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Actes 27.23 Lemaîtstre de Sacy
1 Après qu’il eut été résolu que Paul irait par mer en Italie, et qu’on le mettrait avec d’autres prisonniers entre les mains d’un nomme Jules, centenier dans une cohorte de la légion appelée Auguste, 2 nous montâmes sur un vaisseau d’Adrumète, et nous levâmes l’ancre pour aller côtoyer les terres d’Asie ; ayant avec nous Aristarque, Macédonien, de Thessalonique. 3 Le jour suivant nous arrivâmes à Sidon ; et Jules traitant Paul avec humanité, lui permit d’aller voir ses amis, et de pourvoir lui-même à ses besoins. 4 Étant partis de là, nous prîmes notre route au-dessous de Cypre, parce que les vents étaient contraires. 5 Et après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à Lystre de Lycie ; 6 où le centenier ayant trouvé un vaisseau d’Alexandrie, qui faisait voile en Italie, il nous y fit embarquer. 7 Nous allâmes fort lentement pendant plusieurs jours, et nous arrivâmes avec grande difficulté vis-à-vis de Gnide ; et parce que le vent nous empêchait d’avancer, nous côtoyâmes l’île de Crète, vers Salmone. 8 Et allant avec peine le long de la côte, nous abordâmes a un lieu nommé Bons-Ports, près duquel était la ville de Thalasse. 9 Mais parce que beaucoup de temps s’était écoulé, et que la navigation devenait périlleuse, le temps du jeûne étant déjà passé, Paul donna cet avis à ceux qui nous conduisaient : 10 Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation va devenir très-fâcheuse et pleine de péril, non-seulement pour le vaisseau et sa charge, mais aussi pour nos personnes et nos vies. 11 Mais le centenier ajoutait plus de foi aux avis du pilote et du maître du vaisseau, qu’à ce que disait Paul. 12 Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart furent d’avis de se remettre en mer, pour tâcher de gagner Phénice, qui est un port de Crète, qui regarde les vents du couchant d’hiver et d’été, afin d’y passer l’hiver. 13 Le vent du midi commençant à souffler doucement, ils pensèrent qu’ils viendraient à bout de leur dessein ; et ayant levé l’ancre d’Asson, ils côtoyèrent de près l’île de Crète. 14 Mais il se leva peu après un vent impétueux d’entre le levant et le nord, qui donnait contre l’île ; 15 et comme il emportait le vaisseau, sans que nous pussions y résister, on le laissa aller au gré du vent. 16 Nous fûmes poussés au-dessous d’une petite île, appelée Caude, où nous pûmes à peine être maîtres de l’esquif. 17 Mais l’ayant enfin tiré à nous, les matelots employèrent toutes sortes de moyens, et lièrent le vaisseau par-dessous, craignant d’être jetés sur des bancs de sable ; ils abaissèrent le mât, et s’abandonnèrent ainsi à la mer. 18 Et comme nous étions rudement battus de la tempête, le jour suivant ils jetèrent les marchandises dans la mer. 19 Trois jours après, ils y jetèrent aussi de leurs propres mains les agrès du vaisseau. 20 Le soleil ni les étoiles ne parurent point durant plusieurs jours ; et la tempête était toujours si violente, que nous perdîmes toute espérance de nous sauver. 21 Mais parce qu’il y avait longtemps que personne n’avait mangé, Paul se leva au milieu d’eux, et leur dit : Sans doute, mes amis, vous eussiez mieux fait de me croire, et de ne point partir de Crète, pour nous épargner tant de peine et une si grande perte. 22 Je vous exhorte néanmoins à avoir bon courage ; parce que personne ne périra, et il n’y aura que le vaisseau de perdu.23 Car cette nuit même, un ange du Dieu à qui je suis, et que je sers, m’a apparu,24 et m’a dit : Paul, ne craignez point : il faut que vous comparaissiez devant César ; et je vous annonce que Dieu vous a donné tous ceux qui naviguent avec vous. 25 C’est pourquoi, mes amis, ayez bon courage : car j’ai cette confiance en Dieu, que ce qui m’a été dit arrivera. 26 Mais nous devons être jetés contre une certaine île. 27 La quatorzième nuit, comme nous naviguions sur la mer Adriatique, les matelots crurent vers le minuit qu’ils approchaient de quelque terre. 28 Et ayant jete la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; et un peu plus loin, ils n’en trouvèrent que quinze. 29 Alors craignant que nous n’allassions donner contre quelque écueil, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, et ils attendaient avec impatience que le jour vînt. 30 Or, comme les matelots cherchaient à s’enfuir du vaisseau, et qu’ils descendaient l’esquif en mer, sous prétexte d’aller jeter des ancres du côté de la proue, 31 Paul dit au centenier et aux soldats : Si ces gens-ci ne demeurent dans le vaisseau, vous ne pouvez vous sauver. 32 Alors les soldats coupèrent les câbles de l’esquif, et le laissèrent tomber. 33 Sur le point du jour, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, en leur disant : Il y a aujourd’hui quatorze jours que vous êtes à jeun, et que vous n’avez rien pris, en attendant la fin de la tempête. 34 C’est pourquoi je vous exhorte à prendre de la nourriture pour pouvoir vous sauver : car il ne tombera pas un seul cheveu de la tête d’aucun de vous. 35 Après avoir dit cela, il prit du pain, et ayant rendu grâces à Dieu devant tous, il le rompit, et commença à manger. 36 Tous les autres prirent courage à son exemple, et se mirent aussi à manger. 37 Or nous étions dans le vaisseau deux cent soixante et seize personnes en tout. 38 Quand ils furent rassasiés, ils soulagèrent le vaisseau en jetant le blé dans la mer. 39 Le jour étant venu, ils ne reconnurent point quelle terre c’était ; mais ils aperçurent un golfe où il y avait un rivage, et ils résolurent d’y faire échouer le vaisseau, s’ils pouvaient. 40 Ils retirèrent les ancres, et lâchèrent en même temps les attaches des gouvernails ; et s’abandonnant à la mer, après avoir mis la voile de l’artimon au vent, ils tiraient vers le rivage. 41 Mais ayant rencontré une langue de terre qui avait la mer des deux côtés, ils y firent échouer le vaisseau ; et la proue s’y étant enfoncée, demeurait immobile ; mais la poupe se rompait par la violence des vagues. 42 Les soldats étaient d’avis de tuer les prisonniers ; de peur que quelqu’un d’eux s’étant sauvé à la nage, ne s’enfuît. 43 Mais le centenier les en empêcha, parce qu’il voulait conserver Paul ; et il commanda que ceux qui pouvaient nager, se jetassent les premiers hors du vaisseau, et se sauvassent à terre. 44 Les autres se mirent sur des planches, ou sur des pièces du vaisseau. Et ainsi ils gagnèrent tous la terre, et se sauvèrent.