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2 Samuel 19.42 Amiot & Tamisier
DAVID SE FAIT VOIR AU PEUPLE — LA TRIBU DE JUDA RAMÈNE DAVID À JÉRUSALEM — IL PARDONNE À SÉMÉI — IL REÇOIT MIPHIBOSETH — BERZELLAÏ, TROP ÂGÉ POUR LE SUIVRE, LUI LAISSE SON FILS CHAMAAM — MURMURES D’ISRAËL ET DURE RÉPONSE DE JUDA
1 Le roi, étant donc saisi de douleur, monta à la chambre qui était au-dessus de la porte et se mit à pleurer. Et il disait en se promenant : Mon fils Absalom ! Absalom, mon fils ! Que ne puis-je donner ma vie pour la tienne ! Mon fils Absalom, Absalom, mon fils ! 2 En même temps, on avertit Joab que le roi était en larmes, et qu’il pleurait son fils ; 3 et la victoire fut changée en deuil dans toute l’armée, parce que tout le peuple sut que le roi était affligé de la mort d’Absalom. 4 Les troupes entrèrent dans la ville sans bruit et sans oser presque se montrer, comme une armée qui aurait été défaite et mise en fuite dans une bataille. 5 Le roi, cependant, s’étant couvert la tête, criait à haute voix : Mon fils Absalom ! Absalom, mon fils, mon fils ! 6 Joab, étant entré au lieu où était le roi, lui dit : Vous avez aujourd’hui couvert de confusion tous les serviteurs qui vous ont sauvé la vie, et qui l’ont sauvée à vos fils et à vos filles, à vos femmes et à vos concubines. 7 Vous aimez ceux qui vous haïssent et vous haïssez ceux qui vous aiment. Vous avez fait voir aujourd’hui que vous ne vous mettez nullement en peine ni de vos officiers ni de vos soldats ; et je vois fort bien que si Absalom vivait et que nous eussions tous été tués, vous seriez content. 8 Venez donc présentement vous montrer à vos serviteurs ; parlez-leur et témoignez-leur la satisfaction que vous avez d’eux ; car je vous jure par le Seigneur que si vous ne le faites, vous n’aurez pas cette nuit un seul homme auprès de vous, et vous vous trouverez dans un plus grand péril que vous n’avez jamais été, depuis les premières années de votre vie jusqu’à aujourd’hui. 9 Le roi alla donc s’asseoir à la porte de la ville ; et le peuple, ayant été averti qu’il était là, tout le monde vint se présenter devant lui. Cependant, comme après la fuite des troupes d’Israël chacun s’était retiré chez soi, 10 le peuple dans toutes les tribus s’entre-disait à l’envi l’un à l’autre : Le roi nous a délivré de nos ennemis ; il nous a sauvés de la main des Philistins ; il a été contraint de fuir hors de son pays, à cause du soulèvement d’Absalom. 11 Absalom que nous avions sacré roi est mort dans le combat ; qu’attendez-vous donc, et pourquoi ne faites-vous point revenir le roi ? 12 Le roi David, ayant été averti de cette bonne volonté que tout Israël avait pour lui, envoya dire aux prêtres Sadoc et Abiathar : Parlez aux anciens de Juda, et dites-leur : Pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi en sa maison ? 13 Vous êtes mes frères, vous êtes mes os et ma chair ; pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi ? 14 Dites aussi à Amasa : N’êtes-vous pas mes os et ma chair ? Que Dieu me traite avec toute sa sévérité, si je ne vous fais pour toujours général de mon armée, à la place de Joab ! 15 Il gagna ainsi le cœur de tous ceux de Juda, qui tous unanimement lui envoyèrent dire : Revenez, vous, et tous ceux qui sont demeuré attachés à votre service. 16 Le roi revint donc et s’avança jusqu’au Jourdain, et tout Juda vint au-devant de lui jusqu’à Galgala, pour lui faire passer le fleuve. 17 Or, Séméi, de Bahurim, fils de Géra, de la tribu de Benjamin, vint en toute hâte avec ceux de Juda au-devant du roi David, suivi de mille hommes de Benjamin. 18 Siba, serviteur de la maison de Saül, y vint aussi avec ses quinze fils et vingt serviteurs. Ils se hâtèrent sur le Jourdain au-devant du roi. 19 Ils le traversèrent à gué pour faire passer toute la maison du roi et pour faire tout ce qu’il commanderait. Lorsque le roi allait passer le Jourdain, Séméi, fils de Géra, se prosternant devant lui, lui dit : 20 Ne me traitez point selon mon iniquité, mon seigneur, oubliez les injures que vous avez reçues de votre serviteur le jour où vous sortîtes de Jérusalem, et que votre cœur, ô mon seigneur et mon roi ! n’en conserve point de ressentiment. 