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Jean 4.50 Lemaîtstre de Sacy
1 Jésus ayant donc su que les pharisiens avaient appris qu’il faisait plus de disciples, et baptisait plus de personnes que Jean, 2 (quoique Jésus ne baptisât pas lui-même, mais ses disciples), 3 il quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée. 4 Et comme il fallait qu’il passât par la Samarie, 5 il vint en une ville de Samarie, nommée Sichar, près de l’héritage que Jacob donna à son fils Joseph. 6 Or il y avait là un puits qu’on appelait la fontaine de Jacob. Et Jésus étant fatigué du chemin, s’assit sur cette fontaine pour se reposer. Il était environ la sixième heure au jour. 7 Il vint alors une femme de Samarie pour tirer de l’eau. Jésus lui dit : Donnez-moi à boire. 8 Car ses disciples étaient allés à la ville, pour acheter à manger. 9 Mais cette femme samaritaine lui dit : Comment vous qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine ? Car les Juifs n’ont point de commerce avec les Samaritains. 10 Jésus lui répondit : Si vous connaissiez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit, Donnez-moi à boire ; vous lui en auriez peut-être demandé vous-même, et il vous aurait donné de l’eau vive. 11 Cette femme lui dit : Seigneur ! vous n’avez pas de quoi en puiser, et le puits est profond : d’où auriez-vous donc de l’eau vive ? 12 Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ? 13 Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau, aura encore soif : au lieu que celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura jamais soif ; 14 mais l’eau que je lui donnerai, deviendra en lui une fontaine d’eau qui rejaillira jusque dans la vie éternelle. 15 Cette femme lui dit : Seigneur ! donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en tirer. 16 Jésus lui dit : Allez, appelez votre mari, et venez ici. 17 Cette femme lui répondit : Je n’ai point de mari. Jésus lui dit : Vous avez raison de dire que vous n’avez point de mari : 18 car vous avez eu cinq maris, et maintenant celui que vous avez n’est pas votre mari : vous avez dit vrai en cela. 19 Cette femme lui dit : Seigneur ! je vois bien que vous êtes un prophète. 20 Nos pères ont adoré sur cette montagne ; et vous autres, vous dites que c’est dans Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer. 21 Jésus lui dit : Femme, croyez en moi : le temps va venir que ce ne sera plus uniquement sur cette montagne, ni dans Jérusalem, que vous adorerez le Père. 22 Vous adorez ce que vous ne connaissez point : pour nous, nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs. 23 Mais le temps vient, et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité : car ce sont là les adorateurs que le Père cherche. 24 Dieu est esprit ; et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité. 25 Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie (c’est-à-dire, le Christ) doit venir : lors donc qu’il sera venu, il nous annoncera toutes choses. 26 Jésus lui dit : C’est moi-même qui vous parle. 27 En même temps ses disciples arrivèrent, et ils s’étonnaient de ce qu’il parlait avec une femme. Néanmoins nul ne lui dit : Que lui demandez-vous ? ou, D’où vient que vous parlez avec elle ? 28 Cette femme cependant laissant là sa cruche, s’en retourna à la ville, et commença à dire à tout le monde : 29 Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai jamais fait. Ne serait-ce point le Christ ? 30 Ils sortirent donc de la ville, et vinrent le trouver. 31 Cependant ses disciples le priaient de prendre quelque chose, en lui disant : Maître ! mangez. 32 Et il leur dit : J’ai une nourriture à prendre que vous ne connaissez pas. 33 Les disciples se disaient donc l’un à l’autre : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? 34 Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envové, et d’accomplir son œuvre. 35 Ne dites-vous pas vous-mêmes, que dans quatre mois la moisson viendra ? Mais moi, je vous dis : Levez vos yeux, et considérez les campagnes qui sont déjà blanches et prêtes à moissonner : 36 et celui qui moissonne reçoit la récompense, et amasse les fruits pour la vie éternelle ; afin que celui qui sème soit dans la joie, aussi bien que celui qui moissonne. 37 Car ce que l’on dit d’ordinaire, est vrai en cette rencontre : que l’un sème, et l’autre moissonne. 38 Je vous ai envoyés moissonner ce qui n’est pas venu par votre travail : d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leurs travaux. 39 Or il y eut beaucoup de Samaritains de cette ville-là qui crurent en lui sur le rapport de cette femme, qui les assurait qu’il lui avait dit tout ce qu’elle avait jamais fait. 40 Les Samaritains étant donc venus le trouver, le prièrent de demeurer chez eux ; et il y demeura deux jours. 41 Et il y en eut beaucoup plus qui crurent en lui, pour l’avoir entendu parler ; 42 de sorte qu’ils disaient à cette femme : Ce n’est plus sur ce que vous nous en avez dit que nous croyons en lui : car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. 43 Deux jours après, il sortit de ce lieu, et s’en alla en Galilée : 44 car Jésus témoigna lui-même, qu’un prophète n’est point honoré dans son pays. 45 Étant donc revenu en Galilée, les Galiléens le reçurent avec joie, parce qu’ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem au jour de la fête : car ils avaient aussi été eux-mêmes à cette fête. 46 Jésus vint donc de nouveau à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Or il y avait un officier dont le fils était malade à Capharnaüm. 47 Cet officier ayant appris que Jésus venait de Judée en Galilée, alla le trouver, et le pria de vouloir venir pour guérir son fils qui était près de mourir. 48 Jésus lui dit : Si vous ne voyez vous autres des miracles et des prodiges, vous ne croyez point. 49 Cet officier lui dit : Seigneur ! venez avant que mon fils meure.50 Jésus lui dit : Allez ; votre fils se porte bien. Il crut à la parole que Jésus lui avait dite, et s’en alla.51 Et comme il était en chemin, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, et lui dirent : Votre fils se porte bien. 52 Et s’étant informé de l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux, ils lui repondirent : Hier, à la septième heure du jour, la fièvre le quitta. 53 Son père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui avait dit : Votre fils se porte bien. Et il crut, lui et toute sa famille. 54 Ce fut là le second miracle que Jésus fit, étant revenu de Judée en Galilée.