaient perdu toute vigueur, 3 épuisée par la disette et la famine, car ils rongeaient les racines de la steppe, ce sombre lieu de ruine et de désolation ;4 ils cueillaient l’arroche sur le buisson faisaient leur pain des racines de genêt.5 Bannis de la société des hommes, qui les hue comme des voleurs, 6 ils logent au flanc des ravins, dans les grottes ou les crevasses du rocher. 7 Des buissons, on les entend braire, ils s’entassent sous les chardons. 8 Fils de vauriens, bien plus, d’hommes sans nom, ils sont rejetés par le pays. 9 Et maintenant, voilà qu’ils me chansonnent. Qu’ils font de moi leur fable ! 10 Saisis d’horreur, ils se tiennent à distance, devant moi, ils crachent sans retenue. 11 Et parce qu’il a détendu mon arc et m’a terrassé, ils rejettent la bride en ma présence. 12 Leur engeance surgit à ma droite, épie si je suis tranquille et fraie vers moi ses chemins sinistres. 13 Ils me ferment toute issue, en profitent pour me perdre et nul ne les arrête, 14 ils pénètrent comme par une large brèche et je suis roulé sous les décombres. 15 Les terreurs se tournent contre moi, mon assurance est chassée comme par le vent, mon espoir de salut disparaît comme un nuage. 16 Et maintenant, la vie en moi s’écoule, les jours de peine m’ont saisi. 17 La nuit, le mal perce mes os et mes rongeurs ne dorment pas. 18 Avec violence il m’a pris par le vêtement, serré au col de ma tunique. 19 Il m’a jeté dans la boue, je suis comme poussière et cendre. 20 Je crie vers Toi et tu ne réponds pas ; je me présente sans que tu me remarques. 21 Tu es devenu cruel à mon égard, ta main vigoureuse sur moi s’acharne. 22 Tu m’emportes à cheval sur le vent et tu me dissous dans une tempête. 23 Oui, je sais que tu me fais retourner vers la mort, vers le rendez-vous de tout vivant. 24 Pourtant, ai-je porté la main sur le pauvre, quand, dans sa détresse, il réclamait justice ? 25 N’ai-je pas pleuré sur celui dont la vie est pénible, éprouvé de la pitié pour l’indigent ? 26 J’espérais le bonheur, et le malheur est venu ; j’attendais la lumière : voici l’obscurité. 27 Mes entrailles bouillonnent sans relâche, les jours de souffrance m’ont atteint. 28 Si je m’avance l’air sombre, nul ne me console, si je me dresse dans l’assemblée, c’est pour crier. 29 Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches. 30 Ma peau sur moi s’est noircie, mes os sont brûlés par la fièvre. 31 Ma harpe est accordée aux chants de deuil, ma flûte à la voix des pleureurs.