21 Car je reconnais le crime que j’ai commis : c’est pourquoi je suis venu, le premier de toute la maison de Joseph, au-devant de mon seigneur et de mon roi. 22 Abisaï, fils de Sarvia, dit alors ; Ces paroles suffiront-elles donc pour sauver la vie à Séméi, après qu’il a maudit l’oint du Seigneur ? 23 Mais David répondit à Abisaï : Qu’y a-t-il entre vous et moi, enfants de Sarvia ? Pourquoi devenez-vous aujourd’hui mes adversaires ? Est-ce ici un jour à faire mourir un Israélite ? et puis-je ignorer que je deviens aujourd’hui roi d’Israël ? 24 Alors il dit à Séméi : Vous ne mourrez point ; et il le lui jura. 25 Miphiboseth, fils de Saül, vint aussi au-devant du roi. Depuis le jour où David était sorti de Jérusalem jusqu’à celui-ci où il revenait en paix, il n’avait ni lavé ses pieds, ni rasé sa barbe, ni pris aucun soin de ses vêtements. 26 Étant donc venu faire la révérence au roi à Jérusalem, le roi lui dit : Miphiboseth, pourquoi n’êtes-vous point venu avec moi ? 27 Miphiboseth lui répondit : Mon seigneur et mon roi, mon serviteur n’a pas voulu m’obéir ; car étant incommodé des jambes comme je le suis, je lui avais dit de me préparer un âne pour vous suivre. 28 Et au lieu de le faire, il est venu m’accuser devant mon seigneur. Mais pour vous, ô mon seigneur et mon roi, vous êtes comme un ange de Dieu ; faites de moi tout ce qu’il vous plaira. 29 Car au lieu que vous pourriez traiter toute la maison de mon père comme digne de mort, vous m’avez donné place à votre table. De quoi donc pourrais-je me plaindre avec quelque injustice ? et quel sujet aurais-je de vous importuner encore ? 30 Le roi lui répondit : C’est assez, n’en dites pas davantage ; ce que j’ai ordonné subsistera. Vous et Siba, partagez le bien. 31 Miphiboseth répondit au roi : Je veux bien même qu’il ait tout, puisque je vois mon seigneur et mon roi revenu heureusement en sa maison. 32 Berzellaï, de Galaad, étant venu de Rogelim, accompagna aussi le roi à son passage du Jourdain ; et il était prêt à le conduire encore au-delà du fleuve. 33 C’était un homme fort vieux, qui avait déjà quatre-vingts ans. Il avait fourni des vivres au roi lorsqu’il était à Mahanaïm, car il était extrêmement riche. 34 Le roi lui dit donc : Venez avec moi, afin que vous viviez en repos auprès de moi dans Jérusalem. 35 Berzellaï dit au roi : Suis-je maintenant en âge d’aller avec le roi à Jérusalem ? 36 Ayant, comme j’ai, quatre-vingts ans, peut-il me rester quelque vigueur dans les sens pour discerner ce qui est doux d’avec ce qui est amer ? Puis-je trouver quelque plaisir à boire et à manger, ou à entendre la voix des musiciens et des musiciennes ? Pourquoi votre serviteur serait-il à charge à mon seigneur et à mon roi ? 37 Je vous suivrai encore un peu, après avoir passé le Jourdain ; mais pourquoi le roi m’accorderait-il cette récompense ? 38 Permettez-moi seulement de m’en retourner, afin que je meure dans mon pays et que je sois enseveli auprès de mon père et de ma mère. Mais, mon seigneur et mon roi, voilà mon fils Chamaam, votre serviteur, que vous pouvez emmener avec vous, et faites de lui ce qu’il vous plaira. 39 Le roi dit à Berzellaï : Que Chamaam passe avec moi ; je ferai pour lui tout ce que vous voudrez, et je vous accorderai tout ce que vous me demanderez. 40 Le roi passa ensuite le Jourdain avec tout le peuple ; il baisa Barzellaï et lui souhaita les bénédictions du ciel ; et Berzellaï retourna en sa maison. 41 Le roi passa à Galgala, et Chamaam avec lui. Lorsque le roi passa le Jourdain, il fut accompagné de toute la tribu de Juda, et il ne s’y trouva que la moitié du peuple d’Israël. 42 Tous ceux d’Israël s’adressèrent donc en foule au roi, et lui dirent : Pourquoi nos frères de Juda nous ont-ils enlevé le roi sans nous attendre, avant de lui faire passer le Jourdain, avec toute sa maison et toute sa suite ? 43 Tous ceux de Juda leur répondirent : C’est que le roi nous touche de plus près ; quel sujet avez-vous de vous fâcher ? Avons-nous vécu aux dépens du roi, ou nous a-t-on donné quelque chose ? 44 Ceux d’Israël leur répondirent : Le roi nous appartient dix fois autant ; et même David nous appartient plus qu’à vous. Pourquoi nous avez-vous fait cette injure, et n’avons-nous pas été les premiers à proposer de ramener notre roi ? Et ceux de Juda répondirent plus durement à ceux d’Israël.